Liban Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/liban/ De la presse écrite au web Journalisme Fri, 19 Feb 2021 14:46:25 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Liban Archives | Master Journalisme - Gennevilliers https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/mot-clef/liban/ 32 32 Portrait – Najeeb Alshofe : l’espoir en exil https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/portrait-najeeb-alshofe-lespoir-en-exil/ https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/portrait-najeeb-alshofe-lespoir-en-exil/#respond Tue, 09 Feb 2021 10:41:47 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=11614 Najeeb, réfugié syrien, a reçu une réponse positive : il est autorisé à travailler et vivre en France

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Najeeb Alshofe, emprisonné et torturé à Damas quand il avait 24 ans, garde l’espoir. Dans cet immeuble gris pas loin des Halles de Lorient, le salon n’est pas digne d’un magazine de déco. Cet appartement est géré par une association mandatée par l’Etat. Qu’importe l’esthétique des lieux, Najeeb s’apprête à le quitter. Il n’est plus demandeur d’asile, il a reçu une réponse positive et est maintenant autorisé à travailler et vivre en France. 

Ce Syrien de 28 ans partage l’appartement avec plusieurs autres hommes majoritairement afghans. Najeeb leur adresse un sourire courtois mais il garde ses distances « j’utilise mon propre produit vaisselle », confie-t-il d’un air entendu. « Je ne leur dis pas que je viens d’une famille druze » une référence à sa religion, minoritaire en Syrie, et dont on trouve aussi des fidèles au Liban et en Israël. 

Son père, ouvrier à l’usine, a fait parti du Mouvement Nationaliste Arabe. Le gouvernement l’a emprisonné dans les années 70, puis relâché. Bien qu’ils soient souvent en désaccord idéologiquement, sa grande bibliothèque a donné à Najeeb l’amour pour la littérature et les histoires, réelles ou fantasmées. 

Dès 2011, Najeeb travaille dans une radio à Damas. Il y évoque les problématiques sociales des syriens. La radio est proche d’un parti politique Tayyar Syria, un parti de l’opposition.

Les prisons syriennes

Alors qu’il a 24 ans, Najeeb reçoit un mail du directeur de l’université qui le convoque au commissariat. Il est transféré dans la prison d’Adra, au nord-est de Damas. Tous les prisonniers sont mélangés, il n’y a pas uniquement des opposants politiques. Dire que cet endroit est surpeuplé serait un euphémisme. 7000 détenus y sont emprisonnés pour 2500 places (rapport de 2014).

En fixant droit dans les yeux sans détourner le regard, il raconte, sans s’arrêter. Il raconte la torture, il raconte les coups avec un tuyau vert. Plus flexible, il permet de frapper plus longtemps. Najeeb raconte les puces dans la prison, les quarante personnes dans des cellules minuscules. Au tribunal, son chef d’inculpation ? Il fréquente quelqu’un appelé « terroriste ».  Sa famille réunit de l’argent et parvient à le faire sortir.

Si ce grand gaillard se retrouve dans cet appartement lorientais à disposer des figues séchées dans des sachets bioccop et à blaguer sur son embonpoint, c’est parce qu’il a fuit son pays. Depuis, Najeeb est en exil. 

Le trajet de l’exil

Najeeb fuit au Liban. Il y reste un an, et y fait des démarches pour trouver un visa. Là-bas, il y est toujours reporter. Il couvre les problèmes sociaux des réfugiés à Beyrouth. Les réfugiés syriens représentent 20% de la population libanaise. Il réalise aussi des podcasts sur les affaires criminelles.

Najeeb est en contact téléphonique quasi permanent avec Ghias. Exilé de Syrie depuis une vingtaine d’années en Angleterre, cet homme plus âgé est vite devenu le pilier sur lequel il s’appuie. Militant des droits de l’homme en Angleterre, il parvient à trouver une bourse adressée aux journalistes. Quand Najeeb arrive en France en avion en 2019, Ghias agit comme un traducteur d’une culture française parfois difficile à saisir.  Ils ne se sont jamais rencontrés, mais Najeeb l’appelle parfois cinq fois par jour. Il vient d’une famille traditionnelle, où on respecte les codes. Alors certains détails lui échappent. Dans la famille française où il est accueilli à ses débuts à Rochefort-en-terre en Bretagne, parfois un membre se fait un thé et ne lui en propose pas. A-t-il dit ou fait quelque chose de mal ? Non, lui explique Ghias, ça veut juste dire que tu es considéré comme un habitant à part entière de la maison. 

Se projeter dans le futur

Najeeb voudrait que sa fiancée Zaina puisse le rejoindre en France. Ils se sont rencontrés dans l’immeuble où ils travaillaient à Damas. Elle est peintre et y vit encore. Ils étaient amis puis au cours de son exil, ils se sont soutenus par téléphone et sont tombés amoureux. Il essaie de grapiller des infos juridiques ici ou là pour la faire venir en France. Zaina trouve que c’est quelqu’un « d’incroyablement optimiste ».

Najeeb Alshofe déclare comme une évidence : « On ne prend jamais rien de positif de la torture et de la prison. Je ne peux pas transformer ça en positif. C’est impossible. » Malgré son sourire doux, il y aura toujours une part de lui restée là-bas dans la prison d’Adra à Damas. Mais il ne veut pas qu’on le voit comme un énième exilé. Alors il se plonge dans ses projets. Il a déjà commencé à écrire des petites histoires qu’il garde sur son téléphone. « Ces histoires sont inspirées de ma vie, mais c’est imaginé.» Najeeb raffole de Dostoïevski et du révolutionnaire poète et dramaturge égyptien  Naguib Surur. On disait de lui qu’il était impossible de le corrompre. Najeeb Alshore, lui, est avant tout un journaliste fin observateur du monde, et il est déterminé à le montrer. 

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Ayoub Karad : député Druze https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/ayoub-karab-depute-druze/ Fri, 15 May 2015 16:37:16 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=3023 CARNET DE VOYAGE Haïfa Alliés et ennemis: quand Israël construit son patchwork au cœur du Moyen-Orient. Par Anaïs Demont et Gaétan Raoul Après un passage par le plateau du Golan, nous accostons à Haïfa, cité magnifique, sinueuse et hétéroclite à près de quarante kilomètres du Liban. C’est dans cette ville portuaire, où la présence des […]

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CARNET DE VOYAGE
Haïfa
Alliés et ennemis: quand Israël construit son patchwork au cœur du Moyen-Orient.
Par Anaïs Demont et Gaétan Raoul

Après un passage par le plateau du Golan, nous accostons à Haïfa, cité magnifique, sinueuse et hétéroclite à près de quarante kilomètres du Liban. C’est dans cette ville portuaire, où la présence des dockers dès le début du XXe siècle a laissé une tradition syndicale et politique, que nous rencontrons un député impliqué dans les problématiques de politique étrangère.

Ayoub Karad est un député membre du Likoud, la droite nationaliste à la Knesset. Jusque-là rien de surprenant. Mais Karad est druze, un Arabe israélien. C’est une minorité originaire du Liban, de Syrie et présente en Israël majoritairement sur le plateau du Golan. Cette population a pour particularité d’avoir sa propre religion issue de l’Islam et des cultes perses et indiens de la région au Nord d’Israël. Les Druzes rejettent la charia qui ne leurs convient pas dans la pratique d’une religion hétérodoxe. Ils prônent à ce titre un Islam modéré.

Persécutés à maintes reprises, les Druzes ont cherché la protection du gouvernement israélien avec pour contrepartie de servir au mieux le pays. C’est pour cela que cette population intègre l’armée, c’est une obligation. Certains Druzes israéliens sont influents de par leur identité, leurs connexions avec le monde arabe et les pays voisins. C’est le cas d’Ayoub Karad.

Ayoub Karad, député druze

Ayoub Karad, député druze

Ce nom ne vous dit peut-être rien mais ici c’est un personnage à la longue carrière politique. Après des tractations au sein de son parti, il voulait faire valoir son identité d’Arabe israélien pour obtenir un poste ministériel. De son propre aveu, il visait le ministère du tourisme, pour établir des ponts avec l’Occident. Malheureusement pour lui Yariv Levin, un autre membre du Likoud, a finalement obtenu ce maroquin dans le nouveau gouvernement formé le 14 mai.

Les forces de l'ONU  - frontière israëlo-syrienne et libanaise

Les forces de l’ONU – frontière israëlo-syrienne et libanaise

Présent dans le précédent gouvernement Netanyahou, Ayoub Karad avait pour charge de négocier avec les gouvernements syrien et libanais. C’est donc en spécialiste du conflit syrien que Karad déplore l’inaction des gouvernements occidentaux envers ses voisins de cœur, les Druzes et les autres minorités menacés de tuerie de masse par les forces de Daesh et de Jabat Al Nosra.

Amer, son analyse du conflit syrien efface les espoirs d’une résolution rapide : «On en a encore pour dix ans d’affrontement, et ce sont les minorités qui vont en souffrir en premier. Plus de 1 000 personnes par jour sont tuées par les fondamentalistes » affirme-t-il. En avril dernier, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) décomptait pour sa part plus de 220 000 morts dont 67 000 civils tués par les terroristes et par le régime durant la totalité du conflit commencé en 2011 [1].

A tirer les ficelles des multiples conflits actuels du Moyen et Proche-Orient, l’Iran est désigné comme leur instigateur. Le député Ayoub Karab n’aura de cesse de pointer du doigt le pays comme l’ennemi principal d’Israël mais également de l’Europe et de l’Occident.

A ses yeux, le président Hassan Rohani ne fait aucune différence avec son prédécesseur controversé, Mahmoud Ahmadinedjad dont les propos prononcés durant son mandat appelaient à « rayer Israël de la carte ». Un an seulement après les élections iraniennes, Rohani affirme qu’il est sur le chemin d’une réconciliation avec l’Occident, par le biais des accords de Lausanne. Réelle tentative d’apaisement selon l’Iran, fine opération de séduction, selon Israël pour qui le fruit porte un goût amer. Le nouveau président iranien serait pour le pays un « loup déguisé en mouton », comme l’a affirmé Benyamin Netanyahou devant les membres de l’ONU, en octobre 2013.

Ayoub Karad est intarissable : la bombe nucléaire iranienne est à son avis une réalité qu’il est nécessaire d’affronter, un enjeu sécuritaire majeur pour Israël et pour l’Europe. Nul doute pour l’ancien représentant israélien au Conseil de l’Europe que la bombe iranienne puisse atteindre le continent européen. En ce jour de Shabbat, le message du député druze aux étudiants de Gennevilliers est catégorique : les jeunes journalistes ne doivent pas baisser la garde devant le nouveau visage de l’Iran. Un message utilisé comme un leitmotiv presque trop répétitif, d’autant plus lorsque cette thématique est au centre de la rhétorique de la peur, dont Benyamin Netanyahou collecte savamment les fruits durant les élections. Alors que Bibi se réinstalle pour un quatrième mandat à la tête du gouvernement, le peuple iranien a balayé l’an passé l’irascible Ahmadinedjad, preuve que les lignes peuvent bouger là où on ne s’y attend pas. Du point de vue européen, il faudra du temps, de la patience et des preuves pour ne plus considérer l’Iran comme un ennemi mais peut-être un jour, comme un interlocuteur valable.

D’un point de vue géostratégique, bien que plusieurs pays séparent le pays chiite d’Israël, la présence de l’Iran se situe également aux frontières, puisque le Hezbollah étend son influence dans le sud du Liban. Cette région reste à ce jour un terrain de crispation et amène Israël à renforcer la sécurité frontalière depuis plusieurs mois. Le spectre iranien semble également planer au-dessus du conflit syrien, pays frontalier d’Israël.

Rencontre avec Ayoub Karab

Doit-on y voir un hasard ? Le discours d’Ayoub Karad prend une signification particulière à Haïfa, ville qui porte encore les stigmates de la guerre de 2006 contre le Liban. De la véranda de l’hôtel, nous apercevons au loin la côte libanaise, zone potentielle d’affrontements dans les mois ou les années à venir. A l’issue du déjeuner, le député druze complète la liste des menaces probables à l’encontre d’Israël, en évoquant la position ambivalente de la Russie à l’égard du pays. Le président Poutine a annoncé vouloir vendre plusieurs missiles à son homologue iranien. Haïfa, ville multiculturelle à l’influence russophone significative, devient, le temps d’un repas et d’une rencontre, un carrefour stratégique, lieu idoine pour aborder les problématiques sécuritaires d’Israël.
[1] Cf : RTBF

Photos Bernadette Pasquier

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Le plateau du Golan, https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/le-plateau-du-golan/ Mon, 11 May 2015 11:09:35 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=2971 pierre angulaire du Proche-Orient Est CARNET DE VOYAGE Le Mont Bental Par Célia Coudret et Antoine Raguin       Sur notre itinéraire, le plateau du Golan, d’où nous avons pu percevoir à quel point ce lieu est un point stratégique de cette région frontalière entre Israël-Palestine, Syrie, Liban et Jordanie.         […]

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pierre angulaire du Proche-Orient Est

CARNET DE VOYAGE

Le Mont Bental

Par Célia Coudret et Antoine Raguin

 

Antoine Raguin

 

 

Sur notre itinéraire, le plateau du Golan, d’où nous avons pu percevoir à quel point ce lieu est un point stratégique de cette région frontalière entre Israël-Palestine, Syrie, Liban et Jordanie.

 

 

 

 

 

 

Plateau du Golan

 

Gil Perez Guide Palestinien

Gil Perez « Notre guide et fixeur »

 » Attention mine « , ce panneau en aura fait stresser plus d’un. À la frontière de la Jordanie, entre les mines soviétiques et les villages tenus par Daesh à quelques kilomètres, la tension est palpable. On saute sur notre paire de jumelles pour mieux observer ce qui se cache entre les vallons qui nous entourent. Tout en suivant notre guide et fixeur, ce  » tourisme  » nous paraît d’un genre… particulier. Avec un groupe de 22 personnes traversant le pays en bus, il est loin d’être question de reportage de terrain, et d’investigation en zone de conflit. Nous n’avons jamais été aussi proches de ce qui fait l’actualité chaude dans cette région frontalière. Le chauffeur n’est pas franchement à l’aise, mais le chemin se poursuit.

 

Avec un bref passage par le territoire palestinien dans la matinée, nous avons vu pas moins de cinq pays dans la même journée. Quelques kilomètres plus loin, nous sommes sur le plateau du Golan. Territoire syrien au regard du droit international mais annexé par Israël, il a été conquis durant la guerre de Six jours. Surplombant tout le territoire nord-israélien, il s’élève à plus de 1 000 mètres. Une terre fertile et cultivée s’étend devant nous. À près de 1200 mètres d’altitude, nous rencontrons deux casques bleus, soldats de l’ONU, un Norvégien et un Néo-zélandais. De leur point d’observation et munis de leurs longues-vues, ils surveillent les frontières entre Israël, Syrie et Jordanie. Encore aujourd’hui, et selon l’orientation du vent, il est possible d’entendre des tirs d’armes sur le territoire syrien où sévit l’organisation du front Al-Nosra.

 

Soldats_ONU

 

Du haut du plateau, nous voyons Israël et le lac de Tibériade, principal plan d’eau douce du Proche-Orient, et qui alimente en eau potable le territoire israélien. Pour Israël, pays en forte croissance dépourvu de grands fleuves et d’une pluviométrie suffisante, la maîtrise de l’eau est un enjeu majeur, d’autant plus que le partage de cet espace frontalier est tendu, avec certains pays voisins hostiles. La vue à 360° nous donne également à voir la Syrie à l’est et le Liban au nord. Le sud du Liban, frontière fermée avec Israël et où la population à minorité chiite proche des Iraniens, est sous autorité du Hezbollah.

 

Sous ce soleil, ce silence immense et la majesté du paysage, dur de croire que les tensions sont aussi vives et qu’un conflit peut éclater à tout instant.

 

 Photos : Celia Coudret – Bernadette Pasquier

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