Alev Yildiz Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/alev-yildiz/ De la presse écrite au web Journalisme Wed, 30 Sep 2020 19:29:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Alev Yildiz Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/alev-yildiz/ 32 32 Stéphanie Dassa, https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/stephanie-dassa/ Mon, 18 May 2015 15:19:22 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=3089 CARNET DE VOYAGE Israël  l’art de faire découvrir un pays compliqué à de jeunes journalistes Par Alev Yildiz Avant de regagner la France avec les étudiants du master, l’organisatrice de ce voyage d’études en Israël Stéphanie Dassa s’est prêtée au jeu de l’interview. Directrice des projets au Crif (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), […]

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CARNET DE VOYAGE

Israël

 l’art de faire découvrir un pays compliqué à de jeunes journalistes


Alev_YildizPar Alev Yildiz

Avant de regagner la France avec les étudiants du master, l’organisatrice de ce voyage d’études en Israël Stéphanie Dassa s’est prêtée au jeu de l’interview. Directrice des projets au Crif (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), elle nous parle de son travail, de ses ambitions et surtout, de son rôle très particulier auquel elle tient beaucoup.

C’est elle qui est en grande partie à l’origine du programme riche et varié que nous avons suivi durant ces onze jours. Stéphanie Dassa organise depuis six ans des voyages d’études pour les étudiants en journalisme centrés autour de la Shoah. Mais il y a trois ans, elle a commencé à voir plus loin et s’est mise à leur faire découvrir Israël et les territoires palestiniens, tout en restant dans son domaine de prédilection concernant les sujets de fonds.

« La situation ici est très changeante et même si les thématiques restent toujours à peu près les mêmes, je ne propose jamais deux fois des programmes identiques. Je m’oblige toujours à repenser la situation depuis le début et je m’interroge à la fois sur le contexte régional et international, pour savoir aussi quels sont les points de frontières intéressants à visiter lors des différents voyages », explique-t-elle.

Plusieurs projets, mais un seul et unique objectif

« Le fait de travailler assez régulièrement avec des journalistes me fait réaliser qu’en réalité, ces derniers n’ont jamais le temps d’approfondir certains points. L’actualité va catastrophiquement vite, et on n’a pas du tout le temps d’arrêter la machine », remarque Stéphanie. Ses projets partent toujours d’un seul et même constat, qu’elle évoque avec beaucoup de regrets, mais aussi avec un réel espoir de changer les choses.

« De manière générale, on retrouve des approximations de façon assez récurrente dans la presse. Les confusions et les amalgames sont beaucoup trop courants. Aussi bien sur les questions géographiques que sur le vocabulaire, les choses ne sont pas assez affinées ». Ce que souhaite l’organisatrice au final, c’est apporter suffisamment d’aisance et de contacts aux étudiants afin de de leur permettre de creuser certains sujets loin d’être faciles à traiter.

Et le fait de côtoyer des journalistes en herbe lui plaît : « Cela me fait beaucoup de bien d’entendre leurs interrogations car elles m’offrent un accès direct aux questions qui se posent au sein de la société française ». À travers les étudiants, c’est en quelque sorte une partie de l’opinion publique qu’elle perçoit. « J’ai besoin de ne pas rester dans le microcosme du Crif, avec des positions qui seraient très tranchées. Ce que je gagne en travaillant avec des jeunes étudiants, c’est d’abord une grande fraîcheur intellectuelle », ajoute-t-elle.

Un échange à double sens, puisque Stéphanie confie : « J’ai envie de vous donner cette capacité d’arrêter la machine, de vous poser, de regarder, d’écouter et d’avoir accès à plusieurs formes de narratif. C’est ce qui va vous permettre ensuite de situer un peu la complexité des choses. »

Israël, cette terre qui la fascine tant

Le lien qui unit Stéphanie à ce pays est d’abord familial. « Toute la famille de mon père était apatride quand elle a été expulsée d’Égypte et qu’elle est venue habiter ici, faute d’autres endroit » nous raconte-t-elle. Mais la directrice des projets du Crif éprouve par ailleurs un réel intérêt intellectuel et beaucoup de curiosité pour Israël : « J’ai fait des études d’histoire et j’ai aussi été documentaliste. Donc tout ce qui touche à des choses qui ont une forte propension historique m’interpelle énormément ».

Ce pays, qui fait à présent partie des leaders mondiaux sur les hautes technologies, elle souhaite en montrer la modernité ainsi que la vitalité économique : « En fait, cette émulation qu’il y a en Israël m’intéresse beaucoup personnellement. J’ai envie de montrer cette énergie créative et surtout, la capacité des gens à s’organiser eux-mêmes pour s’extraire de leur situation quotidienne, notamment grâce à de multiples associations de quartier ou municipales ».

Stéphanie a aujourd’hui 40 ans et elle travaille au Crif depuis plus de treize ans : « Le Crif a une place très ancrée dans la société française et dans le débat politique à tel point que parfois, certains se questionnent sur sa prétendue influence. Mais c’est un pur fantasme, car nous n’en n’avons pas plus que n’importe quel autre citoyen de ce pays. La situation est grave sur le plan de l’antisémitisme en France, mais elle n’est pas irrémédiable. Toute forme d’agression et de violence raciste doit cesser ».

« Notre grand projet pour les années à venir, c’est surtout d’essayer, tant que c’est encore possible, de bien recoudre le tissu social français qui s’est un peu déchiré », déclare-t-elle, toujours avec un grand optimisme.

 

 

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Rencontre avec Valérie Igounet, https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/rencontre-valerie-igounet/ Mon, 19 Jan 2015 14:49:12 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=2513 spécialiste du négationnisme   Par Victoria Laurent et Alev Yildiz   Historienne française, spécialiste du négationnisme et de l’extrême droite en France, Valérie Igounet a rencontré et échangé avec les étudiants du master journalisme de Gennevilliers, vendredi 8 janvier. Au programme : l’évolution du discours négationniste, ses porteurs et les controverses qui l’entourent. Son travail, […]

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spécialiste du négationnisme

 

Par Victoria Laurent et Alev Yildiz

 

Historienne française, spécialiste du négationnisme et de l’extrême droite en France, Valérie Igounet a rencontré et échangé avec les étudiants du master journalisme de Gennevilliers, vendredi 8 janvier. Au programme : l’évolution du discours négationniste, ses porteurs et les controverses qui l’entourent.

Son travail, elle l’a commencé à l’âge de 21 ans, à travers des entretiens avec des figures du négationnisme français. Des interlocuteurs souvent pas si honnêtes que ça. « J’avais en face de moi des gens qui n’assumaient pas et qui mentaient. J’étais face à une question éthique : comment utiliser une source orale avec des propos qui, par essence, sont mensongers, et qui sont totalement éloignés de mes conceptions ? » nous a-t-elle expliqué. De Pierre Vidal-Naquet, auteur des Assassins de la mémoire, à Maurice Bardèche, en passant par Robert Brasillach, Louis Alliot, Jean-Claude Pressac, Robert Faurrisson et Jean-Marie Le Pen, la liste est longue. Tous ces hommes, elle les a rencontrés et les a interrogés avec un regard critique mais passionné. Valérie Igounet situe l’apparition du discours négationniste – selon lequel le génocide des juifs n’aurait jamais existé – en 1948, année de la création de l’Etat d’Israël. « Pour moi, c’était évident que ces gens mentaient. Mais ce qui m’a troublé, c’était que des hommes d’ultra-gauche s’y mettaient aussi » a-t-elle raconté.
Ceux qui se disent révisionnistes ont tous un point commun selon l’historienne :  il s’agit « d’hommes des extrêmes, avides de notoriété. Ce sont des idéologues, des pseudos chercheurs, mais en n’aucun cas des historiens ». Valérie Igounet dénonce leur démarche, qui est toute à fait opposée à celle des historiens : « ils ne font pas parler les documents, ils partent d’un postulat et surtout, ils sont convaincus qu’ils ont raison. Ils ont aussi un discours idéologique et politique. Or, pour être objectif et juste en tant qu’historien, il faut se confronter à une masse documentaire et en rendre compte. ». Le premier à faire valoir cette idéologie en France est Paul Rassinier. Ancien déporté dans un camp où il n’y avait pas de chambres à gaz, il publie en 1960 un ouvrage niant le génocide, intitulé Le mensonge du vice. « Il a contribué à instrumentaliser le discours. En tant qu’ex-homme de gauche et ancien déporté, il était la figure idéale pour porter ce courant dans notre pays » a-t-elle estimé.
Valérie Igounet a détaillé aux étudiants du master plusieurs événements dans l’histoire d’Israël qui ont marqué une progression de la théorie négationniste. La guerre des Six jours en 1967 marque le premier tournant discursif dans cette idéologie. Selon l’experte, à cette date, « l’antisionisme » va supplanter la « haine de l’arabe ». Par nécessité dogmatique et idéologique, les négationnistes vont se mettre à soutenir l’Etat de Palestine. « C’est ce même discours que vont aujourd’hui soutenir Dieudonné M’bala M’bala et Alain Soral » a-t-elle précisé.


Le tract fondateur du négationnisme en France

coupure de journal - Chomsky et Faurisson« Six millions de morts, le sont-ils réellement ? ». Ainsi s’intitule l’une des « Bibles » du négationnisme sortie en Grande-Bretagne en 1973 au moment de la guerre du Kippour. Il s’agit en fait d’un fascicule qui a été diffusé par François Duprat, numéro 2 du Front National.  Autre article qui a contribué à introduire le négationnisme en France, « Le problème des chambres à gaz ou la rumeur d’Auschwitz », rédigé par Robert Faurisson et publié dans Le Monde. « Le Monde a décidé de publier cela en montrant que les thèses allaient se contrecarrer d’elles-mêmes. Il y avait une certaine noblesse dans le projet du journal, mais malheureusement, ça n’a pas fonctionné », a ajouté Valérie Igounet.

Les principales revues négationnistes sont des revues qui ont fonctionné, et qui ont été diffusées soit sous le manteau, soit dans les librairies d’extrême droite, soit par le biais d’abonnements. L’ouvrage de Roger Garaudy, Les mythes fondateurs de la politique israélienne, a transporté le négationnisme au sein du monde arabe. Des pages que Valérie Igounet qualifie « d’indigestes ». Mais ces pages ont abouti dans les années 2000 à une internationalisation du négationnisme. S’il avait déjà commencé à se répandre, il n’y avait pas vraiment d’écho sérieux. En 2006, l’historienne nous apprend qu’un « véritable tournant » a lieu lors de l’organisation d’une conférence en Iran. C’était la « première fois dans l’histoire que des professionnels négationnistes étaient accueillis en grande pompe dans des locaux officiels ». En somme, la concrétisation d’un négationnisme d’Etat par un gouvernement.


Le négationnisme contemporain

 

Capture d’écran 2015-01-16 à 16.59.13Valérie Igounet pense que cette théorie est encore plus ou moins répandue au sein de certains pays arabes et aussi dans d’autres pays comme la France. En décembre 2008, lorsque Dieudonné invite Robert Faurisson sur la scène du Zénith lors de l’un de ses spectacles, elle considère qu’il « s’allie ouvertement avec lui ». Alors que l’humoriste s’était présenté aux législatives à Dreux en 1997 contre le Front National en tant qu’antiraciste, il aurait ensuite « dérivé » et « commencé à s’acoquiner avec l’extrême-droite ». Dieudonné a ensuite affiché son soutien à la Palestine en se présentant sur une liste appelée EuroPalestine, qui a atteint plus de 10% dans certaines villes.
Concernant le discours du Front National, Valérie Igounet évoque une « mutation » entre l’époque où Jean-Marine Le Pen présidait le parti et l’époque actuelle, notamment sur la question du conflit israëlo-palestinien. « Le logiciel frontiste était en train de changer via les discours de Dieudonné et d’Alain Soral », dit-elle, tout en constatant que lorsque Marine Le Pen s’est « imposée idéologiquement et a imposé ses marqueurs, il y a eu une évolution au sein du FN ». En 2012, les négationnistes ne sont plus du tout acceptés au sein du parti « car la présidente a changé ». Ainsi, Valérie Igounet démontre que le négationnisme est instrumentalisé à des fins politiques.
Les étudiants du master avaient visionné au préalable son documentaire « Les Faussaires de l’histoire » qu’elle a co-écrit avec le réalisateur Michael Prazan. Après avoir répondu de façon détaillée à leurs questions, Valérie Igounet clame : « Selon moi, quand on a fini de le regarder, j’espère que l’on n’a plus aucun doute, que l’on a même une aversion et surtout que l’on voit où ces personnes ont voulu en venir. Il a une portée politique et pédagogique ».

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