Par les étudiants de M1 du Master de Journalisme de l’Université de Cergy-Pontoise – Site de Gennevilliers
  Rarement expression aura été si heureuse pour désigner les députés du groupe La République en Marche à l’Assemblée nationale. La Haute Autorité pour la transparence de la vie politique a mis en ligne sur son site jeudi 19 octobre les déclarations remplies par les élus au Palais Bourbon. Les 313 se sont acquittés de leurs obligations légales dans les temps. Les étudiants en journalisme de Gennevilliers ont repris les déclarations individuelles pour constituer une base de données qui permet d’objectiver la situation des représentants de la Nation du groupe présidentiel, et dépasser les simples analyses de cas individuels.  

Une sociologie très typée

Les activités professionnelles de ces élus tranchent avec la sociologie des Français. Les études faites au printemps le laissaient subodorer, mais nous sommes au-delà des attentes :  
Liste des catégories socio-professionnelles (codes INSEE)
Agriculteurs exploitants 0,7%
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise 4,7%
Cadres et professions intellectuelles supérieurs 69,3%
Professions intermédiaires 11%
Employés 4,7%
Ouvriers 0
Retraités 0,3%
Autres personnes sans activité professionnelle 9,3%
Les cadres et professions intellectuelles supérieures comptent pour près de 70%, contre 17% à l’échelon national ; quant aux professions intermédiaires et employés qui représentent plus de 25% des actifs pour la France, elles constituent respectivement 11 et 4,7% des députés En Marche, où les ouvriers n’existent pas (20% pour la France). En d’autres termes, les « Premiers de cordée » constituent bien la France aisée.

Des revenus supérieurs à la moyenne française

Les déclarations publiées permettent d’étudier également les revenus et de les comparer aux chiffres pour la France entière. Les enseignements sont riches là encore. Outre des écarts parmi les élus qui s’étalent de 0 euros à 1,7 million, la moyenne des revenus des futurs élus En Marche en 2016 s’établit à 54 072 €, pour une moyenne nationale de 44 670 €. La médiane du groupe de la majorité présidentielle est de 40 500 € pour une médiane nationale de 21 199 €. La ventilation par décile est tout aussi riche d’enseignements  
Les revenus par décile
1er décile 2e décile 3e décile 4e décile Médiane 6e décile 7e décile 8e décile 9e décile
France (2015) 13 630 17 470 21 129 25 390 30 040 35 060 41 290 49 350 63 210
Députés en Marche (2016) 5 886 15 940 21 955 30 356 40 500 48 433 56 538 68 413 101 209
en euros Les deux premiers déciles du groupe en Marche sont en deçà des chiffres nationaux, car de nombreux députés n’ont pas eu de revenus en 2016 : dans la plupart des cas, il s’agit de femmes sans emploi, au foyer. Même si dans ce groupe se trouve un député de la législature précédente, Patrick Vignal, qui annonce pour 2016 son indemnité de conseiller municipal de 2268 euros brut, omettant toute indemnité parlementaire. Tous les autres déciles sont au-dessus des chiffres concernant la France entière, avec de nets écarts dès la médiane : la médiane des revenus des députés LREM, avant leur mandat, est de 25% supérieure à la médiane nationale.

Des élus actionnaires

La déclaration contient également les participations financières dans des sociétés cotées ou non : 69% ne possèdent aucune participation financière dans des sociétés, contre 31% qui sont actionnaires à un titre ou un autre. La situation des Français est bien différente selon l’Autorité des marchés financiers : 6,6% des Français sont actionnaires individuels…

Des députés sans assistants ?

Enfin, les assistants parlementaires des nouveaux députés sont répertoriés : curiosité qui augure mal de l’investissement dans le travail parlementaire, 35 députés n’ont pas d’assistant et 39 n’en déclarent qu’un seul, soit près du quart des élus du groupe qui sont peu épaulés, et ne le souhaitent visiblement pas… comment conçoivent-ils leur travail ? Les premières impressions au soir des élections législatives sont plus que confirmées par les déclarations faites par les élus : leur groupe est constitué par les premiers de cordée… et l’analyse du Président Macron sur leur effet dans l’économie est-il transposable à la vie démocratique et parlementaire ? On peut en douter…