Le milieu du journalisme sportif est en plein essor. Commentateur, présentateur, reporter… de nombreux étudiants en journalisme rêvent de ces postes si convoités. Mais la réalité du métier est différente et les places coûtent cher

Face à des voies bouchées, ils découvrent alors de nouveaux rôles inconnus du grand public, et pourtant nécessaires au bon déroulement d’une émission sportive. C’est le cas du responsable d’édition.
Dominique Sidiropoulos occupe cette fonction au bureau des sports mécaniques chez CANAL+

Quel a été votre parcours ?

J’ai fait un Master en langues. Ensuite j’ai intégré une des écoles de journalisme reconnues, l’IPJ (Institut pratique du journalisme de l’Université Paris-Dauphine, ndlr). Puis, j’ai enchaîné quelques contrats avant de passer par TF1 et Eurosport. J’ai rejoint CANAL en 2014.

En quoi consiste votre poste ?

Je suis responsable d’édition. Mon rôle est de préparer toutes les émissions en direct, en lien avec le rédacteur en chef et le présentateur. C’est la mise en image de toutes les émissions, une fois que les thématiques ont été déterminées. Par exemple, des images d’illustrations en montant des interviews. 

Cette partie est régie par un conducteur. C’est un déroulé ultra détaillé de l’émission minute par minute. Celui-ci permet à tout le monde, aussi bien aux présentateurs qu’aux équipes techniques, de savoir quel va être le déroulé de l’émission. Ça, c’est plutôt la partie préparation. 

Ensuite, mon rôle se poursuit en régie. Le chef d’édition est celui qui parle au présentateur dans son oreillette et qui le guide sur le déroulement de l’émission.

Comment se déroule une journée-type, par exemple un jour de Grand Prix ?

J’arrive à la rédaction environ 4 heures avant le premier direct : l’émission La Grille, qui précède la course. La préparation a déjà été faite la veille au soir après les qualifications, donc nous avons déjà une idée de l’architecture de l’émission. L’équipe affine la dernière version du conducteur, donc la version définitive de ce à quoi va ressembler l’émission. Nous préparons les derniers éléments, la validation des sujets, les dernières statistiques que nous allons pouvoir disséminer dans l’émission. 

Ensuite je vais en régie, environ une heure avant le premier direct. Nous faisons des répétitions pour s’assurer que toutes les connexions, vidéo et audio, fonctionnent. Puis vient l’heure du direct. Je reste en régie jusqu’au dernier rendu d’antenne. Une fois que La Grille est terminée, le Grand Prix commence et sauf imprévu, interruption ou abandon d’un pilote que nous pouvons avoir en interview en direct, la course nous sert principalement à préparer le debrief. Selon le scénario, nous élaborons une trame de ce à quoi va ressembler Formula One qui est l’émission qui a lieu juste après le Grand Prix. Nous n’avons pas le temps de la préparer aussi minutieusement que La Grille : c’est une émission de show et de direct. En général il n’y a pas de conducteur à proprement parler, nous adaptons le déroulé de l’émission au fil des interviews et des évènements.

Les métiers de l’édition, ce ne sont pas ceux dont on nous a parlé à l’école

Dominique Sidiropoulos

Est-ce que vos études vous ont préparé à ce métier ?

Non. Les métiers de l’édition, ce ne sont pas ceux dont on nous a parlé à l’école. Comme ce sont “des métiers de l’ombre”, ils ne sont pas forcément mis en avant lors de la formation. En général, ce ne sont pas vraiment les postes que l’on rêve d’occuper quand on commence sa carrière. C’est assez rare de penser à ces rôles-là. 

C’est surtout au fil des opportunités, en début de carrière, que l’on découvre tous les rôles que l’on ne connaissait pas forcément. Ce n’est pas comme celui du présentateur, du commentateur ou de l’intervieweur, qui sont les postes les plus évidents. En général, ce sont des opportunités qui se présentent, si nos supérieurs hiérarchiques nous sentent une fibre pour faire cela, par exemple. Donc on essaie, une fois. Si cela se passe bien, que cela nous plaît et que l’on a les compétences pour le faire, cela devient la suite logique.

Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer ?

Ce qui est le plus difficile sur ce poste en particulier, c’est que je suis le “chef d’orchestre” de la régie. Nous qui avons la particularité de travailler avec des gens qui sont souvent envoyés spéciaux sur site, cela entraîne des problématiques de communication. Le travail du responsable d’édition est de faire le lien entre ses équipes à Paris, donc toute la régie, les réalisateurs, les ingénieurs du son etc. et les envoyés spéciaux. Cela demande de rester calme et d’avoir une oreille partout, parce que nous parlons au présentateur, mais il y a aussi beaucoup de gens qui nous parlent pendant le direct pour nous donner des informations ou nous solliciter. Ce qui est compliqué c’est de rester le plus serein possible et d’avoir une vision de où l’on veut emmener l’émission.

Quelles sont les 3 compétences nécessaires pour occuper ce poste ?

-La rigueur, car c’est un métier dans lequel tous les détails comptent. Il y a beaucoup de problématiques différentes à gérer; il faut être très rigoureux et organisé.

-Le calme, ne pas se laisser submerger par la pression du direct et les aléas que l’on peut rencontrer.

-Être inventif, pour trouver des façons différentes d’alimenter notre antenne et ne pas être dans un “copié-collé” d’une émission à une autre. Il faut réfléchir à différentes façons de rendre nos contenus intéressants et instructifs.

Propos recueillis par Benjamin Benhamou