Aya Nakamura Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/aya-nakamura/ De la presse écrite au web Journalisme Fri, 28 Mar 2025 08:53:22 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Aya Nakamura Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/aya-nakamura/ 32 32 “Tanaland”   :   Quand   les Tiktokeuses se réapproprient une insulte misogyne et imaginent un pays sans hommes https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/quest-ce-le-tanaland/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/quest-ce-le-tanaland/#respond Fri, 28 Mar 2025 08:53:21 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=243436 En octobre 2024, l’insulte sexiste “tana” a fait son apparition sur Tiktok. Les jeunes femmes visées par cette injure l’ont récupérée pour créer Tanaland, un pays fictif 100% féminin. Ce phénomène viral illustre un concept sociologique courant dans le militantisme : le retournement du stigmate. Une nouvelle injure misogyne a fait son apparition sur Tiktok […]

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En octobre 2024, l’insulte sexiste “tana” a fait son apparition sur Tiktok. Les jeunes femmes visées par cette injure l’ont récupérée pour créer Tanaland, un pays fictif 100% féminin. Ce phénomène viral illustre un concept sociologique courant dans le militantisme : le retournement du stigmate.

Une nouvelle injure misogyne a fait son apparition sur Tiktok en octobre 2024 : “tana”. Ce terme, tiré d’une chanson du rappeur Niska, est un équivalent des mots pute ou salope, bannis des commentaires du réseau social. En réaction à cette (énième) attaque sexiste, les Tiktokeuses ont décidé de se la réapproprier pour créer le pays fictif de “Tanaland”, un état réservé uniquement aux femmes.

“Le symbole derrière ce mouvement, c’est le ras-le-bol de recevoir des insultes misogynes à longueur de journée, explicite l’influenceuse @Toomuchlucile dans un Tiktok publié en septembre 2024. « On aimerait avoir un endroit où s’habiller comme on veut, dire ce qu’on veut, faire ce qu’on veut, sans être traitées de tous les noms.” Marie-Anne Paveau, professeure en sciences du langage à l’université Paris 13, s’intéresse à Tanaland au travers du concept de resignification. “C’est la réappropriation d’une insulte, qui devient une sorte d’étendard d’identité et de fierté”, raconte la théoricienne. D’autres chercheurs nomment ce processus la réappropriation ou encore le retournement du stigmate. Et pour que ce phénomène puisse avoir lieu, plusieurs conditions doivent être réunies.

Plusieurs critères pour qu’il y ait resignification

D’abord, il faut être concerné par l’injure. “Par exemple, moi, qui suis une femme de 59 ans, je ne peux pas resignifier tana, parce que je n’ai pas reçu cette attaque-là et que je ne suis pas dans la classe d’âge ni dans la catégorie visée,” explique Marie-Anne Paveau. La personne qui reçoit l’injure doit aussi être affectée : ”Judith Butler, philosophe américaine, présente cela sur le siège de la blessure”, ajoute la linguiste. Cette interaction doit ensuite être suivie d’un déplacement de contexte lors de sa réutilisation. Les tanas reprennent ce terme, péjoratif dans la bouche de ceux qui leur adressent, pour le retourner à leur avantage.

Mais ce processus n’est pas né avec Tanaland. En 2011 par exemple, les “Slutwalks” (Marches des salopes) réunissent des femmes à Toronto, puis partout dans le monde, qui protestent contre les violences sexuelles, la culture du viol et le slut-shaming (entre autres). “La resignification apparaît souvent, mais pas toujours dans un contexte féministe. Par contre, je pense qu’elle apparaît toujours dans un contexte militant”, avance Marie-Anne Paveau. Les lesbiennes, ont récupéré le mot gouine pour en faire un étendard d’identité. Comme pour Tanaland, l’idée d’un “Gouinistan” a aussi été évoquée, “mais c’est resté argumentatif” précise la professeure.

Tanaland : un cas de double retournement du stigmate

Au contraire, Tanaland est un concept très concret. Sur les réseaux-sociaux, les jeunes femmes se filment en train de fermer leurs valises pour s’envoler vers leur nouveau territoire.  L’idée  d’un  gouvernement est également évoquée, avec, pour présidente pressentie, l’artiste Aya Nakamura. La chanteuse de pop urbaine est, elle aussi, régulièrement victime d’attaques sur les réseaux, en raison de son genre mais aussi de sa couleur de peau. Avec les réseaux-sociaux, le retournement du stigmate est plus rapide qu’avant et peut rapidement rendre un phénomène viral.

Dans le cas de Tanaland, Marie-Anne Paveau parle même d’une double resignification. Les jeunes femmes se réapproprient le mot, mais agrémentent aussi leurs Tiktoks d’une esthétique “girly” très marquée. Ces tiktokeuses se maquillent, portent des robes, des jupes, du rose, etc. “Elles revendiquent la culture Barbie, qui a été un petit peu restaurée grâce au film, mais reste une culture qui est très méprisée, jugée superficielle” analyse Marie-Anne Paveau.

“Cet univers fictif met en lumière un besoin pour les femmes de créer des lieux loin du harcèlement masculin”

Pour Marie Lafon-Bach, doctorante en sciences de l’information et de la communication, le succès de Tanaland sur Tiktok pose aussi la question de la non-mixité sur les espaces numériques : “Cet univers fictif met en lumière un besoin pour les femmes de créer des lieux loin du harcèlement masculin.” D’après la chargée de travaux dirigés à la Sorbonne Nouvelle, cela peut se rapprocher des initiatives de non-mixité qui existaient bien avant les réseaux numériques. “La non-mixité apparaît dès les années 1890 et les réunions entre femmes s’imposent durant la décennie 1970 comme un levier privilégié de partage d’expérience et de politisation du privé, ajoute Marie Lafon-Bach. La sociologue souligne “une grosse résonance” entre ces événements du 20ème siècle et ce qu’il se passe aujourd’hui en ligne, en pleine quatrième vague des mouvements féministes.

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Aya Nakamura a une nouvelle fois dead ça avec son nouvel album -n’en déplaise aux puristes de la langue française https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/aya-nakamura-a-une-nouvelle-fois-dead-ca-avec-son-nouvel-album-nen-deplaise-aux-puristes-de-la-langue-francaise/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/aya-nakamura-a-une-nouvelle-fois-dead-ca-avec-son-nouvel-album-nen-deplaise-aux-puristes-de-la-langue-francaise/#respond Fri, 20 Nov 2020 13:13:36 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=10876 Une semaine après la sortie de son nouvel album AYA, la chanteuse originaire d’Aulnay-sous-Bois a explosé les charts en se hissant à la première place du classement. Elle est la chanteuse française la plus écoutée dans le monde et pourtant en France, si elle n’est pas perçue comme hautaine et illettrée, on lui reproche de […]

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Une semaine après la sortie de son nouvel album AYA, la chanteuse originaire d’Aulnay-sous-Bois a explosé les charts en se hissant à la première place du classement. Elle est la chanteuse française la plus écoutée dans le monde et pourtant en France, si elle n’est pas perçue comme hautaine et illettrée, on lui reproche de se prendre pour « la Madonna de banlieue ». 

L’ultime victime médiatique de misogynoir 

Le mépris des médias français révèle la misogynoir dont Aya est victime : une misogynie « classique » associée au fait qu’elle soit noire. Beaucoup d’hommes (et de femmes…) sur les réseaux sociaux l’ont longtemps moquée, considérant qu’elle ressemblait à un homme ou à un joueur de football. Assez discrète sur Twitter, un peu moins sur Snapchat, Aya Nakamura justifie cette rareté dans des propos rapportés par l’artiste Wejdene dans une interview accordée à Mehdi Maïzi de Booska-p : « T’es folle ! il faut pas regarder les critiques Twitter. Si tu prends en compte tout ce qu’ils disent, ça va te détruire ». 

Lorsqu’Aya Nakamura se fait remonter les bretelles pour avoir utilisé trop de mots jugés incompréhensibles, elle n’en est pas à sa première attaque de la part des médias. En réalité, l’argot qu’elle utilise n’est pas celui d’un breton ou d’un corse mais celui des noirs et des arabes de quartiers et ça… ça ne passe pas. « En catchana », « lossa », « tchop », Aya multiplie les mots d’argot dans ses textes et l’assume dans une interview au HuffPost : « C’est mon langage de la vie de tous les jours, je n’ai pas envie de faire semblant. L’argot c’est un langage très utilisé dans les quartiers ou autres et je pense que chaque milieu à son argot. ». Mais les néologismes sont respectés et respectables lorsqu’il s’agit uniquement de ceux prononcés par Apollinaire ou Mallarmé

Dans une culture dominante blanche et bourgeoise, le vocabulaire d’Aya Nakamura est insaisissable par une partie de la population, alors qu’il est entièrement accessible pour une autre. Seulement, la première partie de la population accuse, méprise et rend responsable la deuxième de manquer de culture et d’avoir un langage limité. Mais étrangement, lorsque le cas contraire s’opère, c’est toujours cette deuxième partie de la population qui demeure responsable. Il ne leur viendrait pas à l’esprit de se dire que la richesse d’une langue vivante tient à son évolution. Ni de reconnaitre que l’immigration et la colonisation ont fatalement conduit à ce genre de mutation. Ni même de prendre conscience de leur snobisme intellectuel. 

« Tu parles sur moi y’a R, crache encore y’a R »

Alors qu’elle est valorisée sur la première page du New York Times aux États-Unis, ce n’est pas le cas en France. Entre Nikos Aliegas qui écorche son nom à de multiples reprises et sa présence à C à vous qui a créé un malaise, là où la chanteuse a considéré dans une interview accordée à 20 minutes que « C’était comme si la présentatrice voulait me mettre dans un délire :’C’est trop dur la cité, je suis une renoie, c’est trop dur’ en mode pleurnichage. Alors que non, j’ai jamais dit ça moi », Aya Nakamura est ouvertement moquée et rendue illégitime entre mépris de genre, de race et de classe.

Malgré les attaques des médias, Aya ne s’est pas laissée abattre et continue d’accepter des interviews. Elle s’est livrée à Mouloud Achour dans Clique sur son nouvel album : « C’est un album de love », ses attentes envers un homme, et a parlé d’amour tout simplement : « Tu prends toujours des risques quand tu aimes », sans qu’elle n’ait à évoquer, avec obsession et fantasme de la part du journaliste, le milieu dont elle est issue.

« J’fais mon bif et j’me débrouille toute seule, ce que j’ai, je l’ai gagné toute seule »

En méprisant la star internationale qu’est Aya Nakamura, les médias français méprisent toute une réalité, à savoir des jeunes filles, des jeunes femmes ou des jeunes garçons qui peuvent s’identifier à une artiste féministe noire. On peut par ailleurs rappeler qu’en 2020 comme l’évoquait un article de Slate, « La vraie parisienne est plus proche d’Aya Nakamura que d’Inès de la Fressange ». Alors que les snobs semi-intellectuels se rhabillent et ferment la porte derrière eux : Aya est dans le sas depuis un moment et compte bien y rester. 

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