conflit Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/conflit/ De la presse écrite au web Journalisme Fri, 25 Feb 2022 09:28:50 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png conflit Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/conflit/ 32 32 “La crise ukrainienne masque le revers français au Mali” estime le politologue Bertrand Badie https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/la-crise-ukrainienne-masque-le-revers-francais-au-mali-estime-le-politologue-bertrand-badie/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/la-crise-ukrainienne-masque-le-revers-francais-au-mali-estime-le-politologue-bertrand-badie/#respond Fri, 25 Feb 2022 09:23:38 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=240253 Spécialiste des relations internationales, Bertrand Badie estime que “la crise ukrainienne masque le revers français au Mali”, dans un entretien le 22 février, à moins de deux mois de l’élection présidentielle française.* La France a longtemps encouragé la désescalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine et défendu les accords de Minsk. Emmanuel Macron a-t-il […]

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Spécialiste des relations internationales, Bertrand Badie estime que “la crise ukrainienne masque le revers français au Mali”, dans un entretien le 22 février, à moins de deux mois de l’élection présidentielle française.*

La France a longtemps encouragé la désescalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine et défendu les accords de Minsk. Emmanuel Macron a-t-il tenu un rôle de médiateur ?

Le pari d’Emmanuel Macron était de jouer un rôle pour tenter la négociation. Il ne s’agit pas de médiation car le terme suppose une équidistance. Or, la France n’est pas en position équidistante entre l’Ukraine et la Russie, ou entre les États-Unis et la Russie. Elle est clairement dans le camp occidental. Les bons offices sont indispensables dans les situations de crise donc il était pertinent de tenter la diplomatie. Son pari était double. Emmanuel Macron a considéré que si Vladimir Poutine faisait des concessions à un partenaire, ce serait davantage à lui qu’à Joe Biden. Le président russe est dans une situation d’affirmation de sa puissance. Il veut montrer qu’il est capable de résister aux pressions américaines. Engager une négociation avec un partenaire européen réputé plus faible était une façon de se renforcer vis-à-vis des États-Unis. Je pense qu’Emmanuel Macron misait là-dessus, et sur la fonction de présidence française de l’Union Européenne, même si elle a du mal à percer dans la conjoncture actuelle. Il n’est pas sûr que la présidence européenne veuille dire quelque chose dans la tête de Poutine qui a toujours marginalisé le fait institutionnel européen.

Cette crise peut-elle justement déstabiliser le statut de la France à la tête de la Présidence du Conseil Européen ? 

Il est extrêmement difficile de jauger les compétences propres d’un chef d’État lorsque son pays assure la présidence européenne. Cette référence, tonitruante au début du mois de janvier, s’est pratiquement effacée du discours politique et diplomatique français. L’idée d’une politique étrangère européenne unifiée est fragile. S’appuyer sur la réputation de leader des vingt-sept quand on sait qu’il y a pratiquement autant de politiques étrangères différentes dans l’Union Européenne ne donne pas beaucoup d’atouts. Vladimir Poutine considère que les sanctions européennes feraient aussi mal à l’Europe qu’à la Russie. Ce type d’analyse n’est pas absurde.

Quel peut être l’impact du conflit sur l’élection présidentielle française ?

Le scrutin est au mois d’avril alors on ne peut pas le savoir, et d’ici là, il peut se passer beaucoup d’événements en moins de deux mois. Il serait présomptueux de prévoir l’impact d’un phénomène dont on ne mesure pas encore l’état à venir dans six ou sept semaines.

Mais est-ce déjà un enjeu de campagne ?

Cette question n’a pas été au centre des déclarations des candidats jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est assez surprenant, c’est que la plupart des candidats, de droite ou de gauche, mais surtout de droite, sont plutôt pro-russes et enclins à la bienveillance vis-à-vis de Moscou, comme les deux candidats d’extrême droite Éric Zemmour et Marine Le Pen. Valérie Pécresse, elle, a toujours tenu des propos très nuancés sur le sujet ukrainien, opposés à la solidarité occidentale. Ces propos sont un peu l’héritage de François Fillon que l’on sait ouvertement proche du Kremlin. Finalement, si l’on ajoute Jean-Luc Mélenchon, le camp opposé à la Russie s’amoindrit. Cela favorise Emmanuel Macron pour deux raisons : il est le président en exercice et en cas de tempête, on ne change pas de capitaine. De plus, son discours sur la question ukrainienne est de loin le plus élaboré et le plus documenté parmi tous les candidats. Si cette question vient dominer l’élection présidentielle, ça jouera en sa faveur.

Après les échecs français en Libye ou au Mali plus récemment, la crise ukrainienne est-elle déterminante pour le bilan diplomatique d’Emmanuel Macron ? 

D’un certain point de vue, la crise en Ukraine lui rend service. Le fait que la crise ukrainienne arrive maintenant masque le revers du retrait des troupes au Mali, car le cas du Sahel était véritablement une déconfiture. La crise malienne se trouve occultée par l’affaire ukrainienne. C’est un moyen de faire oublier un échec majeur de la diplomatie macronienne.

A-t-il intérêt à conserver le plus longtemps possible sa double casquette de “président-candidat” ? 

Est-ce que c’est une question d’intérêt ou d’opportunité ? Si les relations internationales venaient à se tendre dans les prochaines quarante-huit heures, l’annonce d’une candidature risquerait de perdre de son effet. Elle prêterait le flanc à la critique, car le président s’occuperait de questions électorales au moment où les choses vont mal. Toute déclaration de candidature, même sobre, implique un travail de préparation, une prise de parole, et quelques effets médiatiques. Tout ceci est bien difficile dans le contexte actuel. Personne ne comprendrait qu’une déclaration de candidature se fasse d’ici la fin de cette semaine.

* Propos recueillis par Rayane Beyly le 22 février 2022, avant l’invasion russe en Ukraine

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Dix ans de guerre en Syrie : « L’Europe doit taper sur la table de manière unie pour mettre fin à la crise » https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/dix-ans-de-guerre-en-syrie/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/dix-ans-de-guerre-en-syrie/#comments Wed, 05 May 2021 10:10:54 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11900 ENTRETIEN / A l’occasion des dix ans du conflit syrien, Salam Kawakibi, directeur du Centre arabe de rechercheset d’études politiques (CAREP) a accordé un entretien à l’AFP. Il revient sur l’intervention des forces extérieureset alliés du régime qui maintiennent Bashar el-Assad au pouvoir. Ces stratégies militaires ont redoubléd’ « efficacité » alors que les pressions […]

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ENTRETIEN / A l’occasion des dix ans du conflit syrien, Salam Kawakibi, directeur du Centre arabe de recherches
et d’études politiques
(CAREP) a accordé un entretien à l’AFP. Il revient sur l’intervention des forces extérieures
et alliés du régime qui maintiennent Bashar el-Assad au pouvoir. Ces stratégies militaires ont redoublé
d’ « efficacité » alors que les pressions de la communauté internationale semblent insuffisantes.


Dix ans en arrière, la guerre civile syrienne devait être à l’origine une révolution pacifique contre le régime baasiste. Mais la « violence inouie » inscrite par le pouvoir de Bashar el-Assad a « renversé la logique du printemps arabe » en 2011. La militarisation des groupes opposants a mené une « guerre contre les civils ». Dans les grandes villes, le slogan « Assad ou nous brûlons le pays » était écrit en gros sur les murs. Salam Kawakibi dresse le constat de cette menace, mise à exécution : « Au final, c’est Assad et ils ont brûlé le pays ».

Le régime s’est retrouvé dans un état « très délicat ». Très vite, le conflit a pris une « dimension communautariste » avec les forces déployées sur le territoire syrien. Baschar El Assad a profité en 2013 de l’ intervention des milices iraniennes et libanaises pour rester au pouvoir. Aide précieuse pour le dirigeant alors que les rebelles avaient encerclé la capitale Damas. Un coup de pouce a également été apporté par la Russie, avec une opération militaire comprenant aviation et bombardements massifs. Le directeur du CERAP décrit la situation « semblable à la stratégie de la Seconde Guerre mondiale, sans distinction entre civils et rebelles ». Et comme si cela ne suffisait pas, l’émergence de l’État islamique (EI) a « rendu un grand service à Bashar El Assad » selon Salam Kawakibi. Les attaques des groupes terroristes et radicaux ont permis aux dirigeants syriens de « détourner le regard de l’Europe ». La Syrie « gangrenée par des terroristes et radicaux » s’est imposée devant une Syrie «révoltée contre un régime tyrannique ». Cette stratégie de détournement de l’attention explique pourquoi le régime a « beaucoup aidé l’Etat islamique à contrôler des grandes villes » ainsi que la commercialisation du pétrole. Mais si le pouvoir syrien utilise la répression contre le peuple et l’opposition, il n’a jamais « confronté un ennemi extérieur » note le directeur du CAREP.

« La communauté internationale n’a pas apporté de solution pacifique »

Face à ces éléments, Salam Kawakibi déplore la « démission de la communauté internationale ». Loin de porter un regard critique sur l’intervention militaire des pays extérieurs, le directeur du CAREP observe une insuffisance d’actions diplomatiques : « Personne n’a aidé à apporter une solution pacifique ». Pour lui, observateur du pouvoir syrien depuis les années Hafez el-Assad, père de Bashar El Assad, aucune pression européenne ne permet d’arrêter le régime, accusé de « crimes contre
l’Humanité ».

Durant ce conflit, la communauté internationale a elle-aussi commis des fautes. En 2013, lorsque le régime a eu recours aux armes chimiques, l’administration Obama a menacé le régime syrien d’une intervention militaire. « Elles ont été utilisées, mais il n’y a eu aucune réaction, détaille Salam Kawakibi. À partir de là, le régime a compris qu’il était intouchable ». Le bilan s’est soudainement alourdi avec « 1 500 morts en deux heures ». Les centaines de morts sont devenues des « milliers par jours ». Depuis deux ans, les combats ont cessé, mais les attaques ne cessent de s’intensifier au quotidien.

Le face à face entre l’Europe et la Russie

Que fait l’Europe, dix ans après les premiers affrontements ? Alors qu’en 2012, une première conférence internationale sur la Syrie mène à la signature d’un accord, l’espoir de d’une transition politique fait volte-face. Aujourd’hui, la Russie « prétend chercher à pacifier la Syrie ». La force d’occupation russe sur le territoire « contribue à la répression » mais les militaires s’ « attribuent le rôle de gestionnaires du processus de la paix ». Un rôle que l’Occident accepte selon Salam Kawakibi, faute de se retrouver « démunie de tous moyens de pressions au niveau des Affaires étrangères ».


Face à ce conflit, l’Union européenne ne se montre pas assez « unie » selon le directeur du CAREP : « Certains appliquent les sanctions, d’autres continuent encore de commercialiser avec la Syrie ». Le budget attribué à ces échanges commerciaux impactent la situation puisque « les bénéfices ne rentrent pas dans un budget gouvernemental » mais reviennent « à la famille du
président ». L’expert analyse les conséquences sur l’état du pays : « l’Etat syrien est appauvri, mais le régime s’est enrichi ». Salam Kawakibi estime que l’Europe doit « taper sur la table de manière unie et trouver une solution politique avec la Russie pour sortir de cette crise ».

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