Crédits photos : Celia Coudret

une journaliste engagée au service de l’Europe

Par Alix Demaison

En plein montage pour l’émission Europe Hebdo qu’elle présente aux côtés de Kathia Gilder pour la chaîne LCP/Public Sénat, Nora Hamadi a accordé un peu de son temps aux étudiants du master de journalisme de l’UCP  (Gennevilliers), au cœur du Parlement européen, à Strasbourg.

Peu de journalistes et de médias français couvrent l’actualité européenne. La raison ? « La matière est pointue, fastidieuse et compliquée », aux dires de Nora Hamadi.

Pourtant, c’est bien cette même journaliste qui a quitté I-Télé pour devenir présentatrice et rédactrice en chef de l’émission Europe Hebdo sur Public Sénat il y a six ans. « C’est un hasard complet de carrière » précise-t-elle amusée.

Alors spécialiste des questions internationales, elle change de casquette. Aujourd’hui, elle en est très fière. « J’y suis venue par accident, et j’y reste, affirme-t-elle. C’est hyper intéressant car il n’y a rien de plus transversal. A travers le prisme de l’Europe, on peut parler de tout, on touche à tous les sujets », explique la jeune femme.

Engagée pour la médiatisation des questions européennes, elle est également devenue la présidente de la section française de l’Association des Journalistes Européens. Un profil plutôt atypique pour cette fille d’ouvrier d’origine algérienne, totalement assumée. « J’ai une tête qui sent l’huile d’olive, ce qui est assez unique au sein du Parlement européen, précise-t-elle dans un sourire. Je suis là où on ne m’attend pas ! Normalement, je devrais parler d’Islam ou des banlieues…et faire du couscous ! »

Nora Hamadi ne manque pas d’humour, ni de lucidité. Deux armes nécessaires face à la technocratie européenne. Pour elle, les textes votés par les députés sont « pondus par des fonctionnaires hors-sol dans un jargon incompréhensible »

Un des devoirs de son métier ? Rendre intelligible les thématiques européennes pour le commun des mortels. « Certaines thématiques ne peuvent quand même pas être abordées à l’antenne, confie la journaliste. La stratégie 2020 ou le tupac sont vraiment trop complexes. » Une mission ardue donc, toutefois soutenue par la nouvelle Commission européenne.

Forte de constater que les citoyens ne comprennent pas grand chose à l’Europe, les institutions cherchent à améliorer leur médiatisation. Au Parlement européen, les journalistes sont reçus comme des rois. Studios radio, plateaux télé, salles de montage, de réunion, de presse écrite : tout est à leur disposition, gratuitement. Outre les outils, des techniciens sont aussi présents en permanence. Un atout de taille, surtout avec la crise que connaissent les médias. Nora Hamidi le confirme : « L’argent que tu ne dépenses pas ici permet d’investir dans les reportages dans les pays européens. »

Ces facilités ne sont pas au goût de tous. Les journalistes anglo-saxons ne veulent pas en bénéficier. Pour eux, cela engendre un conflit d’intérêt. Pourtant, Nora Hamadi le répète : « Ici, personne ne vient se pencher sur ton conducteur. Nous sommes totalement libres de nos paroles. » La journaliste française soutient qu’elle n’a jamais subi aucune pression. La seule contrepartie est d’inviter des eurodéputés. Ce qui semble assez logique.

Les coulisses du Parlement européen semblent être un véritable paradis pour les journalistes. Nora Hamadi parle, elle, d’un « microcosme ultra sympa». Ce qu’elle apprécie également, c’est l’absence de « grosses têtes ingérables ». Ici, on semble collaborer comme dans l’hémicycle.

Alors, toujours aussi ennuyeuse l’Europe?