Autobiographie d’une lectrice d’Annie Ernaux

par | Annie Ernaux | 0 commentaires

Par : Joanna Thévenot, Alev Yildiz, Loïk Pertuiset, Pierre-Yann Mazari

 

Anne Coudreuse, écrivain et maîtresse de conférences à l’université Paris 13, évoque la relation toute particulière qu’elle entretient avec l’œuvre de l’auteure française.

Anne Coudreuse a choisi de parler au public d’Annie Ernaux dont la lecture a constitué un véritable tournant dans sa vie. Adolescente, elle découvre La Place, acheté par ses parents. Cet ouvrage, pour lequel Ernaux a reçu le Prix Renaudot, provoque chez Anne Coudreuse un écho à l’histoire de sa propre vie : elle-même avait du mal à communiquer avec son père durant son enfance.

Manquant selon elle d’une certaine légitimité pour parler de l’écrivain, cette experte de la littérature du XVIIIe siècle se dit à la fois « heureuse et effrayée » de participer à ce colloque. Elle explique qu’une étude sociologique est possible dans la lecture du roman La honte. La honte, un instrument de viagra in duitsland gratis te koop domination permettant un « travail sensible pour lire le monde et sa violence ». Entièrement formée par l’étude de Pierre Bourdieu, sa rencontre avec le sociologue a provoqué chez Anne Coudreuse l’envie d’une reconversion professionnelle : celle de devenir écrivain. Les livres ont « beaucoup compté » pour elle. Grâce à eux, elle a « mieux compris ce que pouvait représenter une violence symbolique en actes pour ceux qui la subissaient ».

« Personnellement impliquée dans l’œuvre » de l’auteure de Les Armoires videsAnne Coudreuse explique que l’écriture est « un moyen de contenir la fureur créée par la douleur et le malheur ». Après avoir lu La Place et Les Confessions du philosophe Jean-Jacques Rousseau, cette agrégée de lettres modernes est convaincue que l’œuvre autobiographique a une réelle valeur incitative, et doit donner envie au lecteur de « franchir le pas », d’écrire lui aussi son histoire, même « sans garantie esthétique du résultat ». Voilà pourquoi elle a pensé à l’hypothèse d’une réciprocité et s’est demandé si elle était prête à faire la même chose. Idée qu’elle a rejetée au profit d’une alternative qu’elle décrit comme « hétérobiographique », à l’époque même où elle choisit de publier sa nouvelle Cynisme.

Nietzsche disait que « le meilleur auteur sera celui qui aura honte d’être un homme de lettres ». Annie Ernaux raconte dans ses œuvres son « objectif » de « ruiner l’idée de littérature ». Des idées qui ont longuement interrogé l’auteure du roman Comme avec une femme sur l’écriture de soi. Avant de kamagra gunstig online bestellen terminer cette intervention, elle déclare : « Je ne sais pas si j’ai pu éclairer Annie sur ce que ses livres représentent. […] J’ai eu la chance de donner une dimension publique à ma reconnaissance ». L’ouvrage d’Annie Ernaux lui permettant de déchiffrer sa propre histoire, Anne Coudreuse explique être « passée de l’autre côté du miroir », évoquant le lien entre l’auteur et son lecteur. Installée au premier rang, Annie Ernaux lui lance alors un énigmatique « c’est pareil ! », provoquant quelques rires timides dans cet amphithéâtre sombre mettant à l’honneur ses années d’écriture.