Ukraine Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/ukraine/ De la presse écrite au web Journalisme Thu, 09 Feb 2023 12:31:35 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Ukraine Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/ukraine/ 32 32 Cartographier la guerre en Ukraine : Comment le journal Le Monde réussit ce travail « pas si facile » ?   https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/cartographier-la-guerre-en-ukraine-comment-le-journal-le-monde-reussit-ce-travail-pas-si-facile/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/cartographier-la-guerre-en-ukraine-comment-le-journal-le-monde-reussit-ce-travail-pas-si-facile/#respond Thu, 09 Feb 2023 11:46:14 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=241267 Cartographies web et print de la guerre en Ukraine – Mentions légales : Service Infographie du journal Le Monde Le 11 octobre 2022, Le Monde publie sa 200ème cartographie sur la guerre en Ukraine. Des productions complexes opérées par l’équipe multitâche du pôle infographie et cartographie du journal. Delphine Papin, la responsable du service, raconte […]

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Cartographies web et print de la guerre en Ukraine – Mentions légales : Service Infographie du journal Le Monde

Le 11 octobre 2022, Le Monde publie sa 200ème cartographie sur la guerre en Ukraine. Des productions complexes opérées par l’équipe multitâche du pôle infographie et cartographie du journal. Delphine Papin, la responsable du service, raconte comment son équipe parvient à cartographier, en temps réel, ce conflit.

Dans la nuit du 23 au 24 février dernier, la Russie envahit l’Ukraine, comment avez-vous réussi à cartographier le commencement de ce conflit ?

Delphine Papin : Comment vous dire que cette nuit-là, la rédaction découvre totalement l’Ukraine. Quelques heures avant la publication du journal papier.

On se posait plusieurs questions pour réussir la visualisation du pays : « Il y a-t-il des montagnes ? Des fleuves ? Des routes ? ».

Puis on s’est débrouillé avec les informations que l’on avait : informations satellitaires, tweets, informations de militaires présents sur place.

D’autres personnes vous ont-elles aidé à la production de cette toute première cartographie ?

Évidemment ! Cette soirée – là nous avons travaillé avec les deux rédacteurs de l’article print, Nathalie Guibert et Allan Kaval.

Le texte n’est pas l’ennemi de la carte. Au contraire, c’est son bon copain. Les deux se complètent.

Le titre de leur papier : L’ordre de bataille de Vladimir Poutine. Plus précisément, l’écrit détaillait comment la guerre allait s’organiser sur terre, en mer et dans les airs. Notre mission était donc d’essayer de cartographier ces éléments – là.

C’est donc ça l’objectif de toutes vos cartographies : illustrer les propos d’un article ?

Pas seulement non. Il est évident que l’outil du dessin rend plus clair des situations. Nos lecteurs nous le disent : ils comprennent mieux la guerre en Ukraine avec des couleurs, des formes et nos légendes. La carte est donc à l’instar d’un papier, une source d’information.

Mais la cartographie permet aussi d’habiller une page d’un journal. Elle la rend plus attractive visuellement. Le public se retrouve, par conséquent, aussi attiré par le texte de nos rédacteurs

Comment faites – vous, alors, pour représenter de manière attractive un conflit aussi mouvementé ?

Cela n’a pas été facile. Comment monter une offensive, une contre-offensive, une avancée de char ? Comment créer ce mouvement sur une carte qui pourtant est statique ?

Il a donc fallu s’aider des archives de cartes. Les chercheurs de mon équipe ont regardé le site de la Bibliothèque nationale de France. Résultat : ils ont retrouvé des cartes de la guerre franco-allemande de 1870 et de la Première guerre mondiale.

Ensuite, nos cartographes et illustrateurs ont travaillé en binôme pour la réalisation. Ils ont donc repris certains pictogrammes, le même type de flèches, les hachures. Pour les couleurs, ils les ont adaptés au conflit. Comme dans les cartes de la Guerre Froide, la Russie allait être représentée en rouge. Mais ça sera un rouge plus adouci pour ne pas rappeler la Russie de l’URSS.

Autre idée en tête pour notre service : une carte doit pouvoir être lue en une dizaine de minutes maximum. Il faut donc veiller à ne pas mettre trop de légende, de symboles qui pourraient rendre le dessin illisible et donc perdre le lecteur.

Les cartes suivantes ont représenté des villes et des régions ukrainiennes. Comment cartographie-t-on à plus petites échelles ?

Mon service s’aide des moyens présents sur le terrain. Par exemple, pour couvrir cette guerre, des centaines de rédactions internationales sont présentes dans l’Ukraine. Une couverture du conflit très dense. Nous pouvons donc reprendre et analyser leurs informations locales pour les cartographier.

Aussi, Internet nous aide grandement. Ces onze derniers mois, on a pu travailler grâce à toutes sortes de traces numériques : drones, satellites ou encore radars.

Des informations issues de bases locales, comme Liveuamap, actualisée par la population ukrainienne.

Et aussi des données partagées par deux entreprises de data. La première : Maxar Technologies qui nous donne toutes les images satellites de l’Ukraine qu’elle enregistre. La seconde : Masae Analytics, notre relayeuse d’images radars des zones géographiques de notre choix.

Comment arrivez – vous à représenter sur carte papier ces données numériques ?

Une fois collectées, mon équipe les étudie toutes. Notre objectif : les comprendre nous même avant de les faire comprendre au lecteur.

Par exemple, pour la cartographie de Marioupol : Du siège à la chute (publiée le 23 mai 2022) nous avons repéré dans les données toutes les zones endommagées de la ville, on les a distingués et on les a représentés sur la carte par des points jaunes et rouges.

Les journalistes reporters et photographes du Monde vous sont-ils d’une grande aide dans la réalisation de vos cartes ?

Totalement ! La rédaction a envoyé, pour couvrir ce conflit-là, 4 journalistes et 4 photographes en permanence sur le terrain.

Toutes les 2 à 5 semaines, ils reviennent dans les locaux et nous racontent ce qu’ils ont là-bas. On leur pose donc tout un tas de questions assez naïves : « Dis-nous où vous êtes descendu ? », « Où avez-vous dormi ? »,

« Est-ce que vous avez pris cette route ? » etc…

En mars dernier, pendant l’élaboration d’une carte de Mykolaïv, les journalistes nous ont raconté des histoires de territoire. L’un disait « Nous avons bu du vin dans ce bar, mais juste à côté de là une usine venait d’être touchée par les russes.

Leurs témoignages sont extrêmement précieux car ils confirment ou non les données que nous avons collectées. Une véritable aide lors de la production de nos cartes.

Justement, combien de temps prenez-vous pour produire une seule cartographie ?

Chacune de nos éditions papier publie une cartographie sur le conflit. La rédaction impose donc aux binômes un rythme effréné. 24 heures pour réaliser une carte.

Pour atteindre l’objectif, la collecte, l’analyse, la visualisation des données se fait en même temps que la réalisation sur Adobe Illustrator.

Dernière étape : l’adaptation web du dessin. Une journée supplémentaire nous est donnée pour la faire.

Comment se déroule, donc, cette adaptation du format papier A3 au format web ?

Les illustrateurs et cartographes vont travailler en équipe avec le développeur.

Ensemble ils vont, d’une part, ajuster la dimension de la cartographie et d’autre part la simplifier. Changer les symboles, la police, les titres, déplacer la légende, le tout en gardant les mêmes couleurs. Exemple type avec notre carto de Marioupol.

A ce jour, toutes nos 200 cartes ont été déclinées de manière spécifique pour le web.

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“La crise ukrainienne masque le revers français au Mali” estime le politologue Bertrand Badie https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/la-crise-ukrainienne-masque-le-revers-francais-au-mali-estime-le-politologue-bertrand-badie/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/la-crise-ukrainienne-masque-le-revers-francais-au-mali-estime-le-politologue-bertrand-badie/#respond Fri, 25 Feb 2022 09:23:38 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=240253 Spécialiste des relations internationales, Bertrand Badie estime que “la crise ukrainienne masque le revers français au Mali”, dans un entretien le 22 février, à moins de deux mois de l’élection présidentielle française.* La France a longtemps encouragé la désescalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine et défendu les accords de Minsk. Emmanuel Macron a-t-il […]

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Spécialiste des relations internationales, Bertrand Badie estime que “la crise ukrainienne masque le revers français au Mali”, dans un entretien le 22 février, à moins de deux mois de l’élection présidentielle française.*

La France a longtemps encouragé la désescalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine et défendu les accords de Minsk. Emmanuel Macron a-t-il tenu un rôle de médiateur ?

Le pari d’Emmanuel Macron était de jouer un rôle pour tenter la négociation. Il ne s’agit pas de médiation car le terme suppose une équidistance. Or, la France n’est pas en position équidistante entre l’Ukraine et la Russie, ou entre les États-Unis et la Russie. Elle est clairement dans le camp occidental. Les bons offices sont indispensables dans les situations de crise donc il était pertinent de tenter la diplomatie. Son pari était double. Emmanuel Macron a considéré que si Vladimir Poutine faisait des concessions à un partenaire, ce serait davantage à lui qu’à Joe Biden. Le président russe est dans une situation d’affirmation de sa puissance. Il veut montrer qu’il est capable de résister aux pressions américaines. Engager une négociation avec un partenaire européen réputé plus faible était une façon de se renforcer vis-à-vis des États-Unis. Je pense qu’Emmanuel Macron misait là-dessus, et sur la fonction de présidence française de l’Union Européenne, même si elle a du mal à percer dans la conjoncture actuelle. Il n’est pas sûr que la présidence européenne veuille dire quelque chose dans la tête de Poutine qui a toujours marginalisé le fait institutionnel européen.

Cette crise peut-elle justement déstabiliser le statut de la France à la tête de la Présidence du Conseil Européen ? 

Il est extrêmement difficile de jauger les compétences propres d’un chef d’État lorsque son pays assure la présidence européenne. Cette référence, tonitruante au début du mois de janvier, s’est pratiquement effacée du discours politique et diplomatique français. L’idée d’une politique étrangère européenne unifiée est fragile. S’appuyer sur la réputation de leader des vingt-sept quand on sait qu’il y a pratiquement autant de politiques étrangères différentes dans l’Union Européenne ne donne pas beaucoup d’atouts. Vladimir Poutine considère que les sanctions européennes feraient aussi mal à l’Europe qu’à la Russie. Ce type d’analyse n’est pas absurde.

Quel peut être l’impact du conflit sur l’élection présidentielle française ?

Le scrutin est au mois d’avril alors on ne peut pas le savoir, et d’ici là, il peut se passer beaucoup d’événements en moins de deux mois. Il serait présomptueux de prévoir l’impact d’un phénomène dont on ne mesure pas encore l’état à venir dans six ou sept semaines.

Mais est-ce déjà un enjeu de campagne ?

Cette question n’a pas été au centre des déclarations des candidats jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est assez surprenant, c’est que la plupart des candidats, de droite ou de gauche, mais surtout de droite, sont plutôt pro-russes et enclins à la bienveillance vis-à-vis de Moscou, comme les deux candidats d’extrême droite Éric Zemmour et Marine Le Pen. Valérie Pécresse, elle, a toujours tenu des propos très nuancés sur le sujet ukrainien, opposés à la solidarité occidentale. Ces propos sont un peu l’héritage de François Fillon que l’on sait ouvertement proche du Kremlin. Finalement, si l’on ajoute Jean-Luc Mélenchon, le camp opposé à la Russie s’amoindrit. Cela favorise Emmanuel Macron pour deux raisons : il est le président en exercice et en cas de tempête, on ne change pas de capitaine. De plus, son discours sur la question ukrainienne est de loin le plus élaboré et le plus documenté parmi tous les candidats. Si cette question vient dominer l’élection présidentielle, ça jouera en sa faveur.

Après les échecs français en Libye ou au Mali plus récemment, la crise ukrainienne est-elle déterminante pour le bilan diplomatique d’Emmanuel Macron ? 

D’un certain point de vue, la crise en Ukraine lui rend service. Le fait que la crise ukrainienne arrive maintenant masque le revers du retrait des troupes au Mali, car le cas du Sahel était véritablement une déconfiture. La crise malienne se trouve occultée par l’affaire ukrainienne. C’est un moyen de faire oublier un échec majeur de la diplomatie macronienne.

A-t-il intérêt à conserver le plus longtemps possible sa double casquette de “président-candidat” ? 

Est-ce que c’est une question d’intérêt ou d’opportunité ? Si les relations internationales venaient à se tendre dans les prochaines quarante-huit heures, l’annonce d’une candidature risquerait de perdre de son effet. Elle prêterait le flanc à la critique, car le président s’occuperait de questions électorales au moment où les choses vont mal. Toute déclaration de candidature, même sobre, implique un travail de préparation, une prise de parole, et quelques effets médiatiques. Tout ceci est bien difficile dans le contexte actuel. Personne ne comprendrait qu’une déclaration de candidature se fasse d’ici la fin de cette semaine.

* Propos recueillis par Rayane Beyly le 22 février 2022, avant l’invasion russe en Ukraine

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