Depuis la première vague du COVID-19, on a vu des apparaître des articles, des déclarations de personnalités politiques en hommage au travail des employés des grandes chaines de distribution alimentaires. Pourtant, les écarts de salaire entre les dirigeants des entreprises et leurs employés sont toujours frappants.

« Les gens viennent dévaliser le magasin » s’amuse Sarah, hôtesse de caisse depuis un an chez Lidl.  La veille de l’annonce du confinement, le jeudi 29 octobre, le Lidl parisien dans lequel elle travaille a engrangé plus 100 000 euros de recette.  Sarah est en temps partiel imposé de 30 heures par semaine. Elle touche le SMIC. Tout comme les salariés des autres entreprises de grande distribution (soit 1219 Euros s’ils effectuent 35 heures). Ce n’est pas le cas de tout le monde. Le PDG de Carrefour Alexandre Bompard gagne 410 fois plus que le salaire moyen de son entreprise selon OXFAM.

Sarah effectue toujours le même travail qu’avant : « Le confinement ne change pas grand-chose, il y a juste plus de travail. » Pourtant, depuis la première vague de la pandémie, Sarah et ses collègues ont été plébiscités. « C’est grâce à vous que nous pouvons, tous ensemble, lutter contre le COVID-19. » avait posté Emmanuel Macron sur compte twitter, s’adressant à une caissière le 25 mars. C’était deux semaines après le début du premier confinement.

Le Président a exempté les entreprises de grande distribution de payer des cotisations sociales sur les primes versées aux employés. De nombreux articles sont apparus sur le fait que la « prime Macron » allait verser 1000 euros à chaque employé de grand magasin. En réalité, le montant maximum fixé est de 1000 euros, au bon vouloir de l’employeur. Le groupe Auchan a vu son chiffre d’affaire augmenter au cours du premier semestre 2020, y compris pendant le confinement. Le groupe a salué « l’engagement sans faille » des salariés. La famille propriétaire d’Auchan détient une fortune globale de 60 milliards d’euros. Pourtant, les enseignes n’ont pas versé la prime de 1000 euros à tous leurs employés. Lidl a déclaré verser 600 euros, ainsi qu’un chèque cadeau de 100 euros. Au sein du groupe Auchan, alors que beaucoup d’hôtesses de caisse sont en temps partiel, seules les personnes travaillant plus de 28 heures ont pu recevoir la prime de 1000 euros.

Sarah trouve que les clients sont d’autant plus stressés et agressifs depuis le confinement. « Mais ils faut les comprendre. La seule activité qu’il leur reste, c’est faire les courses. Ils sont sous pression. »

Les dirigeants des entreprises de grande distribution, eux, n’ont pas de quoi stresser.