Par Clémentine Spiler

L’économie participative ou « crowdfunding » s’est imposée depuis la fin des années 2000, notamment grâce à internet et aux réseaux sociaux. Source d’innovation sociale et d’entrepreneuriat, elle ambitionne désormais de servir l’écologie, à l’initiative de start-ups mais aussi de grands groupes énergétiques.

Enfant chéri d’internet et de l’anticapitalisme, l’économie participative a révolutionné nos modes de financement. Son principe : faire financer son propre projet par une communauté d’individus plutôt que par une banque. L’idée n’est pas nouvelle, mais a connu une croissance exponentielle avec l’arrivée d’internet, permettant aux projets les plus fous de prendre vie. Aujourd’hui, la tendance écologique simpose sur les plateformes de crowdfunding. Une évolution logique pour deux concepts qui valorisent l’altruisme. 

Economie de sensibilisation

Les nouveaux acteurs du crowdfunding écologique sont en majorité des start-ups cherchant à innover. Les moyens de transport propres, le tourisme éco-responsable, l’habillement écologique et durable… L’idée n’est pas seulement de faire financer son projet, mais aussi de donner l’occasion au citoyen de s’approprier l’innovation écologique et par là-même de le sensibiliser à l’urgence de ces mesures.

Les entreprises l’ont bien compris : l’économie participative tire sa force du web. Ces plateformes sont aussi des réseaux sociaux. Lorsque l’on paye, on adhère à une cause, on demande à suivre l’évolution d’un projet. L’investissement devient engagé, militant. Dans le cas de l’écologie, à laquelle il est si difficile d’intéresser investisseurs et grand public, le crowdfunding s’annonce être une solution révolutionnaire.

A tel point que même les grands groupes énergétiques rejoignent le mouvement. Engie, anciennement GDF-Suez et troisième mondial dans le secteur de l’énergie a lancé cet été Greenchannel.fr, sa propre plateforme dédiée au financement des énergies renouvelables. Son fondateur, Mathieu Dancre, annonce vouloir faire financer des projets à hauteur de 100 millions d’euros en 2016. Chaque donateur recevra des dividendes. Un crowdfunding de haut vol qui relève plus de la finance que de la générosité. Ce que beaucoup d’observateurs comme Terra Eco considèrent comme une manière « d’organiser la riposte ».

Levier politique

En effet, ces grands groupes ont du souci à se faire. Au niveau local, le crowdfunding pourrait devenir un acteur majeur du développement durable. Encouragé par le gouvernement actuel qui cherche à favoriser ces initiatives. Au 1er octobre, les lois encadrant l’économie participative ont été assouplies. La loi sur la transition énergétique devrait, quant à elle, permettre aux entreprises vertes de proposer aux habitants proches de leurs installations une part de leur capital.

De quoi offrir aux internautes et aux citoyens tous les outils nécessaires pour s’impliquer et pousser les géants de l’énergie à agir. Dans le contexte d’une sensibilisation difficile aux dangers du réchauffement climatique, le crowdfunding se pose comme l’un des leviers les plus efficaces pour éveiller l’opinion.