immigration Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/immigration/ De la presse écrite au web Journalisme Fri, 01 Oct 2021 07:03:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png immigration Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/immigration/ 32 32 Les mamas de Grigny, un traiteur solidaire https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/les-mamas-de-grigny-traiteur-solidaire/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/les-mamas-de-grigny-traiteur-solidaire/#respond Fri, 01 Oct 2021 06:59:22 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=12680 Figures familières du parvis de la gare et ses brochettes, les Mamas de Grigny s'essaient aux fourneaux du coeur sous la tutelle du GRDR. Ces 8 femmes immigrés originaires d'Afrique ont lancé un service de restauration destiné aux populations défavorisés de la ville, la plus pauvre de France. Encadré par la mairie et l'ONG, le projet valorise le savoir-faire de ces mères de famille.

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Photo : Lundi et Oumou coupent des tomates ©Laura-Esméralda Salgon

Ces 8 femmes immigrés originaires d’Afrique ont lancé un service de restauration destiné aux populations défavorisés de la ville, la plus pauvre de France. Encadré notamment par la mairie et l’ONG Grdr, le projet valorise le savoir-faire de ces mères de famille.

Ce jeudi matin, Koudedia, Lundi, Damba et Oumou s’activent en cuisine dans une ambiance joyeuse. Elles épluchent les carottes, coupent les oignons et préparent les cuisses de poulet pour le couscous qu’elles vendront au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Grigny. L’établissement public distribuera ensuite les plats « cuisinés avec amour » à des personnes en grande précarité. L’association les Mamas de Grigny est un restaurant solidaire qui réunit huit « mamas » immigrées d’origine africaine qui cuisinent mafé, couscous ou encore tieb, chaque lundi et jeudi matin dans la petite cuisine de l’épicerie solidaire de la commune. Un aboutissement, pour ces femmes qui sont souvent dans une situation irrégulière, contraintes de vendre brochettes ou maïs sur le parvis de la gare de Grigny, pour joindre les deux bouts.

Cécile Lundi que tout le monde appelle Lundi s’attelle à couper les oignons. Originaire du Congo, elle a quitté ses deux enfants pour s’installer en France. Le projet des Mamas de Grigny s’inscrit dans la continuité de son histoire personnelle. « Nous, en Afrique, nous avions un restaurant et une pâtisserie. Nous vendions des cakes, des croissants et des beignets. », énonce-t-elle avec une pointe de fierté dans la voix. Lundi s’est installée à Grigny, il y a cinq ans après avoir quitté Paris car son logement était « trop petit ». Depuis son arrivée en France, elle s’est échinée à trouver du travail. « Ici, on n’a pas le choix, on travaille. On est venus pour travailler » affirme-t-elle. La mère de famille âgée de 50 ans travaillait à temps partiel en tant que femme de ménage dans un collège à Rueil Malmaison (Yvelines), pendant 8 ans. « Il m’arrivait parfois de rentrer à 22 heures, avec les transports », confie Lundi. En parallèle, elle vendait de la nourriture africaine sur le parvis de la gare. Six personnes se partageaient les escaliers qui surplombent l’arrêt du RER D de Grigny, vendant brochettes, prunes ou encore écouteurs. « On a eu des problèmes avec la police. Ils contrôlent, ils fouillent puis jettent toute la marchandise à la poubelle » déplore Koudedia, une autre mama, une Malienne de 39  ans.

« C’est Roberta qui est venue nous chercher sur le parvis de la gare »

Cécile Lundi, membre des Mamas de Grigny

Il aura fallu une rencontre décisive pour que les deux femmes se lancent dans l’aventure les Mamas de Grigny: « C’est Roberta qui est venue nous chercher sur le parvis de la gare » raconte Lundi. Roberta Bocca fait partie du Grdr (Migration-Citoyenneté-Développement) une ONG qui œuvre en faveur du développement en Afrique de l’Ouest, en France et en Europe. La jeune femme à l’accent italien chantant est venue à Grigny il y a un an et demi pour faire un simple rapport sur les vendeurs à la sauvette. Très vite, elle repère le potentiel de ces femmes. « Quand je suis arrivée à Grigny, on m’a dit que six femmes m’attendaient à mon bureau à Pablo Picasso. Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’étais gelée, elles me regardaient sans rien dire pendant que je leur présentais le projet. Puis à la fin elles m’ont dit: “Oui, on est d’accord, on y va.’ », se remémore Roberta.

L’association leur fournit ensuite l’appui nécessaire pour qu’elles développent le restaurant : cours de cuisine avec des chefs, soutien juridique et formation de marketing et de communication. « Elles ont des compétences et des capacités de cuisine formidables », s’émerveille Roberta face à la rapidité d’apprentissage des Mamas de Grigny, « elles sont capables de s’adapter à une cuisine totalement différente de leur pays d’origine ».

« Une fois que nous aurons la réponse de la mairie pour les aides et que nous aurons imprimé les flyers, les gens viendront. » espère Lundi. Pour l’instant, l’association travaille dans une petite maison, à dix minutes à pied de la gare. « Si on veut cuisiner à terme pour 300 personnes, on a besoin de quatre plaques de cuisson plus grandes » ajoute Lundi. Si Roberta reconnaît que la mairie a été d’une grande aide, elle regrette qu’à ce jour ces femmes ne puissent pas recevoir une rémunération suffisante pour leur travail « Certaines continuent leur activité sur le parvis de la gare. Elles disent qu’elles sont bénévoles et ça me déprime ». Ce jeudi matin, des architectes sont venus inspecter les locaux partagés pour évaluer les travaux à faire. Mais la jeune femme membre du Grdr veut y croire. Pour elle, développer ce genre d’initiatives avec des femmes issues de l’immigration a de nombreuses vertus : « On s’est rendu compte que passer par la cuisine aidait à débloquer beaucoup de situations socio-professionnelles et familiales. On développe un lien de confiance ». Amandine Spire, maître de conférence en géographie à l’Université Paris VII et qui fait partie du projet depuis six mois, abonde en ce sens : « C’est la reconnaissance d’une activité économique. C’est donner la place à des personnes peu entendues qui sont souvent dans des situations irrégulières et dans une grande précarité ». Olivier Cousin, réalisateur de Murs de Papiers, renchérit « On cherche à donner de la visibilité à ces femmes en leur redonnant leur place et en suscitant le débat. » Ce matin-là, Olivier Cousin et Amandine Spire se rendaient à la mairie de Grigny pour rencontrer des élus.

L’association souhaite alerter les élus locaux certes mais aussi donner une autre image de la ville la plus pauvre de France. « On parle toujours de la pauvreté et de la misère à Grigny. J’espère qu’avec ce genre d’initiatives on pourra mettre en lumière quelque chose de positif » conclut Roberta.


Un reportage de Jade Le Deley et Laura-Esméralda Salgon

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Portrait – Najeeb Alshofe : l’espoir en exil https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/portrait-najeeb-alshofe-lespoir-en-exil/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/portrait-najeeb-alshofe-lespoir-en-exil/#respond Tue, 09 Feb 2021 10:41:47 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11614 Najeeb, réfugié syrien, a reçu une réponse positive : il est autorisé à travailler et vivre en France

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Najeeb Alshofe, emprisonné et torturé à Damas quand il avait 24 ans, garde l’espoir. Dans cet immeuble gris pas loin des Halles de Lorient, le salon n’est pas digne d’un magazine de déco. Cet appartement est géré par une association mandatée par l’Etat. Qu’importe l’esthétique des lieux, Najeeb s’apprête à le quitter. Il n’est plus demandeur d’asile, il a reçu une réponse positive et est maintenant autorisé à travailler et vivre en France. 

Ce Syrien de 28 ans partage l’appartement avec plusieurs autres hommes majoritairement afghans. Najeeb leur adresse un sourire courtois mais il garde ses distances « j’utilise mon propre produit vaisselle », confie-t-il d’un air entendu. « Je ne leur dis pas que je viens d’une famille druze » une référence à sa religion, minoritaire en Syrie, et dont on trouve aussi des fidèles au Liban et en Israël. 

Son père, ouvrier à l’usine, a fait parti du Mouvement Nationaliste Arabe. Le gouvernement l’a emprisonné dans les années 70, puis relâché. Bien qu’ils soient souvent en désaccord idéologiquement, sa grande bibliothèque a donné à Najeeb l’amour pour la littérature et les histoires, réelles ou fantasmées. 

Dès 2011, Najeeb travaille dans une radio à Damas. Il y évoque les problématiques sociales des syriens. La radio est proche d’un parti politique Tayyar Syria, un parti de l’opposition.

Les prisons syriennes

Alors qu’il a 24 ans, Najeeb reçoit un mail du directeur de l’université qui le convoque au commissariat. Il est transféré dans la prison d’Adra, au nord-est de Damas. Tous les prisonniers sont mélangés, il n’y a pas uniquement des opposants politiques. Dire que cet endroit est surpeuplé serait un euphémisme. 7000 détenus y sont emprisonnés pour 2500 places (rapport de 2014).

En fixant droit dans les yeux sans détourner le regard, il raconte, sans s’arrêter. Il raconte la torture, il raconte les coups avec un tuyau vert. Plus flexible, il permet de frapper plus longtemps. Najeeb raconte les puces dans la prison, les quarante personnes dans des cellules minuscules. Au tribunal, son chef d’inculpation ? Il fréquente quelqu’un appelé « terroriste ».  Sa famille réunit de l’argent et parvient à le faire sortir.

Si ce grand gaillard se retrouve dans cet appartement lorientais à disposer des figues séchées dans des sachets bioccop et à blaguer sur son embonpoint, c’est parce qu’il a fuit son pays. Depuis, Najeeb est en exil. 

Le trajet de l’exil

Najeeb fuit au Liban. Il y reste un an, et y fait des démarches pour trouver un visa. Là-bas, il y est toujours reporter. Il couvre les problèmes sociaux des réfugiés à Beyrouth. Les réfugiés syriens représentent 20% de la population libanaise. Il réalise aussi des podcasts sur les affaires criminelles.

Najeeb est en contact téléphonique quasi permanent avec Ghias. Exilé de Syrie depuis une vingtaine d’années en Angleterre, cet homme plus âgé est vite devenu le pilier sur lequel il s’appuie. Militant des droits de l’homme en Angleterre, il parvient à trouver une bourse adressée aux journalistes. Quand Najeeb arrive en France en avion en 2019, Ghias agit comme un traducteur d’une culture française parfois difficile à saisir.  Ils ne se sont jamais rencontrés, mais Najeeb l’appelle parfois cinq fois par jour. Il vient d’une famille traditionnelle, où on respecte les codes. Alors certains détails lui échappent. Dans la famille française où il est accueilli à ses débuts à Rochefort-en-terre en Bretagne, parfois un membre se fait un thé et ne lui en propose pas. A-t-il dit ou fait quelque chose de mal ? Non, lui explique Ghias, ça veut juste dire que tu es considéré comme un habitant à part entière de la maison. 

Se projeter dans le futur

Najeeb voudrait que sa fiancée Zaina puisse le rejoindre en France. Ils se sont rencontrés dans l’immeuble où ils travaillaient à Damas. Elle est peintre et y vit encore. Ils étaient amis puis au cours de son exil, ils se sont soutenus par téléphone et sont tombés amoureux. Il essaie de grapiller des infos juridiques ici ou là pour la faire venir en France. Zaina trouve que c’est quelqu’un « d’incroyablement optimiste ».

Najeeb Alshofe déclare comme une évidence : « On ne prend jamais rien de positif de la torture et de la prison. Je ne peux pas transformer ça en positif. C’est impossible. » Malgré son sourire doux, il y aura toujours une part de lui restée là-bas dans la prison d’Adra à Damas. Mais il ne veut pas qu’on le voit comme un énième exilé. Alors il se plonge dans ses projets. Il a déjà commencé à écrire des petites histoires qu’il garde sur son téléphone. « Ces histoires sont inspirées de ma vie, mais c’est imaginé.» Najeeb raffole de Dostoïevski et du révolutionnaire poète et dramaturge égyptien  Naguib Surur. On disait de lui qu’il était impossible de le corrompre. Najeeb Alshore, lui, est avant tout un journaliste fin observateur du monde, et il est déterminé à le montrer. 

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