Confinement, déconfinement, nouvelle vague… La crise sanitaire inégalise les ventes de ce nouveau kiosque implanté dans le 17ème arrondissement de Paris. Pourtant, la presse continue d’attirer ses lecteurs selon Serge, débutant dans le métier. Rencontre.

Debout, derrière son comptoir, Serge salue les passants avec un large sourire. Et pour cause, ses plans de jeune kiosquier ont pris une tournure inattendue. Ancien agent de la RATP, il s’est formé au métier avant de s’installer dans ce nouveau kiosque, situé au cœur du 17ème arrondissement de Paris, rue de Tocqueville. Ce petit nouveau sur le marché a fraichement ouvert quelques semaines avant le premier confinement.  Il est resté le seul marchand de journaux ouvert dans le quartier en pleine épidémie.

Un succès inattendu pendant la première vague

Très vite, Serge a su créer sa clientèle en attirant jusqu’à 300 clients par jour. « Les autres kiosquiers ont pris leur droit de retrait » raconte-t-il. Ce jeune marchand a préféré continuer son activité, ne serait-ce pour créer un lien avec ses clients. En vendant ses meilleurs numéros, Le Figaro, Le Parisien, Le Canard Enchaîné, et une majorité de magazines orientés à droite, Serge parle et essaie de partager son sourire aux passants : « Beaucoup en ont besoin. Ce n’est pas évident quand on est seul » compatit-il.

« Ici, c’est tout ou rien »

Mais avec la crise sanitaire, les ventes deviennent rapidement inégales : « Beaucoup possèdent des maisons secondaires » témoigne le kiosquier. Parmi eux, des retraités qui, en temps ordinaire, constituent sa plus grosse clientèle. Avec le souvenir du premier confinement, les Parisiens revoient leur stratégie et s’évadent à la campagne lors de la seconde vague. Les actifs, eux, continuent de travailler pendant que leurs enfants retournent à l’école. Ces règles plus assouplies bousculent les ventes. Les jeux pour enfants et la presse éducative rencontrent un succès moins pertinent : « En mars-avril, il fallait s’occuper. Alors les gens lisaient la presse, abonnaient leurs enfants aux magazines…». Adieu Pomme d’Api, Mickey, Popi… Le besoin de distraction s’évade lui-aussi. « Ici c’est tout ou rien » confie Serge.

Un besoin de s’informer toujours constant

Le premier confinement dessine le meilleur succès de Serge. Le retour des activités et de la concurrence ont violemment impacté son chiffre d’affaires. Au printemps 2020, les week-ends rapportaient jusqu’à 1900€ par jour. Depuis le déconfinement, la barre n’atteint plus les 800€ : « c’est une perte énorme » reconnaît le jeune kiosquier. Toutefois, la presse ne fait pas grise mine.  Les clients épient les journaux et interrogent le vendeur : « Vous avez le Canard Enchaîné ? » demande une habituée. Le stock s’est épuisé en une matinée. Serge se réjouit presque de cette insuffisance : « Les gens ont besoin de s’informer ».

Malgré un chiffre d’affaires à la baisse, Serge continue de sourire. Le vendeur occupe une place stratégique, à l’entrée de la rue de Lévis, toujours très attractive : « Lorsque les gens partent faire leurs courses, ils s’arrêtent ici prendre la presse ». Toute la journée, jusqu’au retour des écoliers, Serge n’a pas une minute de calme. Les clients affluent à toute heure pour s’emparer du dernier Madame Figaro ou des quotidiens nationaux.  A 20h, le kiosque ferme ses portes. Il faut attendre le lendemain pour que Serge accueille sa clientèle avec le sourire, alors que les titres continuent d’afficher ce mot insupportable : « COVID -19 » .