CARNET DE VOYAGE

Visite du site archéologique de Beth Shean

Louise PluyaudPar Louise Pluyaud

Incroyable mais vrai, c’est sous la décharge municipale de Beth Shean, en Galilée, que dormaient les vestiges d’une des villes les plus anciennes d’Israël, et d’Orient.

 

C’est sous un soleil de plomb, suffoquant dans la chaleur aride, désespérément à la recherche d’un coin d’ombre que nous sommes arrivés dans la petite ville de Beth Shean. Le trajet en bus, le long de la vallée du Jourdain, n’avait cependant pas encore épuisé toutes nos forces et nous avions hâte de découvrir cet endroit qui, sur le programme, restait lacunaire. Une fois passé l’accueil, le site historique de Beth Shean s’offrait alors à nous, avec ses ruines monumentales, bijoux d’un passé lointain,si présent devant nos yeux. Des allées de colonnes à perte de vue, un théâtre antique en parfait état, un temple romain encore habité par les dieux, une agora byzantine chuchotante,… Toutes ces splendeurs de l’Histoire semblaient rejouer, face à nous, un spectacle commencé il y a plus de 6 000 ans.

Beth Shean 1

Pourtant ce trésor mythologique n’a été découvert qu’en 1927, par un groupe d’archéologues venus de Pennsylvanie, aux Etats-Unis. Les habitants n’avaient alors aucune idée de ce qui se cachait sous leurs pieds. Dans l’insouciance la plus totale, c’est là, par-dessus vingt couches de vestiges archéologiques s’étalant du IVè millénaire av. J. C. au XIXè siècle (fin de l’époque islamique), qu’ils venaient y déposer leurs poubelles. Beth Shean a en effet appartenu à différentes civilisations (gréco-romaine, byzantine, arabe). L’architecture hétéroclite en atteste, la ville n’a jamais été laissée très longtemps à l’abandon, notamment en raison de son emplacement stratégique. Elle se situe au carrefour de deux voies importantes : la route venant de Jérusalem se dirigeant vers le nord et la route provenant de la côte nord conduisant vers l’est jusqu’à la Transjordanie. Mais, en 747, un terrible tremblement de terre va mettre fin à ce jeu de superpositions et détruire le site qui ne sera finalement jamais reconstruit.

Beth Shean Israël Beth Shean 4

Aujourd’hui, quelques chats solitaires se sont réappropriés les lieux. L’air tranquille, ils s’allongent lascivement entre deux colonnes affaissées et narguent les touristes admiratifs devant autant de solennité. Nombreux sont d’ailleurs ceux qui visitent Beth Shean. David tient la boutique de souvenirs depuis 23 ans, chaque week-end il voit entre 800 et 1000 personnes envahir les lieux et s’installer dans les gradins du vieux théâtre pour admirer les spectacles de lumières.

Né dans cette ville, qui lui a offert le plus beaux des trésors, il a aussi participé à sa résurrection : « Nous creusons depuis des générations pour faire sortir de l’oubli cet incroyable musée à ciel ouvert. » Et ce travail herculéen n’est pas prêt de s’interrompre. L’œil rieur, il nous confie que sous sa boutique, ils restent encore une quantité de secrets d’histoire à divulguer.

 

Beth Shean 3

Photos : Romain Badouard