Quatre ans après Trône, Booba, le patron du rap-game est de retour avec ULTRA. Un nouvel opus très spécial pour les fans puisqu’il s’agit du dernier album du rappeur. Après vingt-six ans de carrière, le Duc de Boulogne range les armes, prêt à naviguer vers de nouvelles contrées. Attendu comme l’apothéose d’une carrière riche et mouvementée, que vaut cet ultime disque ? On l’a écouté pour vous.

Sans forcer, le Duc assure

Il faut être clair d’entrée : l’album est plutôt bon dans l’ensemble. Les fans ne seront pas déboussolés et il n’y a rien à dire, Booba maîtrise son sujet avec ces quatorze nouveaux morceaux. Il reprend la formule qui a fait son succès et c’est efficace. ULTRA commence fort avec « GP », du pur Booba, sans autotune, une prod’ bien sombre et qui met tout le monde d’accord. C’est dit dès le début : la barre risque d’être haute. Les morceaux en solo s’enchainent puis arrivent les premiers featuring. Pour cette dernière, on attendait des grands noms, il faudra faire avec Maes, SDM, JSX, Bramsito, Dala ou encore Gato. Ce n’est pas très ragoutant mais force est de constater que cela fonctionne pas trop mal. Mentions spéciales à « Bonne Journée » avec SDM et « Mona Lisa » avec JSX, qui sont de belles surprises. « VVV », le featuring avec Maes fait, lui aussi, bien le boulot avec son rythme dansant et ses paroles entêtantes.

Comme une dernière sortie en mer, le chef des « ratpi » (« pirate » en verlan, NDLR) emmène ses fans dans un album finalement assez mélancolique et chantant. Booba semble apaisé et n’hésite pas à faire comprendre dans ses lyrics (et interviews promotionnelles) qu’il est lassé d’un rap-game qu’il survole depuis trop d’années. Mais convaincu de dominer la concurrence, « B2O » s’est un peu trop reposé sur ses acquis.

Pas de réelle surprise

Bien qu’il ne fasse aucun doute que Booba maîtrise son sujet, il ne sort cependant pas de sa zone de confort. Lorsqu’on écoute ULTRA, on a l’impression d’écouter une réédition de Trône avec des sons bonus. Plusieurs titres sonnent exactement comme ceux de son ancien projet. Ils ressemblent à des versions 2.0 sans effet de surprise et rendent l’expérience moins bonne. On a la sensation d’écouter du réchauffé. Notamment sur le morceau « Je sais » avec son piano-voix-autotune qui rappelle grandement « Petite fille » présent sur le précédent album et considéré comme une (petite) révolution à l’époque. Mais quatre années ont passées et ces sonorités n’ont plus rien de neuf. Cette impression de déjà-vu se retrouve dans plusieurs autres titres comme « Grain de Sable » ou « Dernière Fois ». Cela n’enlève en rien la qualités des morceaux mais il n’y a pas de révolution et pour le moment, aucun son de l’album ne semble faire le poids avec les anciens hits de Booba. Aux côtés de Trône, Nero Nemesis ou encore Ouest Side, ce dernier opus n’est pas à la hauteur de la carrière de celui que beaucoup considèrent comme le plus grand rappeur français de tous les temps. C’est dommage car il aurait pu finir en grandes pompes avec ce projet en forme d’adieux (même s’il a annoncé dans plusieurs interviews qu’il sortirait des morceaux de temps à autres).

Bien que certains trouvent cet album exceptionnel et que d’autres peuvent être déçus, il faut quand même rendre hommage à cet immense artiste. En vingt-six ans de carrière, Booba aura marqué l’histoire du rap et de la musique française dans son ensemble. Même si ce nouveau disque semble un cran en dessous, on en redemande déjà. Allez Élie, un dernier album pour la route ?

ULTRA, l’ultime album de Booba est disponible à l’écoute juste ici :