numérique Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/numerique/ De la presse écrite au web Journalisme Sat, 05 Apr 2025 20:45:13 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png numérique Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/numerique/ 32 32 Du tabou à la reconnaissance : Comment le numérique amplifie la voix des femmes atteintes d’endométriose ? https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/web-et-endometriose/ Wed, 26 Mar 2025 10:14:08 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=243398 L’article Du tabou à la reconnaissance : Comment le numérique amplifie la voix des femmes atteintes d’endométriose ? est apparu en premier sur Master Journalisme - Gennevilliers.

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Freepick – Licence gratuite – @atlascompany

Charlotte Le Balch et Margaux Fresnais

L’endométriose, longtemps ignorée et minimisée par la société et le monde médical, bénéficie aujourd’hui d’une meilleure visibilité grâce aux témoignages des femmes atteintes de cette maladie sur les réseaux sociaux. Ces plateformes leur permettent de partager leurs expériences, sensibiliser le public et briser le silence autour de cette maladie encore mal comprise.

 Aujourd’hui, grâce à la puissance des réseaux sociaux et aux nombreux témoignages en ligne, la parole se libère, favorisant une meilleure sensibilisation et reconnaissance de cette pathologie qui touche une femme sur dix. Sur des plateformes comme TikTok et Instagram, les témoignages se multiplient : les femmes partagent leurs difficultés de diagnostic et l’impact quotidien des symptômes. Des associations voient le jour sur les réseaux, telles que #endométriose, pour faire entendre leur combat. Des comptes dédiés, comme Info Endométriose ou Balance Ton Endométriose, jouent un rôle crucial. Le web devient ainsi un véritable amplificateur pour les patientes en quête de compréhension, de diagnostic et de solutions.

illustration douleur endometriose

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“Règles douloureuses, douleurs pendant ou après un rapport sexuel, douleurs aux toilettes, douleurs pelviennes, règles hémorragiques, ballonnements et nausées, fatigue chronique ou même encore dépression”, ce témoignage de Shayna, une influence sur Tik Tok, décrit ses symptômes liés à l’endométriose. Cette maladie dite à la “mode”, qui touche 2 millions de personnes menstruées en France à longtemps été ignorée. Cependant, le monde numérique, et plus particulièrement les réseaux sociaux, ont offert à ces femmes atteintes de cette maladie l’opportunité de s’exprimer ouvertement sur le sujet.

Témoignages : entre libération et sensibilisation

Djihene Abdellilah, femme atteinte d’endométriose, témoigne de sa maladie sur les réseaux sociaux. “Les symptômes qu’on connaît, ce sont des douleurs extrêmes pendant les règles, mais certaines ont de l’endométriose sans douleur. Il va y avoir des douleurs projetées aux épaules, des douleurs aux intestins. Il y a des douleurs pendant les rapports.(…) En fait, il n’y a pas un seul type de symptômes”. Ces effets peuvent incommoder le quotidien de ces femmes et sont différents selon chacunes. “C’est des incapacités de se lever pendant deux jours, trois jours, des douleurs quand on va à la selle, par exemple, ou quand on va uriner. On peut marcher dans la rue et d’un coup avoir l’impression que quelqu’un nous met un gros coup de couteau dans le bas du dos et être complètement bloqué”.

Une maladie souvent inconnue pour celles qui en souffrent mais dont les témoignages, la description des symptômes permettent à ces dernières de mieux comprendre leur corps et de mettre un nom sur ce qu’elles ont. Les réseaux contribuent à cette prise de conscience. “Il y a beaucoup de femmes qui n’ont pas forcément accès à tous les soins, qui n’ont pas accès non plus forcément à toutes les informations et qui découvrent en fait qu’elles ont les mêmes symptômes que d’autres personnes. Elles comprennent alors qu’il faut qu’elles aillent consulter”, poursuit Djihene Abdellilah. Un moyen de favoriser l’expression, un espace pour partager son vécu et une opportunité pour les médecins de rendre accessibles et compréhensibles les enjeux liés à l’endométriose. “Le docteur Benzifala, par exemple. Il a un TikTok, où on peut le voir aussi bien faire des opérations que vulgariser ce qu’est cette maladie”.

Associations et réseaux sociaux : un levier de sensibilisation

Les associations mesurent également l’importance des témoignages dans leur stratégie de communication, sur les réseaux sociaux. “On a des déclarations de femmes, qu’on diffuse sur un format plus réduit sur les réseaux et on met toujours le lien vers l’onglet témoignage de notre site. C’est important de donner la parole aux personnes invisibilisées. Ça permet également aux proches des malades de mieux comprendre cette maladie”, explique Sarah, présidente de l’association Sororifemme, association française de sensibilisation à l’endométriose féministe, inclusive  et  alliée  LGBTQIA+.  Son association est présente sur différents réseaux sociaux pour s’adapter à des tranches d’âges différentes. “Les réseaux sociaux nous permettent de toucher un public plus large qu’on ne toucherait pas sur le terrain”, ajoute-t-elle.

Les prises de paroles de femmes connues ont également joué un grand rôle. “Ce qui a beaucoup aidé c’est la prise de parole de personnes célèbres, les actrices connues, qui ont beaucoup ouvert le débat au niveau de l’espace public, plus les personnes en parlent, plus elles exposent le problème, et plus ça crée un effet boule de neige”, explique Sarah. Mais Marie Lafon Bach, spécialiste du féminisme, tient à rappeler que cette libération de la parole n’est pas égale chez toutes les femmes. “Ce sont généralement toujours les mêmes femmes qui s’expriment avec un certain capital culturel , mais ça permet quand même de donner une visibilité à ces questions et permet de les amener dans les arènes politiques”, explique-t-elle.

Désinformation et business en ligne

La connaissance de cette maladie par un large public crée certaines dérives. Des personnes utilisent l’excuse de cette maladie pour en tirer un bénéfice comme l’explique Djihene Abdellilah : “c’est aussi un moyen pour tous les charlatans de trouver des proies faciles”. Ces personnes profitent de la grande détresse de ces femmes pour proposer des alternatives non médicales pour les soigner de cette maladie. “On m’a déjà proposé avec le Coran, avec des plantes du Tibet, avec tout un tas de trucs” Sarah, présidente de l’association Sororifemme, reconnaît également tomber régulièrement sur des contenus de désinformation sur les réseaux sociaux “Le problème c’est qu’il y a des jeunes qui se documentent uniquement à travers les réseaux sociaux et qu’il y a beaucoup de fake news à ce sujet. Par exemple, je suis déjà tombée sur des posts expliquant que si tu as de l’endométriose c’est parce que tu as des problèmes relationnels ou que tu ne veux pas grandir, alors que c’est totalement faux”, précise-t-elle. Le combat pour la reconnaissance de l’endométriose est loin d’être terminé. Si la mobilisation des femmes et des associations sur les réseaux sociaux permet des avancées notables, elle expose également à des pratiques et discours controversés, mettant en lumière les défis restants.

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Les relations amoureuses numériques ou mon expérience sur les applications de rencontre https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/les-relations-amoureuses-numeriques-ou-mon-experience-sur-les-applications-de-rencontre/ Tue, 13 Apr 2021 14:03:12 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11884 Les récits amoureux de nos aînées, antérieurs à l’apparition d’Internet, semblent être bien loin de ma réalité. La génération Y à laquelle j’appartiens a dû entremêler les codes sociaux inculqués par l’environnement et les outils numériques de notre époque. Des romans aux films, l’héroïne trouve toujours son âme sœur, l’évidence même du grand amour incluant la […]

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Les récits amoureux de nos aînées, antérieurs à l’apparition d’Internet, semblent être bien loin de ma réalité. La génération Y à laquelle j’appartiens a dû entremêler les codes sociaux inculqués par l’environnement et les outils numériques de notre époque.

Des romans aux films, l’héroïne trouve toujours son âme sœur, l’évidence même du grand amour incluant la symbiose du corps et de l’esprit. Un heureux hasard ou signe de la destinée. Ces quelques modèles d’interactions amoureuses ont été mis à ma disposition afin d’interagir avec le sexe opposé. Le « comparse » Internet, qui m’a accompagnée tout au long de mon évolution, a su aider à mon ouverture sur le monde. Mais qu’en est-il de ma sphère privée ?

Le numérique se veut être le lien du monde, connectant de nombreux profils entre eux, engendrant ainsi des interactions. Rien de bien surprenant quand fut le temps pour le numérique de s’inviter dans nos relations amoureuses à travers les applications de rencontres. Une aubaine idyllique : imaginer, au bout de vos doigts, des millions de prétendants qu’aura soigneusement sélectionné l’application selon vos préférences. Facebook a su charmer mes attentes en ce qui concerne les relations avec mon cercle social. Pourquoi ne pas se laisser tenter par un Tinder se voulant entremetteur de l’amour ou du moins d’une idylle nocturne ?

    Tinder, Tinder, dit moi qui est le plus beau ?

    Je me souviens encore de cet été 2017 où Tinder s’est installé confortablement dans mon cellulaire. Tinder se veut être la meilleure application de rencontres, instigateur de 30 milliards de matchs. Un outil simple à la portée de tous au premier abord. L’application reproduit les codes de la réalité. On se met sous son meilleur jour grâce à une photo flatteuse, un profil attrayant avec des hobbies et des goûts artistiques. Vient le moment de la sélection : adieu le repérage au cours d’une soirée, seul le pouce devient votre meilleur allié. Un mouvement soit à droite ou à gauche : ça y est, le Swipe fait partie intégrante de mes mouvements.  

    Le like des profils attrayants se transforme en jeu : l’image passe à travers mes yeux transformés en véritable scanner de compatibilité. La notification tant attendue du match qui accroît ma confiance, le « sex-appeal » du physique, ouvre les portes d’une hypothétique conversation décomplexée. Finis la gêne du premier instant, en face à face, avec un inconnu. Les « tu fais quoi dans la vie ? » et autres subterfuges pour alimenter une conversation timide et stérile semblait bien derrière moi lorsque je pénétrais pour la première fois dans l’espace de dialogue. Un espace de dialogue qui se transforma rapidement en salle d’attente. L’attente d’un premier message, d’une manifestation.
    Mickael, 24 ans, un match improbable, tant j’estimais son physique hors d’atteinte, se décida enfin à prendre les devants d’une conversation que j’imaginais unique en son genre. Mon attente de l’originalité fut comblée par un magnifique design des temps modernes : l’émoji 😏. Un petit compagnon qui, plus tard, s’avérera être le symbole sous-jacent de l’univers de Tinder.

    La perspective de nouvelles relations sociales et amoureuses à travers le numérique s’est vite transformée en une utilisation chronophage d’un besoin de se sentir désirée. On devient plus exigeant avec les profils proposés, les conversations ne tiennent qu’à une prise de la température de l’autre (😏). Vient le moment de la rencontre, dans le monde réel. Fini l’anonymat et le temps de réflexion sur ses faits et gestes :  un « date» ou une mise à nue devant un inconnu.  Majoritairement dans un bar, autour d’un verre, le date Tinder ne semble pas être si différent de son cousin « le date originel ». L’échange de banalités devient encore plus pesant quand l’inconnu en face de vous n’a aucun point commun. La bio du profil n’avait pas assez de place pour indiquer que Maxime, 23 ans, n’avait pas oublié son ex.

    La présence des corps et du langage n’a pas empêché notre compagnon 😏 de s’immiscer dans l’ambiance. Une application de rencontres qui se voulait révolutionnaire dans les relations amoureuses s’est transformée au fil du temps en vivier d’opportunités charnelles. Le désir du corps, difficilement exprimé par certains dans la réalité, s’est désinhibé à travers le numérique. Il devient alors plus facile d’aborder la dimension sexuelle de la rencontre puisque cette dernière se base sur l’esthétisme.


    Les applications des rencontres sont entrées dans nos mœurs en matière de rencontres amoureuses et sexuelles. La curiosité du premier essai puis de quelques éventuelles aventures nocturnes pourraient laisser penser que Tinder et Cie ont réussi leur mission de s’approprier numériquement toutes les sphères du réel. Est-ce réellement une révolution dans nos pratiques quotidiennes ? Les applications de rencontres ont initié notre génération au swipe et aux profils à porter de doigts. Cependant, je me permets de souligner qu’il y a une tendance à reproduire et retrouver les codes de la rencontre : le hasard qui fait bien les choses, un date autour d’un verre et un dialogue familier. Le lien numérique permettant de connecter tous les individus entre eux, certains que nous n’aurions jamais pu « rencontrer » dans la vie réelle, devient suffisant le temps d’un instant.


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    Art confiné, un boost creatif ? Regard de Cohliens https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/art-confine-un-boost-creatif-regard-de-cohliens-dessin/ Wed, 13 Jan 2021 14:41:50 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11120 Entre 4 murs, comment exprimer le monde extérieur ? Frénésie créative ou esquisse d’une inspiration flétrie ? Regards de Cohliens.

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    Entre 4 murs, comment exprimer le monde extérieur ? Frénésie créative ou esquisse d’une inspiration flétrie ? Arthur Colomb et Guilhem Pino, étudiants en 5e année à l’école de dessin Emile Cohl dans le cursus Edition, s’expriment sur un contexte de création et d’étude particulier. 

     « Ça m’a un peu coupé les jambes ». L’annonce, soudaine, était déroutante. Avec une belle vue sur les toits de Lyon, un agréable petit carré de ciel propice à la rêverie, rester dans la Ville des Lumières, n’a pas été le plus difficile pour Guilhem, qui a choisi de suivre les cours en présentiel, autant que possible, pour ce semi-confinement. Arthur, en revanche, a préféré rentrer chez lui, pour un suivi entièrement en distanciel.

    S’adapter, le maître mot

    « On était tous fébriles de se revoir à la rentrée 2020. J’avais l’impression qu’il y en avait pour qui ça n’avait pas changé grand chose. On a traversé une épidémie éminemment mortelle et on se retrouve, on se dit bonjour, presque comme si rien ne s’était passé. C’était comme…banalisé » – Guilhem Pino 

    Dans un contexte prudent, l’école Emile Cohl s’est « plutôt bien adaptée » à ce deuxième confinement, qui a suivi ces courtes retrouvailles. Pour cette école à l’enseignement ancré dans la pratique traditionnelle des fondamentaux du dessin, le numérique n’intervient que très légèrement en deuxième année. Le premier confinement a été chaotique : 3 semaines d’interruption pédagogique au mois de mars ont été nécessaires pour repenser la totalité du programme.

    Cette fois-ci les locaux de l’école de dessin lyonnaise ont pu rester ouverts. Tables espacées pour les repas, gel à l’entrée du bâtiment et des salles informatiques, horaires de sorties et de pause aménagés afin d’éviter de croiser toute personne extérieure à sa promotion, tout est soigneusement calculé. Pas de report au post-confinement pour les cours inévitablement pratiques, comme ce fut le cas l’an passé. L’année dernière, les premières années de la formation initiale avaient dû rattraper les cours pratiques du confinement pendant l’été. Sculpture, Modèle vivant… Arthur et Guilhem, alors en quatrième année spécialité Édition, ont débuté leur cinquième année une semaine plus tôt afin de rattraper, également, les cours annulés ; 3 semaines pour l’option Jeux-Vidéo, plus impactée.  Au programme de la spécialité Edition post-confinement, les quelques cours de modèle vivant, et l’atelier de gravure devant donner lieu, peu après, à l’exposition hommage dédiée à la prison de Montluc.

    Excepté les cours de langues, la totalité du cursus était envisageable en présentiel. Certains cours ont cependant été encouragés à un enseignement à distance de part leur caractère théorique. Pour Guilhem, c’est « un autre rapport au temps qui s’inscrit », une dédramatisation face au regard des autres, « t’as envie d’aller à l’école en slip, tu vas en cours en slip » ponctue-t-il avec humour. 

    Le Distanciel : bénéfique pour la création artistique ?

    Arthur est satisfait de sa routine COVID. Loin du regard des autres, celui-ci peut travailler de manière plus efficace.

    « Il y a eu une impulsion au premier confinement, j’ai commencé à mettre en place mon style. Je suis bien plus productif.  J’ose plus de choses. Lors du premier confinement je me suis fixé comme objectif de réaliser un carnet quotidien, numérique, pour travailler mes lacunes. J’essayais de faire chaque semaine 2 ou 3 créations personnelles que je postais sur Instagram. J’ai continué ce principe pendant les vacances d’été et le deuxième confinement. Je n’aurais pas pu faire ça si j’allais en cours. Tu as plus de temps pour toi, pour les réalisations personnelles. Sur Instagram, beaucoup de choses sont sorties. Moi, en tout cas, j’ai vu plus de choses intéressantes dessus, pendant le confinement.». 

    Celui-ci peut alors adapter sa journée en fonction d’un planning bien rodé « je me lève à 7h30, je fais ma séance de sport puis je dessine. A 10h et 16h je prends une pause, j’essaye de prendre l’air le plus possible. Si à la fin de la journée je n’ai pas fait mes 8h, je suis vraiment pas bien ; j’ai une petite conscience qui me dit qu’il faut que je bosse mes 8h donc je m’en sors pas trop mal ». Cependant le jeune homme, particulièrement sensible à la présence humaine, nuance ; son confinement est à la campagne, avec des possibilités de respirer, et sa famille à proximité. Si ils avaient été complètement seuls, Arthur,  comme Guilhem, doutaient de leur productivité artistique. « J’avais peur que psychologiquement, je ne tienne pas le coup. Au début je voulais rentrer chez mes parents, mais j’avais peur que la relation s’envenime trop » commente amèrement Guilhem, qui garde une mauvaise expérience du premier confinement, qui a dûment impacté ses travaux, préférant cette fois un espace de travail solitaire, mais néanmoins soutenu par la présence de ses camarades, en présentiel. Une certaine intimité oui, mais aussi un rapport aux autres, important pour une stimulation positive. Les échanges nourrissent l’esprit, les idées germent, l’émulsion collective est favorable. 

     Ainsi, les ateliers de dessin en présentiel, en petit comité, Guilhem les apprécie. Seulement une quinzaine d’élèves sur la trentaine habituelle par promotion, « Beaucoup de gens sont en distanciel. On a beaucoup plus l’opportunité de rencontrer des gens à Cohl [ndr : avec les effectifs réduits]. On a l’occasion de discuter. On a une continuité pédagogique encourageante [du fait des petits effectifs] que je n’avais pas ressenti jusqu’à présent ». A double face, la réduction des effectifs pour les uns, renforce la solitude des autres.


    Seul dans sa chambre en guise d’atelier, Arthur regrette le côté humain de la formation « c’est vraiment ça qui me manque… Si j’avais été en 1e, 2e, 3e…même 4e année, il aurait fallu revenir à l’école. Tous les cours de chara design, de modèle vivant… La 5e année est plutôt autonome, centrée sur notre projet de diplôme. Nos journées, se sont essentiellement des ateliers en solitaire, avec des entretiens quotidiens de suivi personnel avec les enseignants. On n’a que quelques cours pratiques qui nécessitent une présence sur place, par exemple, on a eu un cours de gravure, que je n’ai pas pu suivre, faute de matériel. Mais c’est un cours toutes les deux semaines, le choix est vite fait.  Niveau enseignement, il n’y a pas de problème pour moi. C’est vraiment le côté humain qui est absent, on n’a pas d’interaction avec les autres étudiants, juste un appel le matin, sur Teams.» 

    Sur le confinement, Guilhem, comme Arthur, n’ont pas produit spécifiquement de travaux « On en parle tout le temps, à la radio, en BD… Peut-être que j’aurai ma chose à dire. Peut-être que je ferai quelque chose de plus militant qu’un carnet de confinement » confiait Guilhem, sensible aux dernières manifestations sociales. La prochaine étape concerne les stages, 6 mois en 5e année, et la tâche ne sera pas aisée : « Sur le boulot, je suis optimiste. Je sais qu’il y a besoin d’image, encore plus en ce moment. On a besoin de raconter des choses. La BD documentaire ne s’est jamais aussi bien portée. La bande dessinée en général d’ailleurs, même si l’on entend souvent le contraire » affirmait Arthur, « mais pour les stages… Je me fais du souci. Il faut des certitudes, et je ne sais pas si ils pourront prendre des étudiants… On n’en a pas encore parlé ».

    Arthur Colomb – études pour le projet de 5e année

    Du traditionnel au numérique : quand le COVID-19 s’en mêle

    « J’ai une certaine forme de timidité vis à vis de mon travail. Le distanciel c’est plus difficile au niveau communication. Toute la communication corporelle ne passe pas. […] Ce qui est pénible aussi c’est quand on a une manière de bosser touffue comme moi, le fait de scanner est embêtant » confiait Guilhem, dépité face à la cinquantaine de feuilles quotidienne couvertes de croquis et de recherches en tous sens.

    Tradition ou numérique ? Si le digital est pleinement gagnant de ce confinement, le papier chancelle et peine à garder pied, face à ce virage numérique. L’écart se creuse, en réponse à ces deux confinements successifs. Malgré les quelques aides d’emprunt de matériel, comme Guilhem qui a pu emprunter à l’école, sous caution, une tablette graphique à écran intégré, la fracture numérique est inévitable, pour nombre d’étudiants, et de professeurs. « Certains professeurs ne parvenaient pas à utiliser les applications Discord et Teams pour les cours, c’était compliqué » expliquait Arthur. Guilhem renchérit « Au lieu de ramener les dessins [ndr: pour un entretien] il faudra un bon scanner, les logiciels pour les mettre en page. Du coup ça risque d’aggraver la fracture numérique parce que les logiciels…c’est un budget quand même, un ordinateur aussi. » L’école Emile Cohl avait ainsi organisé un prêt d’ordinateur pour les 5e années du premier confinement, total, avec l’intégralité des logiciels nécessaires, « sinon la fracture numérique est beaucoup trop grande et empêchait les gens de finir l’année de manière correcte ». 

    C’est là que se trouvera probablement l’influence du COVID sur l’avenir de l’illustration et la bande-dessinée traditionnelle « C’est dans la continuité de la numérisation en général. Les usages du travail vont changer. Les entretiens par Teams, démarcher les studios, les book transmis par scan…Je pense que [cet épisode COVID] va accélérer le passage au numérique, non pas vers le livre numérique parce que les deux sont des produits qui sont différents, et deux manières de lire les images qui ne sont pas interchangeables. Il y aura des BD papier, mais est-ce qu’il y aura plus de BD numérique ? Peut-être. »

    Le monde de l’édition semble en tout cas suivre le mouvement. Dupuis et Glenat ont remis le couvert pour ce deuxième confinement avec quelques titres disponibles en libre accès sur internet. Un premier pas ? L’heure est encore au tâtonnement pour les grands noms de l’édition pour qui le geste semble relever davantage de la solidarité que d’une véritable transition vers la publication numérique. Mais si les maisons traditionnelles ont longtemps résisté à la dématérialisation, le numérique s’impose quotidiennement dans nos habitudes de lecture. E-book, lecture en streaming, webtoon…la web BD s’est démocratisée, les start-up se multiplient. Véritable stimulant, le confinement a débloqué une étape clé pour l’édition française. « C’est un champ nouveau, l’opportunité pour de jeunes auteurs de tenter des trucs, parce que c’est un nouveau média », à commencer par la start-up « Exemplaire » qui pose les premières pierres d’une maison d’édition en phase avec le numérique et l’aide communautaire, en plein confinement.

    Fera-t-on notre provision de lecture sur le net désormais ? « Je dirai qu’il y a des processus qui existaient déjà et qui sont accélérés par le confinement et le COVID : la numérisation du dessin comme le fait de faire ses courses sur le drive et internet. » concluait Guilhem.


    Retrouvez Arthur et Guilhem sur leur Instagram respectifs :

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    Presse jeunesse et numérique, le nouveau duo gagnant? https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/presse-jeunesse-et-numerique-le-nouveau-duo-gagnant/ Mon, 23 Nov 2015 14:13:40 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=4219 Presse jeunesse: 70% des enfants lisent des magazines en France Parmi les 15 millions de jeunes français, 70% d’entre eux lisent des journaux ou des magazines, que ça soit à l’école, en vacances ou de manière régulière à la maison. En parallèle, le gouvernement a déjà commencé à mettre en œuvre son projet d’école numérique […]

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    Presse jeunesse: 70% des enfants lisent des magazines en France

    Parmi les 15 millions de jeunes français, 70% d’entre eux lisent des journaux ou des magazines, que ça soit à l’école, en vacances ou de manière régulière à la maison. En parallèle, le gouvernement a déjà commencé à mettre en œuvre son projet d’école numérique tandis que le quotidien Libération a lancé une nouvelle version digitale destinée à un jeune public avec le P’tit Libé. Le tout numérique est-il alors l’avenir de la presse jeunesse ?
    Les quotidiens : une exception française

    Okapi, Géo ado, Sciences et vie Junior… La presse jeunesse est un des rares secteurs de la presse qui marche bien en France avec ses quelques 10 millions de lecteurs plus ou moins réguliers. Peu de groupes de presse se partagent le marché. L’un d’entre eux s’est même démarqué en se spécialisant dans le journal quotidien. Ainsi le groupe Playbac a créé trois quotidiens visant un public de 6 à 17 ans, ce qui fait de la France le seul pays à proposer ce format aux enfants.

    Néanmoins ce marché est aussi impacté par la crise. Dans un but d’économie, certains parents vont préférer résilier leurs abonnements pour favoriser les biens de première nécessité.

    Paradoxalement on constate que ces abonnements, considérés comme non indispensables, vont être gardés le plus longtemps possible. En effet, les journaux et magazines restent toujours un élément primordial dans une vie familiale où les parents n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à leurs enfants , le rythme métro-boulot-dodo prenant 80% de leur journée. Ainsi la petite histoire du soir reste la clé d’un bon câlin pour une mère ou un père et leurs bambins. Une version numérique aurait-elle autant de succès ?

    Pour Eglantine, mère de deux très jeunes lecteurs, la réponse est non. « Avec les journaux papiers, ils peuvent toucher les pages et réclamer eux mêmes l’histoire qu’ils souhaitent. Avec un journal numérique ça ne serait pas possible, car ils ne vont pas allumer l’ordinateur d’eux mêmes et puis c’est compliqué de tomber par hasard sur une histoire qu’ils ont envie de relire ou reécouter ».

    Pourtant pour cette génération internet, le numérique est devenu un réflexe. « Beaucoup de très jeunes enfants, quand ils ont une image imprimée devant eux, essayent de l’agrandir avec leurs doigts, comme sur une tablette ! » déclare Victoire, enseignante dans une école primaire parisienne. Avec la diffusion des smartphones et des tablettes, chaque enfant a déjà eu l’occasion de manipuler au moins une fois un de ces engins. Occasion qui est en passe de devenir une habitude avec le projet de loi de l’Education Nationale, qui insiste sur l’utilisation du numérique à l’école. Ainsi certains collèges-lycées n’utilisent plus de manuel, mais seulement des tablettes, tandis que certaines écoles primaires ont également des tablettes à destination des élèves.

    « Le numérique n’est pas un grand Eldorado pour la presse jeunesse »

    Malgré cette tendance, une étude faite par Playbac montre que les enfants n’assimilent pas la lecture aux écrans. Les tablettes, smartphones ou encore ordinateurs vont leur servir à regarder des films, faire des recherches pour des exposés, aller sur des réseaux sociaux ou encore jouer à des jeux, mais pour ce qui est de lire des histoires ou des articles, ils vont se tourner vers les versions papier. « L’enfant a besoin de s’approprier le magazine en le feuilletant » constate Eglantine « Et je n’aime pas trop le côté numérique. Ca a un côté lobotomisant. (…) je préfère transmettre à mes enfants une utilisation traditionnelle de la presse. »

    La presse jeunesse investit de plus en plus sur internet. Bayard Press, Milan Press ou encore Playbac possèdent un site internet qui propose une rubrique numérique. « Elle ne veut pas être rétrograde ou passéiste en ne restant que sur papier. » explique Sarah Benlolo, journaliste à La correspondance de la presse.

    « Néanmoins l’offre ne séduit pas encore.(…) Il s’agit surtout pour les groupes de presse jeunesse d’y déposer leur marque et de la vendre. » Ainsi, les groupes de presse tel que Bayard Press proposent des jeux ou des activités ludiques sur leur site internet pour pouvoir se faire connaître par le plus grand nombre.

    La présence des groupes de presse jeunesse est de plus en plus visible sur internet, mais l’investissement financier reste encore faible. Internet reste avant tout un complément de cette presse qui a encore de beaux jours devant elle.

    Laure Blachier

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    Vendeurs de journaux : les oubliés du web https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/vendeurs-de-journaux-premieres-victimes-de-la-webisation-de-la-presse/ Wed, 11 Nov 2015 12:07:46 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=4175 Vendeur de journaux (La Gaité, Paris juin 2014) Par Léa Sabourin La migration de la presse écrite vers le support numérique n’impacte pas seulement les titres de presse. Les vendeurs de journaux se retrouvent également pris dans cette tourmente et leur nombre décroit chaque année. Selon l’Insee, « depuis le début des années 1990, la presse et […]

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    Vendeur de journaux (La Gaité, Paris juin 2014)

    Par Léa Sabourin

    La migration de la presse écrite vers le support numérique n’impacte pas seulement les titres de presse. Les vendeurs de journaux se retrouvent également pris dans cette tourmente et leur nombre décroit chaque année. Selon l’Insee, « depuis le début des années 1990, la presse et le livre reculent dans le budget des ménages ». Deux diffuseurs de presse installés à Achères et Poissy, dans les Yvelines, reviennent sur les difficultés d’une profession sur le déclin et d’une presse écrite rongée par le web.

    Le numérique « m’a tuer » !

    Une phrase qui pourrait bien résumer la situation critique des diffuseurs de presse français d’aujourd’hui. Situé dans les quartiers périphériques du centre-ville de Poissy, le vendeur de journaux a vu la superficie de son magasin se réduire de 60%. Il y a deux ans, ce point de vente faisait trois fois sa taille actuelle. « C’est la faute d’internet » déclare le gérant, « les clients ne viennent quasiment plus acheter leur journal et préfèrent s’abonner sur internet ». A quelques kilomètres, dans la ville voisine, la Maison de la presse d’Achères (MPA) fait le même constat, « il y a moins de ventes au numéro parce que les gens ont accès à internet et lisent leur journal sur le web ». Parallèlement, l’abonnement court-circuite les diffuseurs car « beaucoup de personnes s’abonnent et systématiquement, il y a moins de clients qui viennent le chercher ici. Ils attendent de le recevoir dans la boite aux lettres le matin à 7h », s’exaspère le vendeur.

    Se diversifier pour survivre

    Rien que pour le mois de septembre 2015, ce sont 15 marchands de journaux et magazines qui ont baissé le rideau, d’après les études de la Messageries Lyonnaises de Presse (MLP). Pour le point de vente de Poissy, mis à part le Parisien qui trouve encore son public, les autres titres font choux blanc. Le gérant évalue à 50% la baisse des ventes des journaux et ce sur une durée de deux ans seulement. Les diffuseurs n’ont désormais plus le choix et doivent diversifier leur activité pour maintenir la tête hors de l’eau. « Ce qui me permet de vivre c’est tout le reste comme la papeterie, la librairie, la française des jeux, la carterie », nous confie le gérant de la Maison de presse d’Achères. « La presse maintenant c’est un quart de mon magasin. Et encore j’ai de la chance d’être dans le centre-ville et donc bien placé ». Un avantage dont ne bénéficie pas son confrère de Poissy, qui ne voit dans la papeterie qu’un leurre pour la profession… « il faut trouver une autre solution, une autre idée pour pouvoir continuer ».

    Un jeune public absent

    Des habitués qui vieillissent et des jeunes qui dénigrent les vendeurs de journaux. Pour le point de vente d’Achères, le web reste le principal responsable. « Les jeunes viennent de moins en moins car ils sont plus habitués avec leur portable, à aller directement sur internet ». Bien que les magazines people ou les programmes télé continuent de bien se vendre, l’Insee révèle dans une étude que « le recul du poids de la presse dans le budget moyen ne correspond pas à un recul général mais plutôt à l’arrivée de nouvelles générations moins consommatrices de presse écrite que leurs aînées ».

    Après avoir confié le sentiment d’incertitude qui plane sur l’avenir de leur commerce et leur profession, les deux diffuseurs font l’état, plus ou moins surprenant, de l’apparition d’une nouvelle clientèle. En effet, les magazines jeunesses prennent de l’ampleur et trouvent leur lectorat chez les enfants qui apprennent à lire et ne s’abonnent pas forcément à ce type de presse. Finalement, pour la MPA « les plus gros consommateurs de presse maintenant ce sont les enfants ».

    La presse jeunesse serait-elle le nouveau marché à convoiter pour les journaux ? En attendant la prochaine réforme de la distribution de la presse, promise par François Hollande pour la fin d’année, cette spécialité semble être devenue une bouée de secours pour les diffuseurs, face à des titres qui délaissent le papier pour le numérique.

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