Justice Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/justice/ De la presse écrite au web Journalisme Fri, 14 Jan 2022 19:18:57 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Justice Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/justice/ 32 32 Kevin Strickland, la seconde vie d’un innocent https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/kevin-strickland-la-seconde-vie-dun-innocent/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/kevin-strickland-la-seconde-vie-dun-innocent/#respond Fri, 14 Jan 2022 19:15:12 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=239879 En 1978, il est accusé d’un triple meurtre à Kansas City. Kevin Strickland a été innocenté plus de quarante ans après, il y a deux mois. Après une vie passée derrière les barreaux, il a entamé sa reconstruction. Sans repères, mais avec de l’espoir. Son visage autrefois juvénile a pris de lourdes rides. 43 ans […]

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En 1978, il est accusé d’un triple meurtre à Kansas City. Kevin Strickland a été innocenté plus de quarante ans après, il y a deux mois. Après une vie passée derrière les barreaux, il a entamé sa reconstruction. Sans repères, mais avec de l’espoir.


Son visage autrefois juvénile a pris de lourdes rides. 43 ans de captivité. Une éternité. En novembre 2021, Kevin Strickland a quitté le Western Missouri Correctional Center de Cameron où il était incarcéré depuis l’âge de dix-neuf ans. Son uniforme orange troqué pour une tenue civile. Son corps esseulé sur un fauteuil roulant à cause d’une sténose vertébrale. Il en est presque sorti comme il y était entré à l’époque. D’une façon imprévisible. Inattendue. Son histoire s’ajoute à la longue liste d’Américains victimes d’erreurs judiciaires. Elle est la septième plus longue condamnation injustifiée reconnue aux États-Unis, d’après les données du National Registry of Exonerations.


Innocence rejetée


La vie de M. Strickland bascule vers l’injustice en 1978. Le jeune homme est un garçon comme les autres. A cela près qu’il est noir. Dans une Amérique où la ségrégation raciale a été récemment abolie, c’est plus qu’un détail. Un 25 avril, il se retrouve mêlé à l’horreur. Trois personnes sont abattues dans une maison. Sherrie Black, 22 ans, Larry Ingram, 22 ans, et John Walker, 20 ans. La quatrième victime, Cynthia Douglas, a plusieurs blessures. C’est elle qui accuse Strickland du triple homicide. Deux prévenus réfutent sa présence sur le lieu du crime. Mais rien n’y fait. Face à un jury exclusivement blanc, l’Afro-Américain est déclaré coupable. Le voici condamné à la prison à vie. Commence alors un long chemin de croix de 15 487 jours de prison pour le condamné, finalement innocenté.


Il y aura bien sûr cette réaction coupable de Mme Douglas: « Les choses n’étaient pas claires à l’époque, mais maintenant j’en sais plus et j’aimerais aider cette personne si je le peux », déclare-t-elle au sujet de l’accusé, auprès du Midwest Innocence Project (organisation en aide aux innocents condamnés, NDLR). Elle n’a pas le temps de révoquer officiellement son témoignage initial contre M. Strickland et décède en 2015. L’accusé lui, erre entre les quatre murs de sa petite cellule. Cet endroit devenu sa maison. A l’issue de sa première nuit loin des barreaux, il confie: « Je suis habitué à vivre dans une cellule fermée et confinée, où je sais exactement ce qui se passe à l’intérieur. A la maison, vous entendez les craquements du parquet, le câblage électrique et tout le reste … J’ai eu un peu peur. Je pensais que quelqu’un venait me chercher ». Une liberté qu’il doit au travail acharné du Midwest Innocence Project qui est parvenu à relancer l’enquête.


En 2021, le juge James Welsh révèle enfin « qu’aucun indice matériel ne le liait au crime » et « qu’il a été condamné uniquement sur la base du témoignage ». Une évidence insolente. Destiné à s’écraser face à l’injustice, et à refaire en boucle les cent pas du désespoir, Kevin Strickland, 62 ans, est libre. Contre toute attente.


« Ressentir le pouvoir de l’eau »


La suite appartient à l’indicible. La réhabilitation d’un homme bafoué, puis épargné. Oublié puis ressuscité. Son premier déplacement l’emmène sur la tombe de sa mère, Rosetta, disparue quelques semaines plus tôt. “J’ai pleuré, comme lorsqu’on m’avait déclaré coupable d’un crime que je n’avais pas commis. Je pense qu’elle m’a entendu”, explique-t-il. La victime d’erreur judiciaire essaie maintenant de recoller les morceaux d’un destin bouleversant. Pour sauver ce qui peut encore l’être. « Je n’en reviens toujours pas. Je ne suis pas forcément en colère. J’essaie de comprendre comment assembler la joie, le chagrin, la peur », affirme-t-il.


Parmi les 2500 Américains innocents blanchis par la justice ces trente dernières années, le sexagénaire entame sa seconde vie. Sans famille. Sans travail. Énième coup du destin : Kevin Strickland a réinséré la société dans la peau d’un millionnaire. Non indemnisé par l’État du Missouri, il a récupéré la somme de 1,6 million de dollars, grâce à la collecte d’une campagne participative. Mais ce grand amateur de natation rêve d’autre chose. « J’aimerais ressentir le pouvoir de l’eau. Je crois que je peux surfer s’ils me sortent de cette chaise » assure celui qui n’a jamais vu l’océan de sa vie. Quelques brasses pour une liberté retrouvée.

Rayane Beyly

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Thierry Cellier : la justice à visage humain https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/thierry-cellier-la-justice-a-visage-humain/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/thierry-cellier-la-justice-a-visage-humain/#respond Sun, 07 Mar 2021 08:26:22 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11367 PORTRAIT – Le président du tribunal judiciaire du Havre, Thierry Cellier, a été nommé chevalier de l’ordre national du mérite le 1er janvier 2021. Le couronnement d’un parcours, riche et tourné vers autrui.   La rigueur du verbe choisi lui tient à cœur. Thierry Cellier, 61 ans, costume-cravate, président du tribunal judiciaire du Havre, une […]

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PORTRAIT – Le président du tribunal judiciaire du Havre, Thierry Cellier, a été nommé chevalier de l’ordre national du mérite le 1er janvier 2021. Le couronnement d’un parcours, riche et tourné vers autrui.  

La rigueur du verbe choisi lui tient à cœur. Thierry Cellier, 61 ans, costume-cravate, président du tribunal judiciaire du Havre, une voix pondérée, a de la concurrence. Une insatiable perceuse sévit de l’autre côté de la porte. Il poursuit, imperturbable. Ses mots trouvent leur chemin dans le dédale du vacarme ambiant. Dans son dos, une représentation de la baie de Sainte-Adresse du peintre havrais Raoul Dufy vient coiffer la pièce. Une note de couleur presque orpheline dans ce bureau d’une sobriété éloquente. Sur sa nomination au grade de chevalier de l’ordre national du mérite, il nuance : « Ça me fait plaisir. Mais pour moi, ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est le quotidien, c’est l’engagement, c’est le respect de soi et de ses valeurs. » 

« Un bon sens terrien »

Président de tribunal de grande instance par trois fois, à Moulins de 2012 à 2015, à Nevers jusqu’en 2018, puis au Havre, devenu tribunal judiciaire en 2020 en vertu de la loi de programmation et de réforme de la justice, Thierry Cellier a fondé son parcours sur l’écoute et le service du justiciable. Il revendique un « bon sens terrien » hérité de son enfance en Lozère. Son père, agriculteur, lui répétait que « la véritable profondeur ou qualité d’une personne se mesure à la façon dont cette personne traite les petites gens. » Cette maxime ne le quittera plus.

La robe ne s’est pas imposée de fait. Âgé de 25 ans, il vient à Paris par « souhait de travailler, d’avoir un emploi, d’être indépendant. » D’abord guichetier aux Poste et Télégraphe, c’est au travers du « hasard des rencontres » – notamment une amitié avec le vaguemestre de Paris X – qu’il embrasse, sur le tard, une carrière juridique. Passé par l’école nationale de magistrature après une licence de droit à Nanterre, Thierry Cellier appréhende, pendant près de vingt ans, « à peu près toutes les fonctions du quotidien » d’un juge.  

L’engagement comme gouvernail

Une affaire reste gravée dans sa mémoire. L’histoire remonte à 1993. Un médecin, Geneviève Pasquier, installée dans le Puy-de-Dôme, est assassinée par un de ses patients. Il se remémore. Sa voix ralentit. Les silences entre chaque phrase se font longs, presque lourds. Assesseur lors du procès, tenu en 1995, Thierry Cellier revit la scène : « Il est revenu dans la salle. Elle lui a dit : ‘qu’est-ce que vous faites là monsieur ?’ Il l’a regardée et lui a dit : ‘je suis venu vous tuer.’ La froideur. La froideur de l’acte m’a profondément marquée. »

Malgré l’effroi, il retiendra par-dessus tout l’ « engagement de cette formidable professionnelle ». « Ça [cette affaire] a conforté quelque chose que je pense depuis le départ : le ciment d’une société se construit sur tout le monde. » Il double la formule, comme un clin d’œil à la situation actuelle, mais aussi comme un hommage à tous ceux à qui il a dédié, et dédie encore, sa vie.

Une intime conviction  

Trois idéaux guident le président du tribunal judiciaire du Havre : proximité avec le justiciable, sens du service public de la justice, souci des personnels. Il assure néanmoins de son propre chef : « Ce n’est pas parce que vous êtes guidés par des valeurs profondes que vous arrivez forcément à les mettre en place et à les faire partager […] dire qu’on a mis en place quelque part une justice de proximité avec les gens, humaine et conforme avec ce qu’on pense au fond de soi, c’est très prétentieux. Si j’y suis arrivé à 30 ou 40% ce serait déjà bien. »

La philosophie, une de ses passions, l’épaule au quotidien. « Moi ça m’a aidé quand il y a eu des décisions très importantes à prendre dans le cadre de la loi programmation de la justice. Comment intégrer l’ensemble des personnels ? Comment agir afin que personne ne reste sur le bord du chemin ? » confie-t-il.

Il affirme que son rôle est de « rester humble et à l’écoute, d’être au courant de tout, de rester maître de lui-même, et de ne pas laisser poindre le moindre énervement. » Dans la foulée, il convoque avec parcimonie le philosophe français Vladimir Jankélévitch, qui disait sur ; seule option pour l’homme de robe, qui martèle l’importance de la « valeur travail », s’approcher un peu plus de son idéal de justice.

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VIENNE, Au Conseil des Prud’hommes : « Nous faisons face à un manque d’effectif » https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/vienne-au-conseil-des-prudhommes-nous-faisons-face-a-un-manque-deffectif/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/vienne-au-conseil-des-prudhommes-nous-faisons-face-a-un-manque-deffectif/#respond Sat, 21 Nov 2020 11:52:36 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=10544 Pas de confinement pour le Conseil des Prud’hommes de Vienne. La routine habituelle continue…ou presque. Au printemps dernier, la Justice avait été fortement ébranlée par un quasi-arrêt de son activité. Cul-de-sac pour les salariés, désemparés, en cette période inédite de crise sanitaire et économique. Pour ce second confinement, le service publique des Prud’hommes reste ouvert. […]

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Pas de confinement pour le Conseil des Prud’hommes de Vienne. La routine habituelle continue…ou presque. Au printemps dernier, la Justice avait été fortement ébranlée par un quasi-arrêt de son activité. Cul-de-sac pour les salariés, désemparés, en cette période inédite de crise sanitaire et économique. Pour ce second confinement, le service publique des Prud’hommes reste ouvert. Fanny Aliern, vacataire au secrétariat-greffe nous fait part de son quotidien.

Exit le télétravail pour le secrétariat-greffe, les deux greffières du service et le vigile. Lundi matin, le ronronnement familier des véhicules envahissait de nouveau le quotidien de Fanny : « Le télétravail est envisagé seulement pour les personnes à risque » explique-t-elle.  « Ce n’est pas possible dans le domaine de la justice de généraliser le télétravail, nous avons besoin d’échanger nos travaux entre collègues, nous avons énormément de dossiers, d’archives et d’envoi à faire. C’est toute une organisation entre les différents services qui nécessite d’être sur place. D’ailleurs, les audiences étant maintenues, il n’est pas possible de les organiser à distance ».

Une première journée post-confinement mouvementée

Ce lundi matin, c’est le premier jour de travail post-confinement pour Fanny. Et le COVID n’est pas en reste. Au bureau, tout est très calme. La première greffière est absente depuis quelques jours. La deuxième est absente également, cas contact depuis vendredi. Fanny ne le découvre que lundi : Un petit mot, une montagne de dossier à traiter, et une audience à organiser pour l’après-midi en urgence. « Les mesures pour le Conseil des Prud’hommes ne sont tombées que vendredi. Tout le monde était absent vendredi. Nous n’avons pu prendre connaissance que lundi matin des décisions prises suite à l’annonce du Président de la République. » 

Pas de répit, pour ce premier jour de travail post-confinement, avec une panne informatique qui plus est : pas de messagerie électronique, pas de téléphone. Face au bouleversement de planning sur son portable personnel, Fanny a du tenter d’arranger tous les emplois du temps pour ces audiences « appelées sur des horaires bien distincts pour éviter les regroupements dans les salles d’audiences ». Auparavant ouvertes au public, celles-ci sont à présent restreintes au strict minimum depuis mai : « pas plus de 5 personnes. Évidemment ça dépend de chaque tribunal dans leur manière de gérer le problème. »

Un manque d’effectif

« Il n’y a que deux greffiers et moi » déplore Fanny pour le service de Vienne. Un manque d’effectif, impliquant une charge considérable de travail en cas d’absence : « Lorsque l’une de nous est malade, il est difficile pour le reste de suivre. La deuxième greffière fait face à une charge de travail qui est doublée. Dans une période où la santé impact le travail, et donc irrémédiablement nous amène à poser des congés, le manque d’effectif se fait d’autant plus ressentir ». Aujourd’hui, avec seulement deux personnes sur trois, une seule parfois, le service peine à compenser la charge de travail.

Les demandes liées au COVID-19 ne sont, au conseil des prudhommes de Vienne, pas si nombreuses. « Il n’y en a pas tant que ça. Je fais face à beaucoup de particuliers qui se posent des questions sur leurs droits dans cette période d’incertitudes professionnelles, mais le processus pour mettre au Prud’hommes son employeur/salarié ou collègue est long. C’est composé de plusieurs étapes qui peuvent durer plusieurs années. » 

L’impact du COVID, encore tout nouveau, ne se verra que dans quelques années « Ce n’est qu’une fois que les statistiques des affaires de cette période seront enregistrées que l’on pourra réellement mesurer l’augmentation » concluait Fanny.


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