A Bois-Guillaume, ville limitrophe de Rouen, les marchands de journaux, considérés comme « commerces essentiels », continuent leur activité. Pour eux, ce nouveau confinement n’a rien de comparable à celui de mars.

Au-dessus de la porte d’entrée est inscrit en grande lettre couleur argent le nom du bar-tabac de Frédéric Lemaitre : Le Corona. Drôle de nom. Il suffit d’avancer un pas de plus et de baisser les yeux sur le côté pour remarquer que le stock de journaux est presque écoulé. Derrière le comptoir, il concède n’avoir « pas assez de recul » pour savoir si ce nouveau confinement va affecter ses ventes de presse. Nathalie Tiffay, gérante d’une librairie-papeterie-tabac établie quelques rues plus loin, partage ce constat : « il est trop tôt, on ne peut pas se rendre compte. »

Un premier confinement encore présent dans les mémoires

Les questions s’enchainent. Les réponses de Nathalie Tiffay, elles, portent instinctivement sur le « premier confinement », comme si celui annoncé mercredi 28 octobre par Emmanuel Macron n’en était pas vraiment un. Pour les points presse, la différence est en effet de taille. Selon l’ACPM, en mars 2020, la vente physique de L’Equipe a chuté de près de 15%, Le Figaro, lui, a connu une baisse de 6%.

Par manque de fréquentation, certains kiosques ont dû fermer entre mars et avril. La faillite de Presstalis, premier distributeur de presse en France couvrant 75% du territoire a également participé à ce climat d’instabilité. Frédéric Lemaitre explique qu’il a eu « des problèmes pendant les deux mois du confinement. Il y en [les journaux] avaient qui n’arrivaient pas, ça dépendait des jours. »

« Un confinement inexistant »

« Pendant le premier confinement j’étais fermé, […] je suis resté ouvert deux jours après le début du confinement, il n’y avait plus personne » raconte Jean-Luc Ferris, gérant d’un magasin de presse situé sur la zone commerciale des Bocquets à Bois-Guillaume. Le discours change quand vient le moment d’évoquer le confinement en vigueur actuellement : « Pour l’instant, on n’est pas trop mal. En ce moment, j’en [des journaux] vends un peu plus. »

Confinement ou pas, les habitudes sont maintenues et la vente de journaux va bon train. On est mercredi, un homme sort de l’établissement de Nathalie Tiffay, un exemplaire du Canard Enchaîné sous le bras. « On a des réguliers qui viennent chercher leur presse tous les matins. On a une clientèle assez âgée, ils ont l’habitude de prendre leur journal tous les jours. Ils viennent. Ils n’ont pas changé leurs habitudes » a-t-elle expliqué, avant de conclure : « Celui-là [le second confinement] pour moi, c’est un confinement inexistant. »