Rencontres https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/sujet/israel-2015/rencontres/ De la presse écrite au web Journalisme Wed, 30 Sep 2020 19:38:25 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/wp-content/uploads/logo-CYU-1-1-150x150.png Rencontres https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/sujet/israel-2015/rencontres/ 32 32 Stéphanie Dassa, https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/stephanie-dassa/ Mon, 18 May 2015 15:19:22 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=3089 CARNET DE VOYAGE Israël  l’art de faire découvrir un pays compliqué à de jeunes journalistes Par Alev Yildiz Avant de regagner la France avec les étudiants du master, l’organisatrice de ce voyage d’études en Israël Stéphanie Dassa s’est prêtée au jeu de l’interview. Directrice des projets au Crif (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), […]

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CARNET DE VOYAGE

Israël

 l’art de faire découvrir un pays compliqué à de jeunes journalistes


Alev_YildizPar Alev Yildiz

Avant de regagner la France avec les étudiants du master, l’organisatrice de ce voyage d’études en Israël Stéphanie Dassa s’est prêtée au jeu de l’interview. Directrice des projets au Crif (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), elle nous parle de son travail, de ses ambitions et surtout, de son rôle très particulier auquel elle tient beaucoup.

C’est elle qui est en grande partie à l’origine du programme riche et varié que nous avons suivi durant ces onze jours. Stéphanie Dassa organise depuis six ans des voyages d’études pour les étudiants en journalisme centrés autour de la Shoah. Mais il y a trois ans, elle a commencé à voir plus loin et s’est mise à leur faire découvrir Israël et les territoires palestiniens, tout en restant dans son domaine de prédilection concernant les sujets de fonds.

« La situation ici est très changeante et même si les thématiques restent toujours à peu près les mêmes, je ne propose jamais deux fois des programmes identiques. Je m’oblige toujours à repenser la situation depuis le début et je m’interroge à la fois sur le contexte régional et international, pour savoir aussi quels sont les points de frontières intéressants à visiter lors des différents voyages », explique-t-elle.

Plusieurs projets, mais un seul et unique objectif

« Le fait de travailler assez régulièrement avec des journalistes me fait réaliser qu’en réalité, ces derniers n’ont jamais le temps d’approfondir certains points. L’actualité va catastrophiquement vite, et on n’a pas du tout le temps d’arrêter la machine », remarque Stéphanie. Ses projets partent toujours d’un seul et même constat, qu’elle évoque avec beaucoup de regrets, mais aussi avec un réel espoir de changer les choses.

« De manière générale, on retrouve des approximations de façon assez récurrente dans la presse. Les confusions et les amalgames sont beaucoup trop courants. Aussi bien sur les questions géographiques que sur le vocabulaire, les choses ne sont pas assez affinées ». Ce que souhaite l’organisatrice au final, c’est apporter suffisamment d’aisance et de contacts aux étudiants afin de de leur permettre de creuser certains sujets loin d’être faciles à traiter.

Et le fait de côtoyer des journalistes en herbe lui plaît : « Cela me fait beaucoup de bien d’entendre leurs interrogations car elles m’offrent un accès direct aux questions qui se posent au sein de la société française ». À travers les étudiants, c’est en quelque sorte une partie de l’opinion publique qu’elle perçoit. « J’ai besoin de ne pas rester dans le microcosme du Crif, avec des positions qui seraient très tranchées. Ce que je gagne en travaillant avec des jeunes étudiants, c’est d’abord une grande fraîcheur intellectuelle », ajoute-t-elle.

Un échange à double sens, puisque Stéphanie confie : « J’ai envie de vous donner cette capacité d’arrêter la machine, de vous poser, de regarder, d’écouter et d’avoir accès à plusieurs formes de narratif. C’est ce qui va vous permettre ensuite de situer un peu la complexité des choses. »

Israël, cette terre qui la fascine tant

Le lien qui unit Stéphanie à ce pays est d’abord familial. « Toute la famille de mon père était apatride quand elle a été expulsée d’Égypte et qu’elle est venue habiter ici, faute d’autres endroit » nous raconte-t-elle. Mais la directrice des projets du Crif éprouve par ailleurs un réel intérêt intellectuel et beaucoup de curiosité pour Israël : « J’ai fait des études d’histoire et j’ai aussi été documentaliste. Donc tout ce qui touche à des choses qui ont une forte propension historique m’interpelle énormément ».

Ce pays, qui fait à présent partie des leaders mondiaux sur les hautes technologies, elle souhaite en montrer la modernité ainsi que la vitalité économique : « En fait, cette émulation qu’il y a en Israël m’intéresse beaucoup personnellement. J’ai envie de montrer cette énergie créative et surtout, la capacité des gens à s’organiser eux-mêmes pour s’extraire de leur situation quotidienne, notamment grâce à de multiples associations de quartier ou municipales ».

Stéphanie a aujourd’hui 40 ans et elle travaille au Crif depuis plus de treize ans : « Le Crif a une place très ancrée dans la société française et dans le débat politique à tel point que parfois, certains se questionnent sur sa prétendue influence. Mais c’est un pur fantasme, car nous n’en n’avons pas plus que n’importe quel autre citoyen de ce pays. La situation est grave sur le plan de l’antisémitisme en France, mais elle n’est pas irrémédiable. Toute forme d’agression et de violence raciste doit cesser ».

« Notre grand projet pour les années à venir, c’est surtout d’essayer, tant que c’est encore possible, de bien recoudre le tissu social français qui s’est un peu déchiré », déclare-t-elle, toujours avec un grand optimisme.

 

 

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Charles Enderlin, https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/charles-enderlin/ Mon, 18 May 2015 10:23:00 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=3068 le correspondant français sans langue de bois   CARNET DE VOYAGE Jérusalem   Par Florian Guadalupe   Après une dizaine de jours passés au carrefour du Moyen-Orient, nous avons réalisé la complexité de ce jeune pays, que ce soit sur le plan géopolitique, culturel, religieux et social. Couvrir pour la France de telles problématiques est […]

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le correspondant français sans langue de bois

 

CARNET DE VOYAGE

Jérusalem

 

Florian GuadalupePar Florian Guadalupe

 

Après une dizaine de jours passés au carrefour du Moyen-Orient, nous avons réalisé la complexité de ce jeune pays, que ce soit sur le plan géopolitique, culturel, religieux et social. Couvrir pour la France de telles problématiques est un vrai défi. Nous, reporters en herbe, l’avons saisi lors de notre rencontre avec Charles Enderlin et sa femme, Danièle Kriegel, journaliste au Point.

C’est au Kibboutz de Jérusalem que nous avons pu échanger avec ce journaliste franco-israélien, grand reporter pour France 2 depuis 1981. Aux côtés de son épouse, il est revenu sur les difficultés qu’il peut avoir au quotidien. Être correspondant en Israël réclame un recul et une connaissance des différents vocabulaires. « Certains termes utilisés en France ne le sont pas en Israël » a expliqué le spécialiste du conflit israélo-palestinien. Pour parler des territoires occupés ou des colons, le gouvernement israélien utilise le terme de « territoires administratifs ». Le langage de la politique internationale favorise l’expression «  Cisjordanie » et non « Judée-Samarie ». C’est en fonction de l’emploi de ces mots que l’on se positionne à l’intérieur du conflit, Israël voulant convaincre les journalistes d’utiliser des termes qui lui sont favorables.

« Et il faut plus de suivi des actualités internationales par les rédactions parisiennes » a affirmé le vice-président de l’Association des correspondants de la presse étrangère à Jérusalem. Terminé le temps du correspondant en Israël qui proposait ses propres sujets aux télévisions de la métropole. Désormais, il se retrouve à capter des images dites « commandées », où le rédacteur-en-chef ne demande qu’une illustration ou un commentaire d’un sujet prédéfini depuis Paris.

EnderlinCharles Enderlin a souhaité revenir sur un événement qui a été un tournant dans sa carrière : la controverse de la mort de Mohammed al-Durah. En septembre 2000, un de ses reportages montre un enfant palestinien mort de balles israéliennes dans les bras de son père, lors de la seconde intifada. L’armée présente d’abord des excuses avant d’affirmer que les tirs venaient de la Palestine. Mohammed al-Durah ainsi que des personnalités pro-israéliennes, ont jugé que la séquence était mise en scène et ont ensuite poursuivi en justice le reporter de guerre. Riposte de France 2, la rédaction porte plainte contre X pour diffamation. La justice donne raison à France 2 et à son journaliste en 2013. Afin d’en finir avec cette histoire, le correspondant de Jérusalem sort en 2010 Un enfant est mort, un livre retraçant en détail la polémique.

À quelques mois de sa retraite, Charles Enderlin nous a offert une autre vision du journalisme en Israël, plus critique et plus complexe. Une pointure reconnue dans tout le Moyen-Orient, mais qui, par ses prises de position, ne s’est pas toujours fait des amis dans les deux camps du conflit. On ne fait pas ce métier pour être aimé.

 

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Ayoub Karad : député Druze https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/ayoub-karab-depute-druze/ Fri, 15 May 2015 16:37:16 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=3023 CARNET DE VOYAGE Haïfa Alliés et ennemis: quand Israël construit son patchwork au cœur du Moyen-Orient. Par Anaïs Demont et Gaétan Raoul Après un passage par le plateau du Golan, nous accostons à Haïfa, cité magnifique, sinueuse et hétéroclite à près de quarante kilomètres du Liban. C’est dans cette ville portuaire, où la présence des […]

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CARNET DE VOYAGE
Haïfa
Alliés et ennemis: quand Israël construit son patchwork au cœur du Moyen-Orient.
Par Anaïs Demont et Gaétan Raoul

Après un passage par le plateau du Golan, nous accostons à Haïfa, cité magnifique, sinueuse et hétéroclite à près de quarante kilomètres du Liban. C’est dans cette ville portuaire, où la présence des dockers dès le début du XXe siècle a laissé une tradition syndicale et politique, que nous rencontrons un député impliqué dans les problématiques de politique étrangère.

Ayoub Karad est un député membre du Likoud, la droite nationaliste à la Knesset. Jusque-là rien de surprenant. Mais Karad est druze, un Arabe israélien. C’est une minorité originaire du Liban, de Syrie et présente en Israël majoritairement sur le plateau du Golan. Cette population a pour particularité d’avoir sa propre religion issue de l’Islam et des cultes perses et indiens de la région au Nord d’Israël. Les Druzes rejettent la charia qui ne leurs convient pas dans la pratique d’une religion hétérodoxe. Ils prônent à ce titre un Islam modéré.

Persécutés à maintes reprises, les Druzes ont cherché la protection du gouvernement israélien avec pour contrepartie de servir au mieux le pays. C’est pour cela que cette population intègre l’armée, c’est une obligation. Certains Druzes israéliens sont influents de par leur identité, leurs connexions avec le monde arabe et les pays voisins. C’est le cas d’Ayoub Karad.

Ayoub Karad, député druze

Ayoub Karad, député druze

Ce nom ne vous dit peut-être rien mais ici c’est un personnage à la longue carrière politique. Après des tractations au sein de son parti, il voulait faire valoir son identité d’Arabe israélien pour obtenir un poste ministériel. De son propre aveu, il visait le ministère du tourisme, pour établir des ponts avec l’Occident. Malheureusement pour lui Yariv Levin, un autre membre du Likoud, a finalement obtenu ce maroquin dans le nouveau gouvernement formé le 14 mai.

Les forces de l'ONU  - frontière israëlo-syrienne et libanaise

Les forces de l’ONU – frontière israëlo-syrienne et libanaise

Présent dans le précédent gouvernement Netanyahou, Ayoub Karad avait pour charge de négocier avec les gouvernements syrien et libanais. C’est donc en spécialiste du conflit syrien que Karad déplore l’inaction des gouvernements occidentaux envers ses voisins de cœur, les Druzes et les autres minorités menacés de tuerie de masse par les forces de Daesh et de Jabat Al Nosra.

Amer, son analyse du conflit syrien efface les espoirs d’une résolution rapide : «On en a encore pour dix ans d’affrontement, et ce sont les minorités qui vont en souffrir en premier. Plus de 1 000 personnes par jour sont tuées par les fondamentalistes » affirme-t-il. En avril dernier, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) décomptait pour sa part plus de 220 000 morts dont 67 000 civils tués par les terroristes et par le régime durant la totalité du conflit commencé en 2011 [1].

A tirer les ficelles des multiples conflits actuels du Moyen et Proche-Orient, l’Iran est désigné comme leur instigateur. Le député Ayoub Karab n’aura de cesse de pointer du doigt le pays comme l’ennemi principal d’Israël mais également de l’Europe et de l’Occident.

A ses yeux, le président Hassan Rohani ne fait aucune différence avec son prédécesseur controversé, Mahmoud Ahmadinedjad dont les propos prononcés durant son mandat appelaient à « rayer Israël de la carte ». Un an seulement après les élections iraniennes, Rohani affirme qu’il est sur le chemin d’une réconciliation avec l’Occident, par le biais des accords de Lausanne. Réelle tentative d’apaisement selon l’Iran, fine opération de séduction, selon Israël pour qui le fruit porte un goût amer. Le nouveau président iranien serait pour le pays un « loup déguisé en mouton », comme l’a affirmé Benyamin Netanyahou devant les membres de l’ONU, en octobre 2013.

Ayoub Karad est intarissable : la bombe nucléaire iranienne est à son avis une réalité qu’il est nécessaire d’affronter, un enjeu sécuritaire majeur pour Israël et pour l’Europe. Nul doute pour l’ancien représentant israélien au Conseil de l’Europe que la bombe iranienne puisse atteindre le continent européen. En ce jour de Shabbat, le message du député druze aux étudiants de Gennevilliers est catégorique : les jeunes journalistes ne doivent pas baisser la garde devant le nouveau visage de l’Iran. Un message utilisé comme un leitmotiv presque trop répétitif, d’autant plus lorsque cette thématique est au centre de la rhétorique de la peur, dont Benyamin Netanyahou collecte savamment les fruits durant les élections. Alors que Bibi se réinstalle pour un quatrième mandat à la tête du gouvernement, le peuple iranien a balayé l’an passé l’irascible Ahmadinedjad, preuve que les lignes peuvent bouger là où on ne s’y attend pas. Du point de vue européen, il faudra du temps, de la patience et des preuves pour ne plus considérer l’Iran comme un ennemi mais peut-être un jour, comme un interlocuteur valable.

D’un point de vue géostratégique, bien que plusieurs pays séparent le pays chiite d’Israël, la présence de l’Iran se situe également aux frontières, puisque le Hezbollah étend son influence dans le sud du Liban. Cette région reste à ce jour un terrain de crispation et amène Israël à renforcer la sécurité frontalière depuis plusieurs mois. Le spectre iranien semble également planer au-dessus du conflit syrien, pays frontalier d’Israël.

Rencontre avec Ayoub Karab

Doit-on y voir un hasard ? Le discours d’Ayoub Karad prend une signification particulière à Haïfa, ville qui porte encore les stigmates de la guerre de 2006 contre le Liban. De la véranda de l’hôtel, nous apercevons au loin la côte libanaise, zone potentielle d’affrontements dans les mois ou les années à venir. A l’issue du déjeuner, le député druze complète la liste des menaces probables à l’encontre d’Israël, en évoquant la position ambivalente de la Russie à l’égard du pays. Le président Poutine a annoncé vouloir vendre plusieurs missiles à son homologue iranien. Haïfa, ville multiculturelle à l’influence russophone significative, devient, le temps d’un repas et d’une rencontre, un carrefour stratégique, lieu idoine pour aborder les problématiques sécuritaires d’Israël.
[1] Cf : RTBF

Photos Bernadette Pasquier

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Rencontre avec Ali Abu Awwad https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/rencontre-avec-ali-abu-awwad/ Fri, 08 May 2015 18:08:22 +0000 https://www.master-journalisme-gennevilliers.fr/?p=2865 CARNET DE VOYAGE  Beit Ummar Par Victoria Laurent Leading Leaders For Peace est une ONG palestinienne et israélienne pacifiste. Sa mission ? Améliorer le vivre-ensemble et la compréhension mutuelle entre juifs et musulmans, dans le respect de la non violence. Rencontre en extérieur, dans un jardin, avec son leader charismatique, Ali Abu Awwad : il dirige […]

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CARNET DE VOYAGE

 Beit Ummar

Par Victoria Laurent

Victoria Laurent

Victoria Laurent, étudiante en master 1

Leading Leaders For Peace est une ONG palestinienne et israélienne pacifiste. Sa mission ? Améliorer le vivre-ensemble et la compréhension mutuelle entre juifs et musulmans, dans le respect de la non violence. Rencontre en extérieur, dans un jardin, avec son leader charismatique, Ali Abu Awwad : il dirige l’organisation depuis Beit Ummar, en Palestine.

« Personne ne va nous aider, si l’on ne s’aide pas soi-même ». Des termes qui résonnent comme une introspection… C’est ainsi qu’Ali Abu Awwad nous a décrit le travail que chaque Palestinien et Israélien est supposé mener afin de parvenir à une solution tangible.

Né en 1972 avec le statut de réfugié de la ville Al-Qubayba, Ali Abu Awwad grandit dans une famille très politisée. Lors de la première Intifada, il rejoint le Fatah. « J’ai grandi dans un environnement qui favorise la haine et la colère », raconte Ali, assis devant cette maison de colon juif en compagnie de son ami israélien. Alors que le jeune homme n’a encore que 16 ans, il est arrêté avec sa mère par l’armée israélienne et passe quatre ans en prison. «  La peur du juif a toujours été entretenue chez les Palestiniens, et cela est même devenu une idéologie. » Il fait son éducation politique en prison, découvre Gandhi, Martin Luther King, mais il est rattrapé par la mort de son frère Youssef, tué d’un tir à bout portant par l’armée israélienne. Cela achève de faire d’Ali Abu Awwad un militant engagé. «  Je me demandais quel châtiment serait assez fort pour assouvir mon besoin de vengeance. Combien de mères israéliennes devraient encore pleurer la mort de leur fils ? D’ailleurs, je ne concevais même pas que des juifs puissent pleurer, vu ce qu’ils nous faisaient subir. »

Après plusieurs grèves de la faim, c’est là, dans les geôles israéliennes, qu’il trouve sa voie : «  J’ai alors rencontré mon humanité. Auparavant, je devais faire face à un conflit entre mon esprit, qui était profondément engagé, et mon cœur, qui souffrait au quotidien. Mais je savais que tuer des juifs ne me permettrait pas de sécuriser ma nation. »

 

Vers la création d’une association non-violente

 

En 1994, à la signature des accords d’Oslo, Ali Abu Awwad est libéré avant la fin de sa peine. Si les ONG sont très nombreuses à travers le pays, il considère que le conflit ne peut être réglé par des organisations surannées, qui ne sont pas présentes au quotidien sur le terrain et notamment dans les territoires. Aujourd’hui, l’association Leaders for Peace travaille main dans la main avec près de 70 ONG. Elle s’attache à combattre les préjugés en organisant par exemple des marches « Pour la paix » qui rassemblent Israéliens et Palestiniens.

 

Ali Abu Awwad

Ali Abu Awwad (à droite)

Interrompu par les chants du coq, il ajoute : «  A mon sens, le principe de non-violence est le meilleur catalyseur de nos colères et de nos peurs. Si la situation est complexe en Israël et en Palestine, la guerre est plus simple. Le problème c’est que la guerre participe à la victimisation de populations. »

Mais Ali insiste : « La majorité de la population est en faveur d’une solution non-violente, personne ne fait rien. » Pour lui, agir est une nécessité: « Etre musulman, c’est avant tout reconnaître le judaïsme et ça, nous ne devons pas l’oublier. Si la non-violence n’est pas une fin en soi, c’est un moyen de trouver des solutions et d’aller vers la résolution du conflit. Je la vois au plus tard dans trois générations. Le jour où nous trouverons des solutions, c’est lorsque la guerre coûtera moins cher que la paix. »

 

Crédit photo : Romain Badouard

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