Dans le cadre du cours « Médias et controverses », animé par Romain Badouard, les étudiants du master journalisme de l’Université de Cergy-Pontoise réalisent des enquêtes portant sur le cadrage médiatique de sujets d’actualité. L’enjeu est de produire, à la croisée des méthodes journalistiques et sociologiques, une analyse de la manière dont les médias animent le débat public autour de questions de société particulièrement sensibles. Les étudiants réalisent ainsi des entretiens avec les acteurs de la controverse et les journalistes qui la couvrent, étudient des corpus de données, produisent des infographies, des vidéos, mobilisent des ressources diverses dont ils proposent une analyse sous la forme d’un webdoc.

Les enquêtes publiées en 2016 portent sur trois sujet différents :

« Complosphère » / « Fachosphère » : les laisons dangereuses 

Par Alexandre Foatelli, Lloyd Chery et Marine Raut

Un des grands changements portés par internet a trait à la manière dont il permet à tout individu connecté de produire et publier des informations. Sur le web et les réseaux sociaux, les internautes discutent de l’actualité, proposent leur propre vision des événements, construisent des cadrages alternatifs et cherchent à mettre à l’agenda des thématiques peu traitées dans les médias dits « traditionnels ». Dans cette polyphonie de voix qui cherchent à se faire entendre, des réseaux structurés diffusent des informations fausses ou non vérifiées, des rumeurs, des théories du complot, dont le but est de véhiculer une vision ésotérique et anxiogène du monde politique et des relations sociales. Parallèlement, les sites d’extrême-droite sont en forte croissance sur le web français, au point d’en devenir la deuxième force politique. Ces sites ont intérêt à véhiculer des rumeurs et des théories du complot afin d’étendre leurs audiences en touchant de nouveaux publics. Quels sont les points de rencontre entre sites complotistes et d’extrême-droite sur internet? Quelles sont leurs stratégies de production et de diffusion d’informations? Comment les journalistes et les pouvoirs publics réagissent-ils face à ce phénomène? Des rumeurs politiques à la théorie du « grand remplacement », cette enquête mobilise professionnels des médias, chercheurs et associatifs afin de décrire les enjeux de cette nouvelle guerre de l’information sur internet.

Les mots du terrorisme : de l’importance de la sémantique en période de crise

Par Laure Blachier, Nina Di Battista, Thomas Le Hetet et Maxime Grimbert

L’actualité de l’année 2015 a été marquée par une série d’attentats en France. Ces événements hors du commun génèrent une série de questionnements dans les rédactions : comment mettre à distance l’émotion légitime qui en découle pour en proposer un traitement journalistique? Comment qualifier les attentats et ceux qui les commettent? Quelle attitude adopter face aux décisions des pouvoirs publics? Les mots ne sont pas neutres : ils intègrent une certaine vision du problème qu’ils désignent et des solutions qui pourraient y être apportés. Doit-on parler d’attaques, qui nécessitent une riposte armée, ou de massacres, qui impliquent une réponse en termes d’aide et de secours? Les terroristes sont-ils des combattants ou des barbares? La France est-elle actrice d’une guerre internationale ou victime d’actes isolés? L’enquête interroge chercheurs, sémiologues, communicants et journalistes sur les enjeux du choix des mots en situation de crise.

Comment les médias français traitent-ils le conflit israélo-palestinien? 

par Clément Barbet, Margaux Mazellier, Léa Sabourin et Clémentine Spiler

Le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien est un sujet particulièrement sensible en France. Parce que l’hexagone comprend les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe, les rebondissements du conflit au Proche-Orient sont appréhendés à partir des risques d’ « importation » du conflit entre ces communautés. Dans un contexte de progression de l’antisémitisme et de l’islamophobie, les lignes bougent. A l’engagement politique de certains journalistes s’ajoutent les productions des médias alternatifs et les mobilisations sur les réseaux sociaux, re-dessinant les contours du champ médiatique de son traitement. Comment concilier les principes déontologiques du journalisme avec la couverture d’un conflit aussi sensible? Quels mots utilisés pour désigner les populations et les territoires concernés? Que faire des théories du complot et des rumeurs qui circulent sur internet? Une enquête qui mobilise journalistes spécialisés et sociologues des médias afin d’éclairer les spécificités du traitement médiatique du conflit en France.

Les enquêtes des années précédentes sont à retrouver sur le site Médias & Controverses.