Positive au Covid 19, cette hôtesse d’accueil de 24 ans parle de son quotidien. Quelques jours avant d’apprendre les résultats de son test.

« J’ai pas réagi »

« Madame, Monsieur, les résultats de vos récentes analyses de biologie médicale (examen virologique) révèlent que vous êtes porteur du coronavirus » se souvient, Laya, bouche bée. Début octobre, l’hôtesse d’accueil apprend que l’une de ses collègues, Khadra, est porteuse du virus. Problème, Laya et Khadra ont déjeuné ensemble le week-end précédant l’annonce. « Sur le moment, j’ai pas réagi, je n’étais pas la seule à avoir passé des moments avec Khadra » confie-t-elle. Pourtant, la révélation de Khadra ne semble pas effrayée la startup, pour laquelle elles travaillent, qui continue d’exercer son activité. Sans aucune communication interne, les agents intègrent les locaux, saluent les hôtesses. Laya, ses trois collègues hôtesses et les deux vigiles qui passaient du temps avec Khadra, ne s’inquiètent pas. A ce moment, ils sont pourtant « cas contact ».

Laya se laisse portée quelques jours par la routine de son quotidien. Elle finit sa semaine. Sur ses jours de repos, cette maman d’un petit garçon de 4 ans, décide d’aller faire le test. Poussée par son conjoint, Laya se sent bien. « J’y vais juste pour rassurer ma famille » avoue-t-elle. Le lendemain, Laya retourne à son travail et passe sa journée avec ses collègues comme si de rien était. La vie a repris et les problèmes de Khadra ne sont plus qu’un lointain souvenir. Laya prend le métro le soir avec ses collègues qui s’amusent de la situation. Elles s’assoient les unes à côté des autres sans prêter attention. Pourtant, sans même le savoir, le compte à rebours est déjà lancé.

« Si tu l’as, on l’a aussi »

Laya revient le jour d’après, passe sa journée, plaisante avec ses collègues, parle avec les vigiles, sourient derrière son masque aux employés de la startup qu’elle croise dans les couloirs. A dix-huit heure, la vingtenaire diplômée d’un BTS assistant manager, en année sabbatique, prend sa pause. Elle consulte ses mails. Ce mail stipulant sa positivité au virus. Laya ne sait pas quoi faire « J’étais perdue » déclare-t-elle en ramassant ses longs cheveux noirs d’un coté de ses épaules. Laya remonte de pause et va voir sa responsable. « En plus demain, on a la visite du chef » lui répond, tout sourire, cette dernière. Laya naïvement lui demande ce qu’elle doit faire. « Tu peux rester. De toutes les façons, si tu l’as, on l’a aussi. » lui retorque la cheffe.

« Je veux pouvoir retrouver mes proches »

Elle prend l’initiative d’appeler son médecin. Paniquée, elle lui explique la situation, qu’elle est au travail, qu’elle a reçu des tests positifs. Devant la détresse de Laya, le médecin lui répond qu’elle peut finir sa journée si elle le souhaite mais qu’il va l’arrêter sept jours. Sa cheffe ne sait pas quoi dire. Une heure passe, Laya reprend son service ni vu ni connu. Après une discussion entre la cheffe des hôtesses et l’encadrant de la startup, Laya est, de nouveau, appelée. Sa supérieure lui demande de partir. « On n’est pas dans la merde » dit cette dernière en haussant les épaules. Laya s’en va. « Pas un mot de réconfort, elle a minimisé ma situation. Je me suis sentie déshumanisée » déclare l’ancienne étudiante, gênée.

Confinée depuis deux semaines, Laya tente de se rétablir. Ses symptômes oscillent entre fatigue, maux de ventre, de gorge et de tête. « Je n’ai pas les symptômes les plus contraignants » avoue-t-elle. Dans quelques jours, elle se fera à nouveau tester pour savoir si elle est guérie. « Je veux pouvoir retrouver ses proches » conclut-elle.

Photo : CC0 Domaine public