Société Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/societe/ De la presse écrite au web Journalisme Wed, 12 May 2021 09:35:29 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Société Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/societe/ 32 32 Aya Laurie Kouadio : Les enfants « microbes », portrait « d’une société malade » https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/interview-de-aya-laurie-kouadio-sur-les-enfants-microbes/ Wed, 12 May 2021 09:35:27 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11914 En Côte d’Ivoire, le phénomène des « microbes », comme le surnomme la population ivoirienne, est le témoignage d’une « société malade ». Délinquance juvénile meurtrière à l’issue de la crise post électorale de 2011 en Côte d’Ivoire, ils persistent encore aujourd’hui dans les ruelles d’Abidjan, la capitale économique. Pour la chercheuse ivoirienne Aya Laurie Kouadio, le phénomène des « microbes » tire l’alarme d’une société obsolète en pleine mutation. Ils sont les produits d’un environnement à l’abandon.

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Pour la chercheuse ivoirienne Aya Laurie Kouadio, le phénomène des « microbes » tire l’alarme d’une société obsolète en pleine mutation.

Délinquance juvénile meurtrière à l’issue de la crise post électorale de 2011 en Côte d’Ivoire, les « microbes » persistent aujourd’hui encore dans les ruelles d’Abidjan, la capitale économique. Pour Aya Laurie Kouadio, chercheuse ivoirienne à Indigo (Initiative de Dialogue et Recherche Action pour la Paix en Côte d’Ivoire) et autrice du livre « Les Microbes, nouveau visage de la criminalité urbaine à Abidjan », les « microbes » sont semblables aux enfants soldats ; produits d’une période confuse, d’un entre-deux, « un temps de ni paix, ni guerre ». De la saleté, naissent des microbes et bactéries en tout genre, les relents d’un environnement à l’abandon. Des enfants en quête, souvent, d’un bonheur simple.

Quels sont les éléments déclencheurs de ces phénomènes de délinquance juvénile ? 

Aya Laurie Kouadio — Lorsque j’ai étudié les « microbes », j’ai analysé réellement le « microbe » comme des bactéries, révélatrices de l’état de santé de l’endroit où ils se trouvent. La géographie est un élément déclencheur de la trajectoire de ces enfants. Ils vivent dans des quartiers où l’on n’a pas envie de vivre. Ce sont des lieux sans aménagement de territoire. Pas d’eau, pas de courant, pas d’hôpitaux ni d’école publique. C’est dans ces quartiers là, que les microbes sévissent. Ils appartiennent à des familles où les parents n’ont pas de temps pour eux ; des maisons, où l’on est 5 ou 10 pour un T2. Alors, il faut être dehors. Dehors, on peut vendre de la drogue, être dans un groupe d’ami, pour voler, se battre, et gagner plus d’argent .

Il faut aussi comprendre que dans les bandes ivoiriennes, il y a les microbes, mais il y a aussi le « vieux père ». Il est le papa de cette bande, de ces enfants. Ils ont confiance en lui. Il devient un modèle de réussite, même si il est proxénète, même si il tue… C’est une figure paternelle. Si l’on ne comprend pas ça, on ne peut pas comprendre le phénomène des microbes. Les microbes cherchent à se réinventer, ils sont en quête de quelque chose qu’ils n’ont pas. Trouver une famille qui les aime et les comprend, qui prend soin d’eux. Le « vieux père » répond à ces besoins. C’est ça qu’un enfant veut. Ce lien si fort, entre le vieux père et les microbes, c’est une variable clé. Par la suite, plusieurs d’entre eux — parmi ceux qui ne sont pas morts —sont partis en Europe, pour « se chercher ». D’autres parviennent à faire des petits métiers, ou fondent une famille. C’est là que l’on voit que ce qu’ils recherchent, c’est juste une vie meilleure.

Ils se concentrent uniquement dans les périphéries ?

Oui, c’est plutôt en périphérie. Abidjan, c’est un peu comme à Paris, mais en pire. Tout se concentre à Abidjan. Il y a 12 communes, et dans ces 12 communes, il y a des « communes dortoirs ». Il y a vraiment une sorte de ségrégation — le mot est un peu fort, mais je l’utiliserai — entre ceux qui ont les moyens, avec des communes résidentielles, et les « communes dortoirs », pour ceux qui sont venus chercher une place au soleil, dans les villes urbaines.

La Côte d’Ivoire, comme beaucoup d’autre pays africains qui ont vécu des guerres civiles, a une grande ville économique — la seule souvent — réceptrice d’un afflux [conséquent] de personnes fuyant les zones rurales, particulièrement lors des crises comme celle de 2002. Ce sont des personnes qui abandonnent tout pour fuir. A l’arrivée, ils se logent dans des quartiers périphériques comme Abobo, au nord d’Abidjan, ou Yopougon, à l’ouest. Ces quartiers deviennent des communes dortoirs, très peuplées. De facto, ces communes-là, et les gens qui y vivent, sont marginalisés. Et dans cette sorte de reconstruction interne, il y a tout ces phénomènes déviants qui s’y opèrent. Rien n’a été prévu, les gens vivent au jour le jour. J’ai remarqué également une chose. Dans les quartiers marginalisés il y a des marginaux, mais il y aussi d’autres marginaux qui marginalisent les autres : dans la périphérie, il y a encore des périphéries. Ainsi, le problème reste et demeure, dans ces périphéries. Mais pas dans les quartiers comme Le Plateau, au centre d’Abidjan, ou Cocody, qui sont des quartiers résidentiels.

En France, nous avons les Apaches, les Blousons Noir, mais la mémoire collective semble les avoir oubliés face aux rixes récentes… En est-il de même en Côte d’Ivoire ? Les Microbes sont-ils vraiment un « nouveau » phénomène ?

Lorsque l’on parle des microbes, on a l’impression que c’est une première. Mais les microbes ne sont qu’une mutation, une reproduction, ou une métamorphose de phénomènes de délinquance plus anciens. C’est parce que l’on n’a pas résolu le problème qu’ils sont là. Les microbes reproduisent des dynamiques des bandes passées. Avant, il y avait les Nouchis (années 70) — des bandes parés de gri-gri qui semaient la terreur à Abidjan et combattait avec des armes blanches . Puis, sont apparus les Ziguehi (de l’ivoirien zigbohi, « celui qui se bouge », un garçon courageux et débrouillard), plutôt amateur d’art martiaux. Ils se battaient à main nues. Chaque quartier avait ses loubards. C’était une force au sein de la jeunesse, avec un gros potentiel de violence. Les Ziguehi d’hier sont les « vieux pères » d’aujourd’hui. Ils ont 40 ans, ils ne peuvent plus aller dans la rue pour faire des casses. Demain, le microbe de 15 ans sera un vieux père de 30 ans. Être « vieux père », c’est quelque part le rêve de plusieurs jeunes microbes ; être leader d’une communauté, et avoir eux aussi, à leur tour, des microbes à leur solde. C’est un cercle vicieux.

Quelle différence entre les bandes d’autrefois et celle d’aujourd’hui ?

Autrefois, ils n’étaient pas aussi jeunes. C’étaient presque des adultes, dans la vingtaine, qui auraient pu être étudiants. C’était des vagabonds qui n’avaient pas pu aller à l’école. Aujourd’hui, les microbes sont beaucoup plus jeunes, de 8 à 20 ans. Certains sont scolarisés. Ils vont à l’école. Et les plus petits, sont les plus virulents. Ils ne réfléchissent pas.

Et puis, même si les délinquants d’avant ont également connu la marginalité, les problèmes économiques… ils ne sont pas apparus suite à un contexte de guerre ou de crise politique, contrairement aux microbes. Certains des microbes que j’ai étudié ont fait leurs armes dans les conflits et la violence de la crise post-électorale de 2010/2011. Même si ils n’ont pas participé activement à la guerre. C’est dans leurs quartiers, dans des communes comme Abobo, que la guerre a battu son plein en 2011. Ils ont vécu la guerre, ils ont entendu les Kalachnikov. Ils ont vu les corps. Ils ont vu les machettes. La réalité à laquelle ont été exposés ces enfants là, et qui fait parti de leur héritage, est différente de celle des autres délinquants. Il y a un documentaire qui les nomme « les enfants de la crise ». La crise post-électorale a laissé un certain vide dans ces communautés, en particulier à Abobo [ndr : quartier d’Abidjan dans lequel les microbes ont été particulièrement nombreux]. Moi, je n’habitais pas à Abobo à cette époque, mais ce que j’entendais me traumatisait. Pour ceux qui vivaient là-dedans, c’était inimaginable. On chevauchait les corps, il n’y avait pas de nourriture. Il y avait des obus qui détruisaient les marchés. On sentait la putréfaction des corps, on voyait les hommes qui tiraient, et, souvent, les enfants qui ont été des microbes portaient les balles pour les « grand frères » [ndr : terme affectif pour les ivoiriens] qui allaient combattre. Ils portaient les armes, ils donnaient la localisation des camps adverses. C’était des indicateurs.

A la fin de la crise, on n’a pas su prendre les gens en charge psychologiquement. Il y a eu un moment de liberté, d’absence de la loi, et les armes ont circulé. Lorsque tout est sale, naturellement, il y a des microbes et des bactéries. C’est de là que les microbes émergent. Du reliquat de la crise. Souvent, certains disaient « mon père est mort dans la crise, c’était un ancien combattant. » « On s’est retrouvé sans rien. Il fallait que je me débrouille, et mes amis m’ont fait rentrer chez les microbes.» C’est ça la différence. Les microbes pour moi c’est les enfants soldats ; pas en temps de guerre non, mais en temps de « ni paix, ni guerre ». Au Libéria, après la guerre, les enfants sont tombés dans la délinquance. Il n’y avait rien pour les socialiser, et ils ne connaissaient que ça. La violence. Les microbes, c’est un peu ça. Même s’ils n’ont pas combattu comme les enfants soldats du Libéria, après la guerre, ils étaient un peu déboussolés. Les microbes, c’est le résultat d’un agrégat de circonstances et de situations qui ne date pas d’aujourd’hui.

Quelle est la réponse juridique de l’Etat ?

Chez nous, le droit, ce n’est pas très développé. Les « microbes », c’est la population qui a donné ce nom-là à ces enfants, si nuisibles. En Afrique, il y a ces appellations [familières] dans les rapports inter personnels [ndr : pour des personnes qui ne sont pas de la même famille]. « Ma soeur » « le père » « tonton » « petit » « fiston » … Alors, quand la population a vu ces petits de 8 à 19 ans, avec des machettes, on les a tout de suite appelé « microbes ». On n’en veut pas. Des êtres nuisibles que l’on veut éliminer du corps social. Pour éviter que les choses ne dégénèrent, contrôler ces phénomènes [de haine], l’Etat, le droit pénal, a fini par créer une nouvelle terminologie, une nouvelle sémantique plus respectueuse et fragile : « mineurs en conflit avec la loi ». Puis, les centres de rééducation, les CCSR (cellule de coordination de suivi et d’insertion) ont été ressuscités. C’est comme ça, que le droit est intervenu. Ça n’existait pas avant [cette terminologie]. C’était cru.

Quelle relation entretiennent les microbes avec l’Etat ? Quelle influence sur le pouvoir politique ?

Les microbes, ce sont aussi les petites mains sales de l’Etat. Houphouët-Boigny en est un exemple : le gouvernement avait peur de cette jeunesse délinquante, les Zeguehis. Pour que ces délinquants ne puissent pas être incorporés dans les rangs de l’opposition qui venait de naître, il les a pris sous sa tutelle. On les a appelés de manière ironique les « volontaires salariés » : ils avaient la garde des lieux de la jeunesse, des cités universitaires, et en échange, ils étaient à la solde de Houphouët. La Côte d’Ivoire est un pays où chacun est sur ses gardes, particulièrement en matière de politique. Il faut sécuriser son pouvoir, notamment auprès de la population. Les microbes sont la solution. On dit que les microbes sont toujours là parce que, quelque part, ils ont servi la cause du régime en place. Ils sont le relais du pouvoir dans chaque sphère de la société, dans chaque commune marginale. Aux élections, on ne vote pas pour un programme, on vote pour de l’argent, comme dans un système clientélisme.

Ainsi, lors des élections de 2015/2016 notre Premier ministre [ndr : récemment décédé] Hamed Bakayoko a fait appel aux « vieux pères » qui ont de l’influence et le monopole de la violence. Leaders qui ont eux-mêmes fait appel aux microbes. Contre 5000 francs (10 € environ) et un peu de drogue (pour casser toute sensibilité), ils allaient déranger les meetings des opposants. Ils sont prêt à tout pour leur « vieux père » qui leur donne de l’argent et à manger. C’est là qu’on a vu que la chaîne était longue. Les microbes travaillaient pour un vieux père, qui lui-même travaillait pour Hamed Bakayoko, le pouvoir en place. Ce sont des prestataires de services. N’importe qui peut les engager.

Et l’approche policière ? Comment sont réprimés les microbes ?

En 2013/2014, à l’apogée du phénomène, la population tuait les microbes. Aujourd’hui, à Abobo, il y a moins de microbes parce que les gens les ont tellement tué, qu’ils ne reviennent plus. Ils préféraient être entre les mains des policiers, plutôt que dans celles de la population. Parce que le peuple, il ne va pas t’emmener à la police, il va te tuer pour peu qu’il voit un enfant qui ressemble, selon lui, à un microbe. Il y a eu des décapitations. Des patrouilles à 4h du matin, des comités d’auto-surveillance, ont été créés pour surveiller les quartiers sombres. C’était la version douce de l’approche policière.

Mais, il y a eu aussi une forte répression de la part de la police [ndr : à une autre période]. La police faisait des descentes dans les fumoirs, avec des indic. Dans les bas-fond, dans les quartiers les plus reculés, ils traquaient les microbes. Il y a eu beaucoup de morts. Mais si vous tuez un microbe, ils tuent deux policiers. C’était une vraie guerre. Il y avait un couvre feu, à 18h tu rentrais chez toi, parce que quand les enfants descendaient avec des machettes, ils agressaient tout le monde. Ils vous piquent, ils vous tuent, ils n’ont aucun égard. Quand ils connaissaient un policier, il allaient chez lui, pour le tuer. Un jour, les microbes ont décidé de battre en retraite. Ils mouraient trop, la population comme la police les traquaient énormément. C’est à ce moment là que l’on s’est aperçu que c’était trop violent. C’est là, qu’on a commencé à moins tuer les enfants. En 2021, les tueries continuent, mais la violence a considérablement réduit.

Aujourd’hui, les bandes de jeunes tendent à se retrouver sur les réseaux sociaux. Ils se provoquent et se donnent rendez-vous. En Côte d’Ivoire, les réseaux jouent-ils un rôle majeur également ?

Oui, parce que ce sont des fanfarons quand même. Ils aiment bien se montrer. Ils ne font rien de leur argent. Avec l’argent qu’ils volent, ils en donnent un peu à leur parents, à leur mère — la figure de la mère est très importante — et le reste, c’est pour fanfaronner. Ils s’affichent sur les réseaux, dans des bars, au bras des plus belles filles, avec les tout derniers téléphones. Il y a, en Côte d’ivoire, dans notre argot, l’expression « la vie des giga » lorsque l’on parle de la vie de ces jeunes. Comme les giga octets. Chez nous il n’y a pas de forfait à payer par mois. Donc, avec leurs giga internet, ils connectent leur 4G et montrent leur argent, des liasses de billets. C’est tout ce qu’ils peuvent faire. Et, souvent, ce sont des modèles pour les autres. Certains, tous ce qu’ils veulent, c’est avoir les gros téléphones et mener la vida loca. Ces jeunes-là sont quelque part des influenceurs, pour d’autres jeunes qui ne rêvent que de ça. Vivre la vie du paraître. Le phénomène des microbes vis à vis des réseaux sociaux est par ailleurs à regarder en parallèle avec le phénomène des « brouteurs », ces arnaques en ligne en Côte d’Ivoire. A leur débuts, à Abidjan, c’était la même chose. Ils faisaient du boucan, montraient leur argent… C’était des modèles pour les jeunes. Et c’est pareil pour les microbes. Vendre de la drogue, c’est rien à Abidjan. Il y a deux types de microbes. Ceux qui tuent, qui n’ont pas peur de la mort, et ceux qui vendent de la drogue, les « délinquants sans sang ». C’est comme aux États-Unis, ils rappent, ils sortent des albums. Ils promeuvent une certaine vie de boss, avec des richesses que les jeunes peuvent avoir en rentrant dans les magouilles.

Quelles sont les solutions ? 

Je n’ai pas trouvé de solution, j’ai proposé des choses qui étaient déjà en place. On garde les enfants pendant 1 an ou 6 mois. Les 3 premiers mois, on les garde au centre. On leur demande ce qu’ils veulent apprendre. On leur donne une éducation civique et scolaire ou on leur apprend un métier. Les 3 mois suivants, ils sont relâchés dans la société. Les psychologues viennent 2 ou 3 fois dans le mois. Puis ils sont laissés à eux-mêmes. Et c’est le problème.  Il n’y a pas de continuité. Je préconise un suivi. Essayer une assistance globale à défaut d’une assistance personnelle. Assister non seulement le jeune, mais aussi « le jeune dans sa famille » parce que c’est un tout. Proposer un accompagnement aux parents, à la mère qui s’occupe seule, souvent, de l’enfant. Il appartient à une famille qui ne va pas bien, qui est dysfonctionnelle. Il y a des comités de dialogues, de réinsertion pour socialiser l’enfant, des guides religieux… On doit encore ajuster les mesures. 

Qu’est-ce que cela révèle de la société ?  Quel parallèle pouvez-vous établir avec la France, dont le phénomène de bande est en pleine recrudescence ?

Ces phénomènes de gang révèlent une physionomie sclérosée, une société malade. La gestion de ces phénomènes nous amène à remettre en question l’organisation de la société. Notre manière d’aménager nos territoires. L’organisation des rapports entre couches sociales. Ce n’est pas un problème de pays pauvre. Même aux États-Unis, en France, il y a des gangs. Toutes ces différences [sociales] traduisent un malaise. Que l’on soit un pays pauvre, ou un pays riche, le fait qu’il y ait des microbes, des bandes de jeunes délinquants, montre que la société telle qu’on l’a pensée ne marche plus. Il n’y a plus de repères. Avant — chez nous — l’école était le repère. Être instruit et travailler pour l’état. Aujourd’hui, l’école ce n’est plus la clé de la réussite. Ce qui marche, c’est travailler à son propre compte. Qu’importe l’entreprise, même si c’est l’entreprise de la violence. Ces bandes [délinquantes] sonnent l’alarme d’une société qui est en train de changer, de se métamorphoser, de muter.

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Les relations amoureuses numériques ou mon expérience sur les applications de rencontre https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/les-relations-amoureuses-numeriques-ou-mon-experience-sur-les-applications-de-rencontre/ Tue, 13 Apr 2021 14:03:12 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11884 Les récits amoureux de nos aînées, antérieurs à l’apparition d’Internet, semblent être bien loin de ma réalité. La génération Y à laquelle j’appartiens a dû entremêler les codes sociaux inculqués par l’environnement et les outils numériques de notre époque. Des romans aux films, l’héroïne trouve toujours son âme sœur, l’évidence même du grand amour incluant la […]

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Les récits amoureux de nos aînées, antérieurs à l’apparition d’Internet, semblent être bien loin de ma réalité. La génération Y à laquelle j’appartiens a dû entremêler les codes sociaux inculqués par l’environnement et les outils numériques de notre époque.

Des romans aux films, l’héroïne trouve toujours son âme sœur, l’évidence même du grand amour incluant la symbiose du corps et de l’esprit. Un heureux hasard ou signe de la destinée. Ces quelques modèles d’interactions amoureuses ont été mis à ma disposition afin d’interagir avec le sexe opposé. Le « comparse » Internet, qui m’a accompagnée tout au long de mon évolution, a su aider à mon ouverture sur le monde. Mais qu’en est-il de ma sphère privée ?

Le numérique se veut être le lien du monde, connectant de nombreux profils entre eux, engendrant ainsi des interactions. Rien de bien surprenant quand fut le temps pour le numérique de s’inviter dans nos relations amoureuses à travers les applications de rencontres. Une aubaine idyllique : imaginer, au bout de vos doigts, des millions de prétendants qu’aura soigneusement sélectionné l’application selon vos préférences. Facebook a su charmer mes attentes en ce qui concerne les relations avec mon cercle social. Pourquoi ne pas se laisser tenter par un Tinder se voulant entremetteur de l’amour ou du moins d’une idylle nocturne ?

    Tinder, Tinder, dit moi qui est le plus beau ?

    Je me souviens encore de cet été 2017 où Tinder s’est installé confortablement dans mon cellulaire. Tinder se veut être la meilleure application de rencontres, instigateur de 30 milliards de matchs. Un outil simple à la portée de tous au premier abord. L’application reproduit les codes de la réalité. On se met sous son meilleur jour grâce à une photo flatteuse, un profil attrayant avec des hobbies et des goûts artistiques. Vient le moment de la sélection : adieu le repérage au cours d’une soirée, seul le pouce devient votre meilleur allié. Un mouvement soit à droite ou à gauche : ça y est, le Swipe fait partie intégrante de mes mouvements.  

    Le like des profils attrayants se transforme en jeu : l’image passe à travers mes yeux transformés en véritable scanner de compatibilité. La notification tant attendue du match qui accroît ma confiance, le « sex-appeal » du physique, ouvre les portes d’une hypothétique conversation décomplexée. Finis la gêne du premier instant, en face à face, avec un inconnu. Les « tu fais quoi dans la vie ? » et autres subterfuges pour alimenter une conversation timide et stérile semblait bien derrière moi lorsque je pénétrais pour la première fois dans l’espace de dialogue. Un espace de dialogue qui se transforma rapidement en salle d’attente. L’attente d’un premier message, d’une manifestation.
    Mickael, 24 ans, un match improbable, tant j’estimais son physique hors d’atteinte, se décida enfin à prendre les devants d’une conversation que j’imaginais unique en son genre. Mon attente de l’originalité fut comblée par un magnifique design des temps modernes : l’émoji 😏. Un petit compagnon qui, plus tard, s’avérera être le symbole sous-jacent de l’univers de Tinder.

    La perspective de nouvelles relations sociales et amoureuses à travers le numérique s’est vite transformée en une utilisation chronophage d’un besoin de se sentir désirée. On devient plus exigeant avec les profils proposés, les conversations ne tiennent qu’à une prise de la température de l’autre (😏). Vient le moment de la rencontre, dans le monde réel. Fini l’anonymat et le temps de réflexion sur ses faits et gestes :  un « date» ou une mise à nue devant un inconnu.  Majoritairement dans un bar, autour d’un verre, le date Tinder ne semble pas être si différent de son cousin « le date originel ». L’échange de banalités devient encore plus pesant quand l’inconnu en face de vous n’a aucun point commun. La bio du profil n’avait pas assez de place pour indiquer que Maxime, 23 ans, n’avait pas oublié son ex.

    La présence des corps et du langage n’a pas empêché notre compagnon 😏 de s’immiscer dans l’ambiance. Une application de rencontres qui se voulait révolutionnaire dans les relations amoureuses s’est transformée au fil du temps en vivier d’opportunités charnelles. Le désir du corps, difficilement exprimé par certains dans la réalité, s’est désinhibé à travers le numérique. Il devient alors plus facile d’aborder la dimension sexuelle de la rencontre puisque cette dernière se base sur l’esthétisme.


    Les applications des rencontres sont entrées dans nos mœurs en matière de rencontres amoureuses et sexuelles. La curiosité du premier essai puis de quelques éventuelles aventures nocturnes pourraient laisser penser que Tinder et Cie ont réussi leur mission de s’approprier numériquement toutes les sphères du réel. Est-ce réellement une révolution dans nos pratiques quotidiennes ? Les applications de rencontres ont initié notre génération au swipe et aux profils à porter de doigts. Cependant, je me permets de souligner qu’il y a une tendance à reproduire et retrouver les codes de la rencontre : le hasard qui fait bien les choses, un date autour d’un verre et un dialogue familier. Le lien numérique permettant de connecter tous les individus entre eux, certains que nous n’aurions jamais pu « rencontrer » dans la vie réelle, devient suffisant le temps d’un instant.


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    Protocole sanitaire renforcé, visioconférence… les pompes funèbres se réorganisent face au Covid-19 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/protocole-sanitaire-renforce-visioconference-les-pompes-funebres-se-reorganisent-face-au-covid-19/ Tue, 16 Feb 2021 13:03:50 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11760 Les pompes funèbres se sont retrouvées en première ligne face à l’épidémie de Covid-19. Elles ont dû s’adapter afin d’accueillir les défunts, protéger les familles endeuillées, ainsi que les employés. Leur protocole sanitaire a été renforcé, du personnel a été recruté pour effectuer un roulement et des retransmissions en direct des cérémonies funéraires ont été […]

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    Les pompes funèbres se sont retrouvées en première ligne face à l’épidémie de Covid-19. Elles ont dû s’adapter afin d’accueillir les défunts, protéger les familles endeuillées, ainsi que les employés. Leur protocole sanitaire a été renforcé, du personnel a été recruté pour effectuer un roulement et des retransmissions en direct des cérémonies funéraires ont été mises en place pour pallier aux restrictions.

    Protection des clients et des salariés

    Les entreprises ont pris des mesures visant à préserver clients et salariés : masques, gants, stylos à usage unique, hygiaphones… Les pompes funèbres qui le pouvaient ont également mis en place des QR Codes pour les registres de signatures et limiter les contacts.

    Les rendez-vous en agence sont limités à trois personnes, dont le conseiller funéraire. « Maintenant, on est à 3 dans 15m2. Moins il y a de personnes, mieux c’est », raconte Baptiste Santilly, gérant de l’entreprise de pompes funèbres du même nom.

    Les pompes funèbres ont dû revoir le protocole sanitaire afin d’accueillir les personnes décédées du Covid-19. Elles ont redoublé de vigilance sur la désinfection, avec un nettoyage systématique des cercueils, poignées et couvercles.

    « Un décès dû au Covid, c’est une double housse, une mise en bière immédiate. C’est une préparation de cercueil immédiate qu’on amène à la maison de retraite ou à l’hôpital », détaille-t-il au sujet du protocole.

    Une activité bousculée

    Les pompes funèbres Santilly disposent de neuf agences réparties en Île-de-France et ont été très touchées. Ils ont recensé près de 400 décès dus au Covid-19 dans leurs établissements situés en Seine-Saint-Denis sur la période allant du 20 mars au 20 avril. Soit une multiplication par quatre du nombre de décès.

    Pour gérer cet afflux, ils ont fait appel à davantage de personnel, « J’ai embauché 1 à 2 personnes » pour permettre un meilleur roulement. « Moi qui suis du côté administratif, là en l’occurrence, j’étais sur la préparation de cercueils. Parce qu’on avait 20-25 convois par jour, c’était énorme », raconte-t-il.

    Certains établissements ont atteint des points de saturation dans les chambres funéraires et ont réorganisé leurs espaces. « Toutes les sociétés de pompes ont arrêté de compter le nombre de places de leurs chambres funéraires en place, mais en m². On a triplé, si ce n’est quadruplé notre capacité d’accueil. Avec toujours un espace réfrigéré pour les décès ‘classiques’ », explique Gautier Caton, porte-parole de la CPFM (Confédération des Pompes Funèbres et de la Marbrerie).

    Le manque d’espace a donné lieu à des situations ubuesques. Au début de l’épidémie, un entrepôt funéraire avait été mis en place à Rungis pour que les funérariums, qui n’avaient pas le choix, y amènent les défunts. Le service était payant au départ, avant de devenir gratuit deux semaines plus tard, suite à la polémique suscitée.

    Les pompes funèbres Santilly ont voulu éviter à tout prix d’en arriver-là pour que les familles endeuillées n’aient pas à vivre cela. « Avec l’accord de la Préfecture, on avait pu avoir des camions frigorifiques et entreposer certains cercueils quand on avait un manque de places. Ce qui permettait de ne pas les amener à Rungis », confie-t-il.

    Retransmission en direct des cérémonies funéraires

    Les obsèques étant limitées à un cercle restreint de 30 personnes, il a fallu s’adapter. Des établissements ont mis en place des retransmissions des cérémonies en direct pour permettre à un maximum de personnes d’y assister.

    Une disposition compliquée à mettre en place d’un point de logistique, mais qui a été une réussite. « Le tour de force est d’avoir réussi à communiquer à 200 personnes le lien pour l’événement en 3 jours, ce qui n’est pas commun », souligne Gautier Caton. Il estime qu’entre 35 à 40 000 personnes ont assisté aux cérémonies en direct, offertes par les établissements Caton.

    Si certains ont opté pour ce dispositif coûteux et compliqué à mettre en place, d’autres n’ont pas eu le temps de prendre les dispositions nécessaires. Baptiste Santilly explique qu’ils ont fait de leur mieux : « On prenait une vidéo du départ qu’on mettait sur une clé USB qu’on remettait ensuite à la famille. Les gens étaient très contents ». Même s’il estime que la retransmission en direct aurait été idéale.

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    Conditions de travail des femmes de chambre à l’IBIS des Batignolles : 16 mois après, Accor n’en démord pas https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/conditions-de-travail-des-femmes-de-chambre-a-libis-des-batignolles-16-mois-apres-accor-nen-demord-pas/ Sun, 22 Nov 2020 12:00:03 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=10922 Un gâteau d’anniversaire, des danses, des chants. Nous sommes le mardi 17 novembre. De loin, une célébration animée. De près, une protestation pour mettre fin aux conditions liées à la sous-traitance au sein de l’IBIS Batignolles. Juste à côté de la protestation, siège l’immense bâtiment en verre avec inscrit « ACCOR » en lettres d’or, premier groupe […]

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    Un gâteau d’anniversaire, des danses, des chants. Nous sommes le mardi 17 novembre. De loin, une célébration animée. De près, une protestation pour mettre fin aux conditions liées à la sous-traitance au sein de l’IBIS Batignolles. Juste à côté de la protestation, siège l’immense bâtiment en verre avec inscrit « ACCOR » en lettres d’or, premier groupe hôtelier européen. Dans un des bureaux et depuis seize mois, le PDG Sébastien Bazin ne cède pas. 

    Des conditions de travail insoutenables

    « C’est une catégorie très défavorisée, avec des conditions de travail très dures (…). Il faut qu’on s’y mette tous, je vous promets qu’on fait tous les efforts. » La déclaration d’un délégué syndical ? Non, celle du camarade Bazin, PDG d’Accor sur France Inter. Les efforts à faire, voilà seize mois que les femmes de chambres, soutenues par la CGT-HPE (Hôtels de Prestige et Economiques) les demandent. Ce qui les soulagerait, c’est de faire partie du groupe Accor et non plus de son sous-traitant la société STN. Rachel, une des grévistes, a connu quatre sociétés de sous-traitance différentes alors qu’elle travaillait à l’IBIS Batignolles. Seize mois après la mobilisation, le PDG qui dit « faire tous les efforts » refuse.

    « Certains pleurent quand ils sont tristes. Nous on chante et on danse. Mais tout ça c’est bien de la souffrance. » Rachel

    La fin de la sous-traitance, c’est la possibilité pour les femmes de chambre d’avoir les mêmes avantages et conditions de travail que les autres personnes qui travaillent au sein de l’IBIS Batignolles. Cela signifierait ne pas pouvoir être changées d’hôtel au simple bon vouloir de la direction, avoir les mêmes avantages sociaux que les autres salariés. Ce serait aussi la fin de l’illégalité : le paiement à l’heure et non à la chambre (3 chambres et demie par heure). L’enjeu, ce serait aussi de pouvoir mettre fin aux problèmes de santé comme les problèmes de dos et les tendinites. Rachel explique : « Certains pleurent quand ils sont tristes. Nous on chante et on danse. Mais tout ça c’est bien de la souffrance. »

    Ménage sous-traité, personnes maltraitées ?

    « Ca fait 17 ans que je suis en France et que je travaille. Je me dis que si on est traitées comme ça, c’est parce qu’on est étrangères et noires » déplore Rachel. Depuis la pandémie, le taux d’occupation des chambres à Paris est de 20%. Rachel est au chômage partiel depuis mars mais elle continue la mobilisation. Les femmes de chambre de l’IBIS Batignolles sont pour la plupart des femmes immigrées. Selon leur soutien à la CGT-HPE, Claude Levy, les sociétés de sous-traitance jouent sur la « classe sociale, la précarité, et le fait que certaines doivent renouveler leurs papiers grâce à un contrat de travail. » La CGT-HPE va intenter une action en justice auprès d’Accor pour « discrimination raciale ». Accor a été épinglé  par l’Etat français pour discrimination à l’embauche en février dernier suite à une opération de testing.

    «On est essentielles à l’hôtel : sans la propreté, les touristes ne viennent pas. » Rachel

    «Le groupe Accor nous traite comme des sous-hommes, mais c’est nous qui le faisons vivre » s’écrie Rachel. « On est essentielles à l’hôtel : sans la propreté, les touristes ne viennent pas. Je suis sûre que Monsieur Bazin, avec sa cravate, ne sait même pas faire un lit. » Selon Claude Levy, « quand vous commencez à entrer en conflit avec Accor, vous ne savez pas quand ça va finir ». Malgré les mobilisations, les soutiens, les chants, Monsieur Bazin et ses 800 000 chambres dans 110 pays ont décidé que pour l’instant, l’internalisation, c’était non. 

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    Chronique de la vie sexuelle d’une jeunesse reconfinée en banlieue https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/chronique-de-la-vie-sexuelle-dune-jeunesse-reconfinee-en-banlieue/ Thu, 05 Nov 2020 19:31:12 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=10106 L’annonce est tombée. Le 29 octobre 2020, le reconfinement national a été instauré pour endiguer la vague du COVID19. Un au revoir aux interactions sociales, aux rencontres et retrouvailles de la pièce-chambre-bureau-salle à manger du domicile parental. Une annonce qui vient chambouler un quotidien et une vie sexuelle offert furtivement par le déconfinement.  Dans une ville de banlieue parisienne où seul un moyen de transport est nécessaire pour […]

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    L’annonce est tombée. Le 29 octobre 2020, le reconfinement national a été instauré pour endiguer la vague du COVID19. Un au revoir aux interactions sociales, aux rencontres et retrouvailles de la pièce-chambre-bureau-salle à manger du domicile parental. Une annonce qui vient chambouler un quotidien et une vie sexuelle offert furtivement par le déconfinement. 

    Dans une ville de banlieue parisienne où seul un moyen de transport est nécessaire pour jouir des différents bars et restaurants attrayants pour la jeunesse, la vie sociale a disparu en emportant au passage les rencontres charnelles. Célibataire ou en couple, la pratique sexuelle est devenue un passe-temps du confinement à la même enseigne que le binge-watching. Mais sera-t-elle suffisante pour endurer un deuxième confinement ?

    « Pendant le premier confinement, la masturbation a été bénéfique pour ma santé mentale » confie Mathias*, 25 ans, célibataire et habitant de la ville. La vie sexuelle a connu de nombreux rebondissements lors de la première période de confinement observé par une hausse de la pratique solitaire. Un onanisme ( masturbation pour les aficionado) respectant le cahier des charges des gestes barrières : seul(e), la pratique a permis à de nombreux individus de gérer le stress émotionnel engendré par un contexte historique.  Une hausse de la masturbation dont les plateformes pornographies comme Pornhub ont su saisir l’opportunité en proposant leurs contenus payants accessibles à tous. Au domicile parental, Mathias a encaissé l’annonce d’un reconfinement comme « un arrêt brutal de sa [ma] vie sexuelle et amoureuse », rendant impossible l’interaction physique avec un partenaire dans « une ville où il est difficile de faire de nouvelles rencontres ». La pratique solitaire ne « pourra pas remplacer mon désir d’avoir une relation avec l’autre » déclare Mathias.

    « Je suis jeune et j’ai l’impression que cette crise sanitaire va m’enfermer dans une routine sexuelle pour l’éternité « 

    La vie sexuelle au sein du couple de Chloé*, 22 ans, lors d’un premier confinement a été périlleuse. À distance, Chloé et son partenaire entretenaient la flamme via des sexcalls.  « Pratiquer tous les jours devenait un réflexe, c’était un moyen pour nous de survivre dans cette situation stressante ». Le déconfinement avait permis à Chloé et son partenaire de se retrouver à l’extérieur, en profitant du bar-restaurant typique de la ville, quartier général de la jeunesse. Le retour à un confinement strict « m’angoisse sur ce que pourrait devenir ma vie sexuelle » s’inquiète Chloé, « je suis jeune et j’ai l’impression que cette crise sanitaire va m’enfermer dans une routine sexuelle pour l’éternité ».

    La crise sanitaire a instauré une incertitude sur l’avenir de la vie amoureuse et sexuelle de la jeunesse. La quête du partenaire pour les célibataires est entravée par la distanciation sociale. Les couples séparés par la distance profitent de l’instant présent sans pour autant se projeter. Un confinement aux répercussions brutales sur le cercle social et ses pratiques d’une jeunesse rêvant du monde d’avant.

    *Les prénoms ont été modifiés

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