Par Armandine Castillon

Assia Labbas et Vincent Manilève sont deux jeunes journalistes qui viennent tout juste d’entrer dans la profession. Leur particularité ? Ils ne sont pas passés par les fameuses grandes écoles. Et pourtant, lorsque l’on évoque le journalisme, on pense très souvent aux grandes écoles qui permettent de s’y former. Cela est d’autant plus vrai que les écoles reconnues paraissent souvent la seule voie d’accès au métier. C’est ainsi qu’en juin dernier, Le Figaro étudiant publiait son propre palmarès des écoles de journalisme. Sans surprise, l’ESJ Lille, le CFJ Paris et Sciences-Po Paris figurent dans le haut du classement (selon les propres critères de la rédaction du média). Si figurent dans le palmarès des écoles privées non reconnues, les formations universitaires sont totalement absentes. L’université n’est pourtant pas fermée à la profession. Dans un article pour Le Figaro, le directeur de la rédaction de Famille Chrétienne Aymeric Pourbaix déclarait : « Dans les écoles, je trouve souvent que les élèves sont très formatés, ce qui fait que les journalistes pensent tous pareil… ». Des universités proposent ainsi des cursus autres que les traditionnelles écoles reconnues. C’est notamment le cas de l’université Cergy-Pontoise qui propose sur son site de Gennevilliers un master de journalisme préparé en deux ans, avec la possibilité de poursuivre le cursus avec un contrat de professionnalisation en deuxième année. Ouverte en 2012 par Jean-Claude Lescure, cette formation a d’ores et déjà un retour sur ce que sont devenus les élèves de la première promotion. Deux « anciens », Assia Labbas et Vincent Manilève, ont déjà un beau parcours à leur actif. Tous deux ont trouvé un emploi suite à un stage. Assia Labbas travaille désormais chez la société de production Outside Films, avec qui elle a notamment monté le webdocumentaire « 24 heures du JT : les coulisses du Grand Soir 3 », commandé par France télévisions. Pour sa part, Vincent Manilève fait partie des quelques rédacteurs du pureplayer Slate. Spécialisé sur la culture web, les réseaux sociaux et les médias en ligne, il admet avoir eu cette opportunité en étant « là au bon endroit au bon moment ».

Les écoles reconnues ont, certes, des partenariats avec des médias, mais cela ne veut pas dire que les autres étudiants ne pourront pas trouver de stage. Ces deux anciens étudiants de Gennevilliers ont ainsi une belle liste de stages effectués durant leurs études. Assia Labbas est passée par l’édition du Val d’Oise du Parisien, auFeminin.com, au Bondy Blog, à Magnéto Presse, chez Vanity Fair France et a été editorial assistant pendant dix mois pour le New York Times en France puis sept mois à Londres en tant que news assistant dans ce même journal. Vincent Manilève a quant à lui fait des stages à Mediapart, Le Figaro, La Gazette du Val d’Oise et à l’Institut National de l’Audiovisuel.

Les anciens étudiants en journalisme insistent sur le fait que leur formation n’était pas le critère principal d’embauche. Vincent affirme qu’« à aucun moment l’école d’où je venais n’a eu de l’importance ». Selon lui, la formation web reste même assez minime dans les écoles de journalisme, qui n’ont pas encore pris conscience de l’importance de Twitter notamment. Pour Assia, c’est davantage l’expérience qui intéressait les journalistes rencontrés et rappelle que tous les journalistes ne sortent pas forcément des écoles reconnues. Il faudrait donc oublier le lieu commun selon lequel le journalisme s’enseigne uniquement dans des écoles. Certaines facultés proposent notamment des masters de journalisme plus spécialisés, tels que le master de journalisme culturel de Paris X, le master professionnel de journalisme juridique d’Aix-Marseille (en partenariat avec l’École de Journalisme de Toulouse) ou encore le parcours journalisme scientifique du Master Cinéma, Documentaire et Médias de l’université Paris Diderot. Des formations universitaires peuvent donc tout aussi bien mener au métier – très couru – de journaliste.